Origine des noms de villages
FANJEAUX
Fanjeaux
est un des hauts lieux historiques, religieux et culturels du Lauragais ;
c'est un village très ancien, de l'époque romaine.
Le toponyme se décompose en deux parties :
- fan : fanum. Un fanum est un petit temple rural de l'époque gallo-romaine.
- Jeaux vient de jovis par déformation, jovis : Jupiter, le dieu principal
chez les romains.
Fanjeaux signifie donc : " le temple de Jupiter ".
On relève les différentes formes de Fanjeaux sur des documents écrits dès 1150 : castrum de Fanjovis, Fanjos en 1184, en 1207 : Phanumjovis, en 1425 : Fanojovis, en 1565 : Fanjaulx, en 1781 : Fanjeaux, en occitan : Fanjaux. C'est donc par des déformations successives que du bas latin on aboutit à l'actuel Fanjeaux.
Fanjeaux a une histoire particulièrement riche ; c'est un haut lieu dominicain avec un certain Dominique qui fut curé de Fanjeaux de 1206 à 1214. Saint Dominique a habité la maison à côté de la petite place du Seignadou, et c'est à Prouille, au pied de Fanjeaux, qu'il a fondé en 1206 l'ordre des Dominicains. C'est ici, peut-être, que se déroula le célèbre " miracle du feu " immortalisé par les tableaux de Giotto au Louvre et Berreguete au Prado de Madrid. Fanjeaux est aussi un haut lieu cathare, résidence de l'évêque Guilhabert de Castres, avec une cinquantaine de familles nobles, toutes cathares.
En occitan, on écrit " Fanjaux, du bas latin Fanum Jovis " écrit Frédéric Mistral dans son Trésor du Félibrige. Il donne comme exemple " le drap de Fanjaus, drap (de laine) célèbre au Moyen Age " ; tellement célèbre que jacques Cur, au 15ème siècle, possédait un comptoir textile à Fanjeaux, c'est à dire un centre commercial et artisanal qui travaillait les laines abondantes et de qualité du Lauragais. Jacques Cur est un célèbre commerçant et financier international, trésorier du roi Charles VII (sorte de ministre des finances).
D'autre part, à Fanjeaux, une rue s'appelle : " la rue de la juiverie ", ce qui témoigne de la présence de commerçants et d'artisans juifs, sans doute au Moyen Age, avant leur expulsion du royaume de France par Philippe IV le Bel , alors que les comtes de Toulouse, toujours très tolérants, avaient des conseillers juifs ; le racisme a été introduit par la Croisade contre les cathares (1209 1229).
Explications données par Jean ODOL