Ma maison lauragaise
Quelques volets bleutés, ouverts comme des ailes,
et des pierres ridées par les veines du temps,
une rose trémière en route vers le ciel,
et un cyprès qui joue à éviter le vent.
C'est elle ma maison, occitane bien sûr,
elle où tous les oiseaux puisent un peu de couleur,
c'est elle dont les rires écartèlent les murs,
elle où le toit rougit aux rayons du bonheur.
Adossée au marais, comme prête à partir,
elle capture parfois le soleil en plein vol,
attendant que la brise lui permette de lire
sous la vase fourbue que repeint le vieux saule.
Devant elle, au repos, quelques objets d'antan,
vieille roue de charrette cisaillant l'horizon,
une nasse épuisée d'avoir piégé l'étang,
et ce puits étonné, avide de questions.
Allongé sur ma vie, j'écoute quelque rêve
et ces corbeaux qui crient pour attirer le soir,
je regarde ma terre, le noir qui se soulève,
qui de nous deux bientôt va parler de départ ?
Déjà, bien fatigué, mon porche sous la nuit
se cintre comme lune à l'œil de ma fenêtre,
ne reste en mon salon qu'une flamme qui luit
pour qu'ailleurs une étoile puisse la reconnaître.
Patrick Caujolle
Ce poème de Patrick Caujolle a été choisi en 2010 par Georges Moustaki qui lui a remis
le premier prix de Poésie Louis Amade.
|