Poèmes
Feu de bois
Voici le vieil âtre noirci
Qui plein de gaîté s'allume
En contemplant tout réjoui
La belle flambée qui l'enfume.
Délaissant la brindille qui se pâme
Et somnolente, trébuche,
Le feu vient déclarer sa flamme
A une grosse bûche
Qui lui tend son ventre rond
Entre chenêts et tisons.
Aussitôt, elle s'embrase
Et craque de plaisir
Sous la flamme qui l'enlace,
N'en finit pas de l'éblouir.
Alors de joie, le feu crépite,
La saisit à bras-le-corps,
Et plein d'ardeur, il l'invite
Pour danser, danser encor'.
Sous la chaleur de son étreinte,
La bûche se met à gémir,
Elle siffle, elle chuinte,
Cela ressemble à des soupirs.
Sous son écorce rude
Elle offre un coeur de braise
Au feu qui la consume
Et la fait rougir d'aise.
Il prend alors joyeux,
Pétillant d'allégresse,
Des élans audacieux
Dans ses jeux pleins d'adresse
Faisant jaillir en un transport,
Une pluie d'étincelle d'or.
Yvette Thomas
de Villefranche