Poèmes
LE CASSOULET DE CASTELNAUDARY
Il
trône, solennel, le prince de la table,
Captivant notre vue et tous nos sens ravis,
Familles et voisins par ses soins réunis,
Viennent pour déguster un mets si délectable.
Juste
sorti du four, craquelé, savoureux,
Son fumet odorant embaume la cuisine,
Camarade empressé d'une dive voisine :
Une vieille bouteille au bouchon poussiéreux.
Autour
de la « cassole » en terre vernissée,
Leur chair pleine de suc, des cuisses de canard,
Appellent notre envie et s'offrent au regard :
Le trouble du plaisir effleure la pensée.
Chaque
convive est là, venu pour le festin ;
Le propos est léger, l'anecdote fourmille,
On sert les haricots, la parole s'égrille
Devant leur succulence en chapeau de gratin.
Qu'ils
soient «lingot», «coco»
ou de nom plus modeste,
Dans leur robe pulpeuse, et leur ventre dodu,
Ils n'ont pas leurs pareils pour le gourmand vaincu :
Ce sont eux, les vainqueurs, les phénix de la fête.
De
la simple masure au fastueux château,
Ce plat convivial aux titres de noblesse,
Réunit à la fois l'aïeul et la jeunesse
Dans un bonheur joyeux qu'on se donne en cadeau.
Tel
est le cassoulet, des agapes complices
Qui par son art sublime atteint le Rubicon.
Digne de Rabelais, roi de la région !
Passant, arrête-toi pour goûter ce délice.
Mme
Suzanne BURGUES
Peyrefitte/l'Hers (11)