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Couleur Lauragais : les journaux

Interview

"Castelnaudary, un territoire en marche"

Patrick Maugard, maire de Castelnaudary, a le bénéfice d'une longue mandature. Elu pour la première fois en 1995, il ne réinvestit ces vingt dernières années que pour se projeter dans l'avenir. L'emplacement stratégique de la ville au sein du nouvel espace régional est au service d'un programme ambitieux déjà en œuvre en matière de développement économique et d'urbanisme. A la clé : un nouveau visage pour une ville emblématique du Lauragais, ambassadrice d'un certain art de vivre. Pour nous expliquer les défis qui se posent, Patrick Maugard se prête au jeu de l'interview aux côtés de Philippe Greffier, Président de la Communauté de communes Castelnaudary Lauragais Audois.

Patrick Maugard se prête au jeu de l'interview aux côtés de Philippe Greffier, Président de la Communauté de communes Castelnaudary Lauragais Audois

Quels sont les principaux facteurs d'attractivité économique du territoire de Castelnaudary ?

P. Maugard : «D'abord les qualités intrinsèques de notre territoire, puis une équipe et enfin un contexte. Depuis toujours, mon souci a été de donner un positionnement cohérent à Castelnaudary. Pour cela, nous pouvions nous appuyer sur un emplacement porteur, le long de l'autoroute, au carrefour de voies de communication, fluviale et ferroviaire. Sous l'impulsion de Georges Frêche, c'est d'ailleurs ici qu'a été créé le premier Parc Régional d'Activités Economiques au sein duquel nous nous apprêtons à accueillir la SOCAMIL, plateforme logistique n°1 en Europe. C'est en effet à Castelnaudary que le groupe Leclerc a choisi d'installer ce centre initialement implanté à Tournefeuille. Cette unité compte 500 salariés, l'investissement représentera 100 millions d'euros d'investissement, avec une surface de bâtiments de 100 000 m2. A la recherche d'une nouvelle implantation, la SOCAMIL a été convaincue par notre parc d'activités, son implantation, ses infrastructures et, plus globalement, notre territoire. Nous avons su transformer l'essai parce que nous sommes suffisamment aguerris, réactifs, en un mot prêts à accueillir une entreprise de cette envergure. Il faut savoir que le mouvement Leclerc va dans le même temps ouvrir sur place un centre de formation qui accueillera chaque année quelques uns de ses 8 000 salariés. Les commerçants de Castelnaudary devraient bénéficier de leur passage dans notre ville.»

Philippe Greffier : «Notre attractivité est également le fruit d'une diversification du tissu économique local. En effet, le parc réunit déjà un large panel d'activités, agroalimentaires mais pas seulement. La nouvelle économie prendra sa place grâce à l'arrivée prochaine de la fibre optique et déjà, notre pépinière d'entreprises accueille des start-up à très fort potentiel.»

Selon vous, est-ce la capacité à anticiper l'avenir qui fera la différence ?

Philippe Greffier : «A coup sûr à condition d'avoir toujours un coup d'avance. Aujourd'hui, nous anticipons les mutations de Castelnaudary y compris en matière d'enseignement. Notre offre d'enseignement général, technique et agricole doit permettre aux populations actuelles et à venir de trouver sur notre territoire de quoi développer les talents. Dans les trois ans à venir, nous investirons dans l'aménagement du futur lycée et dans celui du collège. Il faudra aussi très prochainement anticiper les besoins à venir en matière d'enseignement supérieur. Au total, ce sont déjà 300 millions d'euros d'investissements qui sont engagés pour concrétiser des projets de développement fondateurs : la réhabilitation de logements sociaux, la création d'un nouvel hôpital, l'arrivée de la fibre optique… Et ces projets vont nécessiter 2400 emplois, nous sommes donc pleinement dans l'idée d'un cercle vertueux, favorisé par un ratio habitant/emploi qui nous est favorable.»

Ces perspectives nouvelles sont-elles également à l'origine des importants travaux d'urbanisme en cours ?

P. Maugard : «Pour nous, le développement économique se mène de concert avec une politique d'urbanisme ambitieuse. Il s'agit d'offrir aux salariés et potentiels futurs salariés des conditions de vie, notamment de logement, attractives et de générer des retombées positives pour le commerce local. Nous procédons donc à des investissements fonciers et à la création de logements nouveaux qui seront commercialisés en collaboration avec les agences immobilières. Dans le même temps, nous menons une ambitieuse politique d'amélioration de l'habitat en centre ville sur le bâti existant, y compris les commerces qui doivent aujourd'hui se démarquer pour demeurer attractifs. Nous travaillons actuellement à la création de 100 logements et ce sont près de 1 000 qui sortiront de terre d'ici 15 ans. Nous misons également sur l'embellissement du cœur de ville à travers, notamment, le réaménagement de la Halle Verdun pour un montant de 1,5 million d'euros mais pas seulement. Nous souhaitons redéfinir le centre ville autour d'un périmètre plus large où l'espace Tufféry jouera un rôle-clé. A côté du pôle administratif qui accueillera la mission locale d'insertion, la MSA et la perception, nous allons créer 40 logements et implanter un cinéma qui devrait favoriser l'ouverture de nouveaux commerces. Cet espace va participer à l'ouverture du cœur de ville autant qu'à sa dynamisation.»

Dans un contexte national morose, quel bilan tirez-vous de la saison estivale 2016 ?

P. Maugard : «A Castelnaudary, la fréquentation est stable et la ville a pu compter cet été sur une bonne couverture médiatique: 11 minutes de direct à l'occasion du passage du Tour de France, des reportages sur France 3, TF1, France 2 ou encore BFM. Castelnaudary a même attiré des télévisions canadiennes et hollandaises qui ont découvert de nombreux aspects liés à son art de vivre. Mais là encore, il ne s'agit pas de se reposer sur ses acquis. En conséquence, nous lançons un projet d'extension du port s'élevant à 3,5 millions d'euros pour être capable d'accueillir plus de plaisanciers, tout au long de l'année, et notamment pendant la période d'hivernage. Le Canal du Midi est un vecteur majeur de développement pour notre territoire qui génère de substantielles retombées économiques.»

Philippe Greffier : «En outre, il faut préciser que notre Petit Bassin bénéficie depuis 7 ans du label Pavillon Bleu. Cette distinction reconnaît l'exemplarité du lieu en matière de protection de l'environnement, d'accueil, de qualité des services, d'accès au Wifi mais également de rejet des eaux. Chaque année, nous remettons en jeu cette distinction et mettons tout en œuvre pour rester à la hauteur et attirer toujours plus de visiteurs.»

La Fête du Cassoulet est un temps fort de l'été, comment s'est déroulée cette 17e édition ?

P. Maugard : «Castelnaudary demeure sans conteste la capitale mondiale du cassoulet, rappelons que 80% du cassoulet haut de gamme est fabriqué sur notre territoire ! Cette édition, comme les précédentes, s'est illustrée par l'attachement des chauriens à une manifestation unique en France. L'événement mobilise plus de 1 000 bénévoles locaux mais également des villages alentour. Cette année, la Ronde du Cassoulet, course de 8 km, a réuni 1 500 participants et nous avons eu le plaisir d'accueillir un artiste de renommée internationale, Yuri Buenaventura, pour le plus grand bonheur des festivaliers. Cette année la manifestation a attiré environ 50 000 personnes. Il faut dire que nous tenons à la gratuité totale de la manifestation : il n'y a pas de droit d'entrée, les concerts sont gratuits et chacun à la possibilité de consommer sur place. Au total, 15 000 cassoulets ont été servis ! On note par ailleurs que l'événement séduit toutes les générations, c'est avant tout une fête de terroir et l'occasion pour de nombreux foyers alentour de recevoir familles et amis pour vivre ensemble un rendez-vous désormais incontournable.»

Quelles ont été les spécificités de cette nouvelle édition ?

P. Maugard : «Malheureusement, 1 mois et 8 jours après les attentats de Nice, cette 17e édition s'est distinguée par les efforts mis en œuvre pour garantir un maximum de sécurité aux festivaliers. Il nous a fallu décider, dans un laps de temps très court, du maintien de la fête autant que du dispositif à adopter. C'est une décision très lourde de conséquence mais la volonté d'aller de l'avant l'a emporté. Nous avons donc mis en place un périmètre de sécurité sans voiture et recentré la manifestation autour de trois espaces.»

Philippe Greffier : «J'ajoute que même si nous avons peu de temps pour expliquer ces changements aux chauriens, ils ont globalement bien réagi et nous allons donc étudier la possibilité de le pérenniser.». Enfin les certaines nouveautés, imposées par les contraintes de sécurité ont été de vraies réussites, à l'image de la piétonisation de la fête, et du positionnement d'une scène en bas du Cours de la République."

Pour conclure, alors que les contours d'un nouvel espace régional se dessinent, quelle place entendez-vous donner à Castelnaudary ?

P. Maugard : «Notre volontarisme en dit long sur nos ambitions. Castelnaudary a un potentiel de développement avéré et je n'ai aucun doute sur le fait que la ville et, avec elle, l'ensemble de notre bassin de vie, prendra naturellement sa place au sein de la région Occitanie. Cette nouvelle entité à laquelle je crois profondément va être un levier extraordinaire pour notre territoire parce que nous avons su anticiper certaines mutations. En effet, comme expliqué précédemment, notre positionnement est le fruit d'une stratégie mûrement réfléchie, tournée vers la diversification du tissu économique local et la création d'outils pérennes de développement. »


Couleur Lauragais n°186 - Octobre 2016