Histoire Histoire du Chemin de fer d'intérêt local de Toulouse à Revel Nous avons déjà évoqué dans de précédents numéros de Couleur Lauragais le train noir, ce petit tortillard qui serpentait le long des coteaux du Lauragais dès le début des années 1900 entre Toulouse et Revel. Mais voici qu'un collectionneur du Lauragais débusque sur un site de vente en ligne l'hiver dernier une liasse de documents inédits sur l'histoire de la création de notre petit train, des cartes, des profils en longs, des dessins d'ouvrages d'art, des affiches, enquêtes, expropriations et autres documents que l'on croyaient perdu à tout jamais, plus de 300 documents manuscrits originaux. Voici un extrait d'un des documents qui sera présenté lors d'une exposition inédite du 11 au 14 octobre 2016 à la salle polyvalente de Lanta.

Extrait du Projet de Traité, rapports des ingénieurs du chemin de fer de Toulouse à Revel, daté du 12 décembre 1881.

Avis de l'ingénieur en chef :
L'ingénieur en chef soussigné adhère aux considérations développées dans le rapport de M. Hivonnait. Il fera seulement observer que la loi du 11 juin reste muette sur la forme dans laquelle doit avoir lieu l'enquête prescrite par l'article 2. Il pense dès lors, qu'il convient de faire cette enquête conformément aux prescriptions de l'ordonnance du 18 février 1834, ce qui dispensera de procéder à une nouvelle enquête quand il s'agira de provoquer le décret de déclaration d'utilité publique.

Rapports des ingénieurs, après la mise à l'enquête :
La demande de concession d'un chemin de fer d'intérêt local entre Toulouse et Revel, fait par MM. Chanal et Gèze, a été soumise à l'enquête prescrite par l'ordonnance du 18 février 1834 et par l'article 2 de la loi du 11 juin1880, accompagnée du projet de convention, du cahier des charges de la concession, et de diverses pièces composant un avant-projet sommaire.

La commission d'enquête a fait un relevé détaillé des délibérations des conseils municipaux intéressés, des observations déposées à l'enquête, et a donné un avis motivé duquel il résulte :
1) Que l'utilité du chemin de fer projeté est unanimement reconnue sous la réserve du tracé à déterminer ;
2) Que le tracé « vermillon » qui suit la vallée de la Saune jusqu'au village d'Aigrefeuille, pour se diriger ensuite sur Lanta, a réuni le plus grand nombre d'adhésions, tant des Conseils municipaux que des membres de la Commission ;
3) Qu'il y a lieu de presser l'exécution du chemin de fer de Toulouse à Revel, qui doit donner satisfaction à de nombreux intérêts ;
4) Qu'il convient d'accorder la concession de ce chemin de fer à MM. Chanal et Gèze, qui ont déjà fait des sacrifices pécuniaires pour le succès de leur projet.

M. le Préfet a enfin consulté la Chambre de Commerce de Toulouse, qui a approuvé la concession, en réservant toutefois son avis sur le choix du tracé définitif.

Des résultats de l'enquête on ne doit retenir pour l'instant que ce fait : le chemin de fer d'intérêt local entre Toulouse et Revel est unanimement réclamé ; le tracé par ou près Lanta, Caraman, Auriac et Saint-Julia est presqu'unanimement approuvé. Le cahier des charges annexé au projet de convention est, en effet la seule pièce qui liera le Conseil Général et les pétitionnaires d'une façon définitive, et l'article 1er stipule uniquement que l'on concède un chemin de fer d'intérêt local passant par ou près Lanta, Caraman, Auriac, Saint-Julia, Montégut et Revel ; comme les divers tracés proposés satisfont tous à cette condition, il est inutile de décider d'ores et déjà quel sera le tracé définitif. Le Conseil Général ne pourra faire un choix judicieux que lorsqu'il aura sous les yeux des études comparatives faites avec soin et faisant entrer en ligne de compte les dépenses de premier établissement et d'exploitation ; il examinera alors utilement les divers avis exprimés à l'enquête. En conséquence, l'enquête étant favorable à la concession d'un chemin de fer d'intérêt local de Toulouse à Revel demandée par MM. Chanal et Gèze, nous maintenons les conclusions de notre précédent rapport en date du 10 décembre 1881. L'ingénieur ordinaire, P. Hivonnait

Avis de l'ingénieur en chef :
Dans l'enquête sur la demande de concession de chemin de fer d'intérêt local de Toulouse à Revel, on a été unanime pour reconnaissance de l'utilité de l'entreprise. Les avis n'ont été partagés que sur le tracé à adopter. Mais ainsi que le fait judicieusement remarquer M. l'ingénieur Hivonnait, le moment n'est pas venu de discuter cette question. On n'a pas, en effet, les éléments d'appréciation nécessaires pour se prononcer. Sans doute, on peut, dès à présent, prévoir que le tracé par la vallée de la Seillonne, désigné dans l'enquête sous le nom de tracé n°3, sera celui qui présentera les meilleures conditions ; mais avant de prendre une décision à cet égard, il convient d'attendre que des études comparatives aient été sérieusement faites, ce qui ne peut être qu'après que la concession aura été accordée.
Si le Conseil Général veut entrer dans cette voie, il suffit qu'il décide que le chemin de fer concédé de Toulouse à Revel, passera près ou par Lanta, Caraman, Auriac, Saint Julia et Montégut.
Seulement il ne doit pas se dissimuler que les chiffres donnés sur le trafic et les dépenses d'exploitation ne reposent pas sur des données certaines et que, par suite, ce n'est que très approximativement qu'on peut indiquer les sacrifices annuels qui résulteront, pour le département, de la réalisation de ce railway. On ne saurait, de même, assigner une durée limitée à ces charges. La contrée desservie étant seulement agricole, il n'est pas à présumer que le trafic atteigne, du moins de longtemps, une importance sérieuse.

Toulouse, le 3 avril 1882.
L'ingénieur en chef, Vidalot.

C'est le tracé n°1 (rouge) qui sera finalement adopté pour la ligne de chemin de fer Toulouse Revel

Textes, documents, photos sont issus de la collection privée de Mr Jérôme Salles, Caraman