Balade en Lauragais Sud-Est
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CASTELNAUDARY - NAUROUZE
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Naurouze
Naurouze est un lieu géographique marquant. Le Col de Naurouze à 201 mètres d'altitude est le point culminant sur l'important axe de communication : autoroute «Des Deux Mers». Il se situe au coeur du Lauragais et relie le Haut-Languedoc vers Toulouse et l'océan Atlantique, et le Bas-Languedoc vers Carcassonne et la mer Méditerranée. Il est la pierre angulaire du projet de construction du canal du Midi de Pierre-Paul Riquet. C'est en effet le point le plus élevé du parcours (bief de partage), qui nécessite un apport en eau continu pour alimenter le canal.
L'ingénieur Riquet a l'idée de récolter les eaux de la Montagne Noire et de les amener jusqu'au seuil. Il fait construire le lac de Saint-Ferréol près de Revel et la rigole de la plaine qui amène l'eau depuis le lac jusqu'au canal au seuil de Naurouze. Initialement, un bassin octogonal avait été aménagé à Naurouze. Les projets de Riquet étaient très ambitieux. Il espérait bâtir une ville sur cet emplacement et envisageait déjà un port. Trop souvent ensablé et devenu inutile, le bassin a été très vite abandonné, et presque entièrement comblé. Une pelouse le remplace. Elle est traversée par un chemin rectiligne bordé de platanes.
Allée de platanes bi-centenaires - crédit photo : Couleur Média
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Les deux parties du canal aboutissaient au bassin de Naurouze par deux écluses : l'écluse de l'Océan et l'écluse de la Méditerranée. Quand le bassin fut abandonné, on creusa le bief de partage et les écluses de l'Océan et de la Méditerranée furent reportées plus loin.
Ecluse de l'océan - crédit photo : Couleur Média
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Le moulin de Naurouze, situé à l'extrémité aval de la Rigole de la plaine, est le premier moulin à voir le jour en 1670. Il utilise les eaux de la Rigole. Attaché à la propriété du canal, il est transformé en minoterie en 1832 et fonctionnera jusqu'en 1985.
En 1825, les héritiers de Riquet firent ériger un obélisque au seuil de Naurouze pour marquer la symbolique du lieu. Le gros œuvre de l'obélisque de 20 mètres de haut, construit avec de la pierre venue de Villegly, par le canal fut terminé le 30 septembre 1826. La base du piédestal est ornée de plaques de marbre. Côté sud, une naïade déverse de l'eau, qui se divise en deux branches, coulant dans des directions opposées, le dieu Neptune veille sur le versant océanique et la déesse Vénus sur le versant méditerranéen. Côté nord on peut voir les armes de Riquet, surmontées de l'effigie de Riquet supportée par Minerve déesse de la sagesse et des arts et par Mercure dieu du commerce.
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CASTELNAUDARY - le grand bassin
En suivant les quais du port bordé d'anciens entrepôts, le vieux pont en dos d'âne (début du XVIIIème siècle) ouvre sur le Grand Bassin creusé par Pierre-Paul Riquet. Vaste et magnifique plan d'eau de près de 7 hectares et de 1800 mètres de tour, il s'impose au pied de la cité. Avec la petite île verdoyante de la Cybelle aménagée en 1754, ce bassin accueille de très nombreux bateaux et des chantiers de réparation (bassins de radoub). Depuis l'origine, il est prévu pour alimenter et réguler l'eau pour les écluses en aval. Présent depuis plus de trois siècles au pied de la cité chaurienne, il en est le miroir. Il a trouvé naturellement sa place au «pré de l'étang». On sait pourtant que le tracé originel du canal évitait Castelnaudary. Ce n'est qu'en 1670, alors que les travaux étaient déjà entamés, que la décision de dévier le cours du canal a été prise. La communauté ne devait pas regretter ce changement de trajectoire.
Près d'un siècle plus tard, en 1755, un plan, signé par Mr Serres, envisage la possibilité de supprimer le plan d'eau. Il n'aurait alors subsisté qu'un élargissement du lit. Fort heureusement, un autre projet a été retenu, avec l'aménagement du pourtour, et la création de l'île de la Cybelle protégeant les barques des vagues. La construction du nouveau chemin de Castelnaudary à Mazères (vers le sud-ouest) conduit à des réaménagements de la ville. En 1783, un projet de modification du tracé du canal et de construction d'un nouveau pont est étudié pour les besoins du commerce. Les travaux débutent en 1786 pour s'achever en 1791. La construction de ce chemin permet à la ville de se doter d'un nouveau port, du pont neuf et d'une grande avenue : actuel cours de la République.
Après avoir connu une grande activité, le Grand Bassin représente un intérêt emblématique et unique sur le canal du Midi. Il est devenu un lieu de détente, avec ses attractions (joutes ou feux d'artifice...), et constitue la promenade favorite des chauriens.
La communauté de communes Castelnaudary-Lauragais audois a lancé fin 2015 un grand projet d'aménagement global autour du Grand Bassin. Il s'agit de poser des pieux sur lesquels repose un ponton de près de 300 mètres de long, là où le quai est trop étroit, afin de faciliter le cheminement piétonnier autour du grand bassin, de la rénovation du patrimoine, l'aménagement de la voirie et des aménagements paysagers. |
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L'écluse de saint Roch
Le pont Saint-Roch, construit au XVIIème siècle (entièrement reconstruit de nos jours), débouche sur un ensemble monumental d'une grande qualité. Un «escalier d'écluses», unique ouvrage sur toute la longueur du canal, quatre sas ou bassins d'écluse successifs en forme d'ellipse, permettant aux bateaux (de 30 mètres) de franchir un dénivelé (ou chute) de 9,50 mètres. Certains anciens bâtiments, de part et d'autre de ce beau monument hydraulique, sont encore utilisés. L'ensemble, sous un tunnel verdoyant formé de platanes plus que centenaires, fit dire à Thomas Jefferson venu naviguer sur notre Canal Royal au mois de mai 1787 : « ...vu du haut des écluses, bordé par deux haies de platanes, le Canal ressemblait à s'y méprendre à Versailles... ».
L'écluse tire son nom de la chapelle Saint Roch construite au XVIème siècle par la confrérie de Saint Roch chargée de soigner les lépreux à cet endroit hors des murs de la ville. Deux moulins furent élevés en 1680 sur la rive droite de l'écluse afin de profiter de la chute d'eau. A proximité de l'écluse Saint Roch on distingue toujours la présence de l'un des cinq moulins à vent qui bordaient la rive gauche depuis la Renaissance.
L'utilisation des cordes est indispensable pour la traction des bateaux et l'amarrage des cargaisons. Le matériau principalement utilisé alors reste le chanvre. Castelnaudary a développé une spécialité de fabrication de cordes en lien avec l'activité de construction des barques. Un contrat est passé avec un cordier pour une durée de trois années. En 1830, l'administration du canal autorise contre redevance l'installation d'un cordier dans un local attenant à la maison éclusière de Saint Roch. Le cordier passe ses journées sur les bords du canal, marchant à reculons en tressant ses cordes. Les cordiers de Castelnaudary ont disparu au début du XXème siècle avec l'arrivée des cordes de fabrication industrielle. |
Le lac de la Ganguise (ou retenue de l'Estrade) est un lac de barrage de 500 hectares situé dans le département de l'Aude sur les communes de Belflou et Gourvieille, entre Salles sur l'Hers et Naurouze. C'est la Compagnie du Bas Rhône Languedoc (BRL) qui a construit le barrage puis les travaux actuels, avec pour premier objectif l'irrigation et l'arrosage des cultures de la plaine Castelnaudary-Bram, c'est donc à l'initiative des milieux agricoles audois que la Ganguise a été aménagée. L'alimentation se fait par les eaux de ruissellement concentrées dans le ruisseau Ganguise coulant sur le versant atlantique. C'est un affluent de l'Hers mort. Son faible débit est pallié par les eaux de la Rigole de la Montagne Noire qui, depuis Naurouze, sont refoulées vers le Sud, vers la Ganguise. Des stations de pompage ou de refoulement sur des conduites enterrées permettent à «l'eau de la Montagne Noire d'entrer dans la Ganguise», comme l'écrivait le journal Midi Libre, le 24 novembre 1979. L'ouvrage a été commencé en octobre 1977 et achevé en décembre 1979. Il s'agit d'un barrage-poids en terre d'une longueur en crête de 410 mètres, largeur en crête : 7 mètres, à la base 160 mètres, altitude du couronnement : 232 mètres. Le noyau est en argile et limons étanches et recharges marno-gréseuses. En 2004-2005, des travaux ont surélevé la digue de 6 mètres, portant ainsi la capacité de stockage de 22 millions à 42 millions de m3.
C'est un splendide plan d'eau avec une couleur bleue unique : bleu Ganguise. Une base de loisirs départementale est aménagée pour la pratique de la voile et la planche à voile par les écoles, séjours scolaires, associations sportives (ou non sportives) et colonies de vacances. Il est apprécié des véliplanchistes pour ses vents continus et réguliers et sa taille assez importante. Les rives sont aménagées pour les randonnées, des aires de pique-nique sont présentes autour du lac. La pratique de sports comme le canoë, le VTT, le paddle et le pédalo y sont aussi possible. |
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BRAM
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Le pouvoir religieux au Moyen-âge encadre les modes de vie et de pensée. Les églises deviennent alors des édifices structurants du paysage autour desquels se regroupent les populations. C'est ainsi que se forment les villages ecclésiaux sur plan circulaire dont on repère plusieurs phases de développement. Bram en est le plus emblématique et aujourd'hui le mieux conservé.
Au XIème siècle s'établit une localité connue plus tard sous le nom de Brom, évolution phonétique d'Ebvromagvs, dont le plan circulaire autour de son lieu de culte s'étendra par anneaux successifs jusqu'au XIXème siècle. Cette refondation, vraisemblablement autour de l'édifice religieux, en fait un «village écclésial». Il s'agit de l'exemple le plus emblématique d'agglomération développée par rues concentriques pour tout le midi de la France : les villages circulaires ou «circulades». |
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Au bas Moyen-âge, le diamètre de l'agglomération atteint environ 195 m, soit une superficie de trois hectares. C'est à cette époque que le château primitif est probablement transféré au nord de l'église. Brom se dote alors d'une nouvelle enceinte tandis qu'à l'extérieur se développent les habitations du faubourg, attesté dès le début du XIVème siècle. Le fossé annulaire qui entoure les fortifications villageoises est alimenté en eau grâce à la dérivation du ruisseau de la Preuilhe.
Situé à la limite orientale du Lauragais, il s'est développé au carrefour de deux routes antiques : la voie d'Aquitaine entre Narbonne et Toulouse, et un axe nord-sud reliant la montagne noire à l'Ariège.
Un «chemin du Patrimoine» permet de découvrir les principaux points d'intérêt au départ de la mairie. Par exemple : rue Alazaïs Raseïre et rue des jardiniers, on peut apercevoir deux anciennes bornes-fontaines de la fin du XIXème siècle ou du début du XXème, où demeurent encore le bras balancier et le robinet en fonte. |
Le petit port au blé de Bram entre Castelnaudary et Carcassonne a été très actif sur le canal du Midi, un des principaux du Lauragais. Ici, on venait embarquer les fourrages, le blé et l'avoine récoltés dans la région proche mais aussi dans l'Ariège, et venant du nord le bois de la Montagne noire. Au bord de l'eau, une charmante bâtisse servait à l'origine de station de pompage. Elle alimentait un réservoir situé dans la gare qui servait à faire le plein des locomotives à vapeur. Elle appartient maintenant au Canal du Midi. Le port de Bram est désormais valorisé en halte nautique avec possibilité de locations de bateaux à des fins touristiques.
L'écluse simple de Bram est la 34ème écluse sur le Canal du Midi, au km 80.717 depuis le point de rencontre du Canal avec la Garonne à Toulouse (altitude 126 m environ).
Les Lacs
La commune de Bram est riche de plusieurs lacs. Certains sont dédiés à la pratique de la pêche, comme le lac de Cap de Porc réputé pour la pêche à la carpe, d'autres aux activités de loisirs comme Le lac de Buzerens sur lequel les amateurs de sensations fortes pourront s'initier ou se perfectionner aux «plaisirs de la glisse» en wakeboard ou en ski nautique.
Lac de Buzerens - crédit photos : Téléskinautique de Bram
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Couleur Lauragais n°184 - Juillet-Août 2016 |