Interview "Revel, terre de défis" Placée au carrefour de la nouvelle région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, l'ancienne bastide royale a le goût des défis. Entre héritage et innovation, elle puise son dynamisme dans la préservation de savoir-faire traditionnels et la recherche de solutions d'avenir. Laboratoire de l'économie circulaire, Revel poursuit son offensive économique en misant sur l'essor de la Bio Vallée Lauragais, un projet exemplaire, unique en France. Au plan touristique, Revel compte également parmi les joyaux du patrimoine local. Si la ville s'appuie sur l'attractivité de ses principaux sites, elle n'oublie pourtant pas sa responsabilité dans la préservation de l'un des plus prestigieux : le canal du Midi. Alors que Revel s'apprête à célébrer le 50ème anniversaire du passage du Tour de France dans ses murs, Alain Chatillon, Sénateur-Maire, dresse le portrait d'un territoire résolument tourné vers l'avenir. |
Au terme de 7 ans d'existence, le pôle de compétitivité Bio Vallée Lauragais a trouvé sa place dans l'économie régionale, quels sont les chiffres-clés de son développement ?
A.Chatillon : « Le développement du cluster s'inscrit dans une politique économique plus globale qui consiste à soutenir la création et le développement d'entreprises et à accompagner les demandeurs d'emploi. A cet effet, en 1990 nous avons doté le territoire d'un forum d'entreprises qui permet de favoriser l'émergence et le développement de projets d'entreprises. Depuis 1996, la Maison Commune Emploi Formation agit quant à elle de concert avec le Comité de Bassin d'Emploi pour initier des actions en faveur de l'emploi à travers un fort réseau partenarial institutionnel, associatif et privé. Enfin, aux portes de la ville, la zone industrielle de la Pomme d'une superficie de 80 ha compte à ce jour plus de 50 entreprises représentant environ 1200 emplois. Pour fédérer ce pôle économique, nous nous appuyons sur l'Association Revéloise pour le Développement Industriel, Artisanal, Agricole et Commercial (ARDIAC) qui mène des actions pour le développement économique du territoire et facilite l'intégration des entreprises nouvellement installées dans le tissu économique local. Le cluster Bio Vallée Lauragais s'inscrit dans cette dynamique avec l'objectif de capitaliser sur l'attractivité d'un territoire à vocation agricole et agroalimentaire, prêt à relever les défis qui se posent en matière de développement durable. Créé en 2009, il compte désormais 33 entreprises. Présidé par Bernard Storup, Bio Vallée Lauragais, c'est enfin une équipe de cinq personnes au service du développement agro-industriel de notre territoire.»
Bio Vallée Lauragais s'inscrit dans un schéma d'économie circulaire, peut-on en rappeler les principes?
A.Chatillon : « Ce concept théorisé par Jean-Claude Levy propose une alternative aux politiques classiques de gestion de l'environnement à travers un modèle d'économie en circuit fermé. Il s'agit d'un modèle de production vertueux qui privilégie les circuits courts, la réduction des déchets et de leur valorisation au profit d'autres entreprises de la chaîne. Concrètement, les déchets des uns servent de matières premières aux autres. A Bélesta-Lauragais, Cler Verts transforme par exemple les déchets verts ou alimentaires en compost pour l'agriculture. Cette synergie qui s'inscrit totalement dans un modèle d'économie collaborative progresse chaque jour davantage et doit répondre aux enjeux majeurs que sont le développement durable et la transition énergétique.»
Quels sont vos objectifs de recrutement au sein de la Bio Vallée Lauragais ?
A.Chatillon : « Nous ne cherchons pas à recruter tous azimuts. Les nouveaux projets doivent être qualitatifs et s'intégrer dans la logique que nous souhaitons développer sur les secteurs de l'agroalimentaire, de l'agro-industrie ou de la filière bois. Idéalement, ce sont des entreprises de 10 à 50 salariés ou des start-up. Le recrutement de deux nouvelles entreprises par an remplirait nos objectifs. Pour y parvenir nous pouvons mettre en avant de belles réussites qui s'inscrivent au cœur de l'identité de notre territoire : le Lauragais agricole avec la Ferme du Lauragais, le Lauragais agro-alimentaire avec la société «Le bonheur est dans le pot» et le groupe Nutrition et Santé, leader européen de la nutrition et de diététique, le Lauragais agro-industriel avec le fabricant de produits phytosanitaires bio Neudorff et ses 300 millions d'€ de chiffres d'affaires. Des implantations qui font des petits… car si la réglementation française relative à l'utilisation des produits de protection des cultures en AB est enfin validée, la société Neudorff va implanter une unité de production pour l'Europe du sud ainsi qu'un centre de formation et de recherche sur notre territoire ; de même que Scopelec, groupe de 2500 salariés a implanté son centre de formation à Revel. Nous devons aussi nous appuyer sur l'un des piliers de l'économie régionale en développant par exemple l'usinage de pièces mécaniques pour répondre aux besoins d'Airbus, tout proche de nous.»
Le 12 juillet prochain, le Tour de France fera étape à Revel pour la 8ème fois de son histoire, quelles sont les origines de votre attachement à cette manifestation ? Le dispositif d'accueil pour 2016 apporte-t-il des nouveautés ? |
Cet été, le territoire accueillera de nombreux touristes, quels sont les sites incontournables ?
A.Chatillon : « Revel permet de découvrir l'histoire de notre territoire à travers le Musée du bois et de la Marqueterie, le Musée et les Jardins du Canal du Midi à Saint-Ferréol ainsi que le musée Don Robert de l'Abbaye Ecole de Sorèze. Sur la base nautique de Saint-Ferréol, les estivants profiteront aussi de nombreuses activités aqua ludiques (baignade, planche à voile, canoë, catamaran…) et terrestres (accro-branche, escalade, VTT…). Et tous les samedis matins, la bastide s'anime autour de son marché de plein vent abrité sous sa superbe halle en bois du XIVème siècle surmontée d'un beffroi. Ce marché qui réunit chaque semaine 250 à 300 commerçants est classé parmi les 100 plus beaux marchés de France ! Pour tout savoir des sites exceptionnels que sont la Montagne Noire, les sources du canal du Midi et connaître les principales manifestations à venir, j'invite les visiteurs à consulter le site l'Office de Tourisme intercommunal : www.auxsourcesducanaldumidi.com. »
En 2012, vous avez rendu public un rapport dédié au Renouveau du Canal du Midi, s'attachant à sa sauvegarde face à la menace du chancre coloré. La recherche a-t-elle avancé ?
A.Chatillon : « Elle avance doucement et nous ne connaissons toujours pas la voie de contamination de ce champignon importé sur nos terres pendant le 2nd conflit mondial par l'intermédiaire des caisses de l'armée américaine. L'arrachage se poursuit petit à petit en veillant à ne pas fragiliser les rives. Les campagnes de replantation miseront aussi sur d'autres espèces que celle du platane, qui, précisons-le, n'était pas présent historiquement le long du canal du Midi, cette espèce n'ayant été plantée qu'au milieu du XIXème siècle. Cette question n'élude cependant pas le dépôt de 60 cm qui encrasse le fond du canal (imputrescibilité des feuilles de platane). Pour l'heure, à travers le Club des Entreprises mécènes du canal du Midi présidé par René Bouscatel, Président du stade toulousain et dont Bernard Keller et moi-même sommes vice-présidents, nous continuons de mobiliser le monde économique pour récolter des fonds. Du reste, le classement du Canal aux Monuments Historiques annoncé par Pascal Mailhos, préfet de la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, devrait aller dans le sens de l'harmonisation. Cependant, ce nouveau statut devra être géré en bonne intelligence afin de ne pas imposer des contraintes supplémentaires aux collectivités comme aux agriculteurs qui participent activement à l'entretien des abords, notamment des rigoles. »