Les coiffes de nos régions Parler des coiffes n'est pas chose aisée car les détracteurs argumentent le manque de précisions historiques. C'est pourquoi nous ne ferons état que de nos propres observations…et de ce que nous ont enseigné toutes ces coiffes, trouvées dans quelque vieux carton, données par des amis ou récupérées au fil des brocantes ou vide-greniers… chacune porte sa propre histoire, et sait bien nous la raconter . |
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La mode des coiffes La fin de la mode des coiffes est liée à ce vent d'émancipation, venu de Paris avec les catalogues de mode, la vogue des cheveux courts, le port du chapeau et l'abandon de tout ce qui paraissait démodé et paysan. L'interdiction à l'école de la langue occitane est dans cette mouvance. Seul le monde rural a persisté dans ces habitudes qui passaient pour arriérées, puis s'en est totalement éloigné. Les coiffes qui nous restent ont été en usage dans nos régions entre 1850 et 1940, peu à peu remplacées par la "crabato" foulard souvent noir que les dames âgées ont persisté à porter jusque dans les années 50, comme en témoignent de vieilles photos de mariage. Les femmes y figurent en chapeau ou tête nue : seule assise au premier rang, pose sous sa coiffe blanche, une grand-mère qui ne sourit pas. |
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Anciennement, au début du XXème siècle, la coiffe pouvait être portée sur un "bendel", bande de toile qui servait de protection posée sur les cheveux, ou même d'un "sarrocap" qui enfermait la chevelure. Cette pratique a peu à peu été abandonnée. |
Composition de la coiffe
Même si elles peuvent différer d'un village à l'autre, les coiffes obéissent toujours aux mêmes règles de construction :
- un fond de coiffe, en dentelle ou en mousseline unie. Ce fond blanc est aussi appelé "nebadis". C'est lui que l'on voit de dos. Il pouvait parfois être très décoré, ou brodé à la main. La "passe" est la bande de tissus qui enserre le front. Elle est solide et porte tout le décor de la coiffe. On ne la voit pas sous le décor, mais elle se prolonge parfois par des bandes de tissu blanc appelées "barbes" qui viennent se nouer sous le menton. Ces barbes sont très souvent remplacées par de beaux rubans de soie aux belles couleurs tendres, ou de velours sombre.
- Les rangs dont le nombre varie selon le luxe de la coiffe, donnent son nom à la coiffe, exemple : "la tuyautado". On compte souvent un petit volant de front, posé en visière vers l'avant et qui cache la racine des cheveux. On peut alors compter les volants de tête, hauts et amidonnés, trois en général dans le pays castrais, soutenus par le volant de pied, posé derrière, et qui soutient la construction de la coiffe.
- Enfin, pour la vue de dos, n'oublions pas le nœud de nuque toujours assorti au nœud de menton ; c'est un ruban qui finit le décor mais qui a aussi pour fonction d'enserrer les cheveux sous la coiffe. Il peut s'agir d'un ruban à nouer ou d'un nœud préfabriqué et cousu à la coiffe. Parmi ce décor de volants, s'entrelacent très souvent de petits rubans de couleur, travaillés en coques, ou même des tresses de passementerie en soie naturelle.
Fond de coiffe brodé style toulousain |
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A chaque région sa coiffe Le pays Castrais annonce déjà la ville, avec tuyautages et assemblages "d'entre deux" bandes de dentelle mécanique, cousues verticalement sur le fond. Ce travail, toujours fin et délicat, simule à la perfection une large pièce de dentelle. Ainsi la coiffe peut être entièrement blanche, délicate et citadine, et garder sur le devant ses rangs tuyautés. On aborde la mode Lauragaise avec la région de Puylaurens, Blan et Revel déjà marquée par l'influence Toulousaine et le fameux fond rond brodé dit "à la Toulousaine" présentant toujours de fines broderies disposées en cercle autour d'un beau motif floral. On trouve là des broderies faites à la main, d'une grande qualité. Frôlons au passage la région de Castelnaudary avec ses coiffes basses, en dentelle ou en simple mousseline unie, mais bien serrées autour de la tête et souvent parées d'un petit ruban noir servant de décor, posé entre les dentelles du front. Ces coiffes plus simples, restent toujours blanches et fraîches, car plus faciles d'entretien. Enfin, voici les belles coiffes citadines de Toulouse avec leurs rubans de moire et leurs dentelles de Valencienne "en écaille de poisson" servant de cache chignon. Elles sont bien loin des coiffes de servantes pourtant très coquettes ou celles aux longues barbes portées par les nourrices qui concernaient le personnel d'une maison bourgeoise et aisée.
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La place de la coiffe dans la vie quotidienne Rendons hommage aux coiffes de travail, en toile ordinaire ou en piqué blanc, souvent confondues avec les bonnets de nuit, mais aussi à nos câlines, en épaisse toile rayée protégeant le visage du vent et du soleil, pour le travail des vignes du Pays Bas, ou du Lauragais, comme l'évoquent les croquis de Paul Sibra, dans la région de Castelnaudary. N'oublions pas le chapeau de paille, la "Pailhole Toulousaine", serrée autour du visage par son ruban noir, et immortalisée par le folklore. |
Coiffe de grand deuil, milieu aisé
Simplicité d'une coiffe de nourrice et ses longues barbes qui |
La Palhola utilisée pour les travaux des champs et des vignes devenue pour le folklore "chapeau toulousain" |
Grands-mères, dessin de Paul Sibra, peintre du Lauragais |
Aline Alary
Crédit photos : collection Aline et Jean-Paul Alary