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Reportage

L'alternance : que faut-il en penser ?

En 2012, près de 605 000 contrats d'alternance ont été signés dans l'enseignement professionnel (CAP, BAC Pro, BP) mais également dans l'enseignement supérieur (BTS, DUT, Universités, Ecoles d'ingénieurs) où la formule séduit chaque année près de 6 % des élèves. La formation en alternance est basée sur une succession de périodes d'acquisition de savoir-faire en entreprise et de périodes de formation théorique. Elle est à juste titre considérée comme un levier vers l'emploi et l'insertion professionnelle. La preuve par 4.

   L’alternance concerne désormais tous les secteurs d’activité et tous les niveaux de qualification. Si elle est attractive pour apprendre un métier, elle peut également être un vrai plus pour compléter sa formation.
L'alternance concerne désormais tous les secteurs d'activité et
tous les niveaux de qualification. Si elle est attractive pour apprendre
un métier, elle peut également être un vrai plus pour
compléter sa formation - crédit photo : Fotolia© highwaystarz

Des avantages certains
1) Une offre de formation diversifiée
Tous les secteurs d'activité sont visés par des dispositifs de formation en alternance : l'artisanat, le social, le paramédical, le commerce, la comptabilité-gestion, l'informatique… L'offre de formation est très dense et s'adresse aux jeunes à partir de 16 ans dans le but de préparer un CAP, BEP, BAC Pro ou Brevet Professionnel (BP). Depuis les années 90, l'alternance s'est également développée dans l'enseignement supérieur. Pour preuve, en 2012, 28 % des alternants ont été recrutés à niveau Bac, 42 % à niveau Bac+2, 16 % en Licence et 14 % en première année de Master. Grâce à des contrats successifs, l'apprentissage permet d'accéder à tous les niveaux de qualification professionnelle du second degré ou du supérieur. En fonction des formations, l'alternance s'organise selon plusieurs modalités : l'apprenti est en cours une semaine par mois, un à deux jours par semaine ou bien une semaine sur deux.

2) Une alternance sans frais et rémunérée
Dans le cadre des formations en alternance, les frais de scolarité sont financés par l'entreprise et l'apprenant est salarié tout en bénéficiant des avantages du statut d'étudiant. Il est rémunéré et bénéficie des congés payés, du comité d'entreprise, des frais de déplacement, de la retraite complémentaire et, via son statut d'étudiant, de certaines réductions qui leur sont réservées (transport, loisirs...). Depuis la loi du 28 juillet 2011, les apprentis disposent d'une carte d'étudiant des métiers délivrée par leur CFA. Compte-tenu de la nature du contrat qui lie l'apprenti à l'entreprise, une période d'essai de 1 à 2 mois s'applique. En fin d'apprentissage, le contrat donne droit aux ASSEDIC en cas de non transformation en CDI. Le niveau de rémunération est fonction de l'âge de l'apprenti, de l'année de formation et du contrat d'alternance signé : de 25 % à 78 % du SMIC en contrat d'apprentissage et de 55 % et 100 % du SMIC en contrat de professionnalisation. Cependant, lorsque l'apprenti est logé et nourri, l'entreprise peut soustraire une partie de ces frais du salaire. Il s'agit d'avantages en nature ne pouvant dépasser 75 % de la rémunération et devant clairement être stipulés dans le contrat d'apprentissage. Par ailleurs, en cas d'année de préparation d'un diplôme connexe ou d'une mention complémentaire, la rémunération de l'apprenti doit être majorée de 15 % par rapport à l'année précédente.

3) Des apprenants plus matures
Compte-tenu de leur immersion immédiate dans le monde professionnel, les alternants sont considérés comme plus matures par les employeurs. La formule permet de mettre en pratique les enseignements théoriques tout en intégrant les codes du monde du travail. En tant que salarié de l'entreprise, l'alternant est pleinement intégré et responsabilisé. Au final, l'alternance renforce sans aucun doute l'« employabilité » des élèves.

4) Un mode de pré-recrutement
Pour les entreprises qui optent pour l'alternance, il s'agit, compte-tenu du temps investi pour former l'apprenti, d'un pré-recrutement. Formé à un métier mais également aux contraintes spécifiques d'un secteur d'activités et d'une entreprise, l'apprenant bénéficie d'atouts certains pour pérenniser son emploi au sein de la structure qui l'a formé. Les chiffres sont éloquents : 54 % des détenteurs d'un CAP ont trouvé un emploi 7 mois après la fin de leur apprentissage, 73 % pour les détenteurs d'un bac pro. Au total, environ 40 % des apprentis diplômés intègrent leur entreprise d'accueil une fois leur formation achevée. Dans l'enseignement supérieur, les chiffres sont tout aussi probants : 78,5 % des titulaires d'un BTS et 80 % pour des diplômés à bac + 3 ont un emploi 6 mois après leur diplôme, et ils sont environ un tiers à intégrer leur entreprise d'accueil.

Les filles demeurent minoritaires en apprentissage. En France, elles représentent environ 30 % des effectifs alors qu’elles sont par exemple 40 %, en Allemagne.
Les filles demeurent minoritaires en apprentissage. En France, elles représentent environ 30 % des effectifs
alors qu'elles sont par exemple 40 %, en Allemagne. crédit photo : fotolia©highwaystarz

Et quelques mises en garde !
1) Une motivation à toute épreuve
L'alternance nécessite une très forte motivation. En associant périodes de travail en entreprise et sessions d'études théoriques, la formule impose un rythme très soutenu et peu d'espaces de décompression. Il faut avoir la motivation suffisante une fois la journée de travail terminée et le week-end arrivé, pour se plonger dans ses cours en vue de la préparation des prochains examens. Comme dans tous les cursus, la régularité paye, d'autant plus lorsqu'on ne peut consacrer tout son temps à étudier.

2) De la persévérance pour trouver une entreprise
Pour convaincre une entreprise, le futur apprenti devra démontrer sa motivation et mettre en avant les qualités attendues sur le métier qu'il a choisi. Former un apprenti demande un investissement certain à l'entreprise et au tuteur qui sera désigné pour l'accompagner. En conséquence, la recherche d'une entreprise d'accueil peut s'avérer un véritable parcours du combattant, d'où seuls les plus motivés sortiront gagnants.

3) Une idée précise de son avenir professionnel
L'alternance impose de savoir ce que l'on veut, à un âge où l'avenir professionnel demeure lointain. Pour les jeunes les plus matures, animés par une véritable vocation, le parcours sera donc plus facile que pour les autres.

Les modalités de l'alternance
Contrat d'apprentissage/Contrat de professionnalisation : quelles différences ?
Ces deux catégories de contrat coexistent en alternance. Tous deux sont signés entre l'alternant et l'employeur mais chacun s'adresse à un public spécifique et répond à des objectifs bien différents. Il s'agit de CDD dont la durée peut varier.
Le contrat d'apprentissage alterne l'acquisition d'un métier au sein de l'entreprise signataire du contrat et les périodes de formation en CFA (Centre de Formation d'Apprentis). Il s'adresse aux jeunes de 16 à 25 ans dans le cadre d'une formation initiale et a une durée de 1 à 3 ans selon le diplôme préparé. En 2011, le législateur a assoupli les conditions relatives à l'âge de l'apprenant et désormais, les jeunes âgés d'au moins 15 ans peuvent souscrire un contrat d'apprentissage s'ils ont accompli la scolarité du premier cycle de l'enseignement secondaire (3ème).
Dans le cadre d'un contrat de professionnalisation, l'apprenti alterne les périodes d'évaluation et d'enseignements généraux, soit 15 à 20 % de la durée complète du CDD et la formation en entreprise. Dans ce cas, les heures de formation peuvent être délivrées par le service formation de l'entreprise ou par un organisme de formation. Ce type de contrat est ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans mais également aux demandeurs d'emploi de plus de 26 ans. Le dispositif poursuit pour objectif de faciliter l'insertion professionnelle par l'acquisition d'une nouvelle qualification. Le contrat de professionnalisation porte sur une durée de 6 à 24 mois en entreprise et d'un minimum de 150 heures de formation théorique.

Rémunéré, l’apprentissage ouvre les portes du marché de l’emploi en bénéficiant d’un taux d’embauche dans la structure d’accueil de 40 % chez les apprentis et d’un tiers dans l’enseignement supérieur.
Rémunéré, l'apprentissage ouvre les portes du marché de l'emploi en bénéficiant
d'un taux d'embauche dans la structure d'accueil de 40 % chez les apprentis et d'un tiers
dans l'enseignement supérieur. crédit photo : fotolia© Volker Witt

Pas à pas
Pour les candidats au contrat d'apprentissage, il convient de se préinscrire au sein du CFA préparant au métier choisi. Le dossier scolaire sera examiné et le candidat pourra être soumis à des tests. Il devra ensuite candidater auprès des entreprises susceptibles de le former. Le futur employeur a la charge de faire les démarches nécessaires à la finalisation de l'inscription. Concernant les contrats de professionnalisation, les entreprises qui recrutent l'apprenant doivent déposer le contrat auprès de leur Organisme Paritaire Collecteur Agréé, chargé de collecter les fonds des entreprises dédiés à la formation professionnelle, dans un délai de 5 jours après la date de début du contrat.

Chiffres-clés

1000 CFA (Centre de Formation d'Apprentis)
200 SA (Section d'Apprentissage)
300 UFA (unité de Formation par Apprentissage)
Effectif en contrat d'apprentissage (2012) : 419 000
Effectif en contrat de professionnalisation (2012) : 186 000

Un dispositif encouragé
En France, 2/3 des apprentis sont recrutés par les TPE/PME et 57 % des contrats d'apprentissage conclus avec des entreprises, principalement artisanales, de moins de 10 salariés. Pour ce qui est des grandes entreprises de plus de 250 salariés, elles sont contraintes par la loi d'embaucher au minimum 5 % d'apprentis. A défaut, elles s'exposent à des pénalités financières. Par ailleurs, dans le cadre de contrats d'alternance, l'employeur peut bénéficier de certains avantages tels que la prise en charge totale ou partielle des frais de formation du salarié et du tuteur et la réduction des charges patronales sur les bas salaires.

Isabelle Barèges


Couleur Lauragais n°170 - Mars 2015