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Revel : l'A.P.P.A.R.A.T. plane de bonheur L'Association pour la Préservation du Patrimoine Aéronautique et la Restauration d'Avions Typiques offre à Revel une médaille olympique, le bronze, ramenée tout droit d'outre-manche. Carl Audissou entouré d'une équipe de passionnés s'est en effet classé troisième au classement général de l'épreuve de vol à voile des Jeux Olympiques de Wenlock, en Angleterre. C'est avec une fierté non dissimulée que Bernard Gabolde, Président-fondateur de l'APPARAT, nous dévoilera les coulisses de cet exploit. |
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Pour l'heure, partons à la découverte d'une discipline qui demeure encore très peu médiatisée. |
Une nouvelle discipline olympique ?
Une première étape a été franchie dans ce sens mais pour l'heure, le vol à voile demeure exclu des disciplines officiellement admises à l'occasion des Jeux Olympiques. Les passionnés ont du se contenter, et c'est déjà un grand pas, d'une première participation aux Jeux Olympiques de Wenlock considérés comme les précurseurs de Jeux Olympiques modernes et qui se tiennent en parallèle de la compétition officielle. Pour comprendre l'absence du vol à voile au programme des JO, il faut remonter un peu dans le temps. En 1938, le Comi-
té International Olympique (CIO) intègre le vol à voile au programme des prochains Jeux Olympiques. A cet effet, l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale sélectionne un planeur monotype afin que les compétiteurs soient évalués sur l'unique base de leurs performances individuelles. Cependant l'histoire aura raison des Jeux Olympiques de 1940 et, dans le même temps, de la première compétition olympique de vol à voile. En raison du conflit sino-japonais, puis de la Seconde Guerre Mondiale, les Jeux olympiques sont annulés au Japon puis en Finlande. La compétition ne reprendra qu'en 1948, mais le vol à voile ne sera plus jamais admis en tant que discipline olympique. Il faudra attendre 2012 et compter sur la passion des vélivoles britanniques pour que le vol à voile s'invite à nouveau dans une olympiade, même non officielle, et que le Meise prenne enfin son envol.
Le Meise : un planeur unique
C'est sur la base d'un cahier des charges précis que fut conçu le planeur devant équiper les compétiteurs de 1940. Au terme d'essais en vol effectués à Sezze, près de Rome, en 1939, c'est l'Olympia Meise allemand de Jacobs Hans qui fut sélectionné. Dès lors les plans du Meise ont été communiqués aux pays souhaitant le construire. Cependant, lorsque la compétition de vol à voile sur ce monotype est relancée en 2012, il reste peu de planeurs en état de voler, 19 seulement ont pu être réunis en provenance d'Angleterre, Belgique, Allemagne, Suisse, et France).
C'est en pilotant ce magnifique modèle de planeur appelé Olympia Meise, que Carl Audissou a remporté le bronze.
Il n'en avait pourtant presque jamais piloté de semblable, l'exploit en est d'autant plus grand. crédit photo : Vincent Cockett
Quand L'APPARAT croise le chemin des JO …
Sur la centaine de planeurs Nord 2000 (le modèle olympique) construits en France par la Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord, le seul encore en état de vol en France était détenu par l'APPARAT. C'est ainsi que Bernard Gabolde a pu répondre de manière positive aux organisateurs qui lui ont proposé de représenter les couleurs de la France aux Jeux de Wenlock.
Et si on "se vachait " ?
N'est pas vélivole (comprenez amateur de vol à voile) qui veut ! Pour entrer dans l'univers de ce sport, il convient auparavant de prendre quelques leçons de vocabulaire. Ainsi, lorsqu'un vélivole "se vache" ou "est allé aux vaches", entendez qu'il a été contraint d'atterrir, de préférence (ou par obligation) dans un champ peuplé de vaches. Le pilotage de planeurs a donné lieu à l'usage d'expressions plutôt fleuries. Ne soyez donc pas surpris que l'atterrissage en campagne soit tout simplement désigné sous le vocable de «vache».
Dans la campagne anglaise, on constate que les pilotes de planeurs "moutonnent" plus qu'ils ne "vachent"…
crédit photo : l'A.P.P.A.R.A.T.
Entretien avec Bernard Gabolde, Président-fondateur de l'APPARAT
Couleur Lauragais : Comment l'aventure des JO de Londres a-t-elle débuté ?
Bernard Gabolde : "Sur les chapeaux de roues car nous avons bien failli ne pas concourir ! Lorsque les organisateurs des Jeux Olympiques de Wenlock ont pris contact avec moi il y a trois ans de cela, je leur ai tout de suite fait part de notre souhait de participer. Or, je me suis aperçu en novembre 2011 que notre candidature n'avait pas été actée pour des raisons techniques et indépendantes de notre volonté. Nous avons intenté un recours et avons finalement reçu l'autorisation de concourir en mars 2012, à seulement trois mois des épreuves !"
Couleur Lauragais : Se prépare-t-on aux JO comme à n'importe quelle autre compétition ?
Bernard Gabolde : "Compte tenu de ce qui précède, nous avons surtout dû résoudre des questions matérielles, notamment en terme de recherche de sponsors, laissant peu de place à tout autre type de préparation. Comme à l'occasion de n'importe quelle compétition de vol à voile, l'épreuve est dévoilée le matin de l'événement seulement. Nous étions concentrés sur des questions très pratiques, notamment l'installation d'une radio dans le planeur ou encore l'aménagement d'une remorque. Pour le reste, Carl Audissou a dû improviser ! Il n'avait presque jamais piloté ce type de planeur conçu en 1947, l'exploit en est d'autant plus grand. Enfin, nous étions comme toujours tributaires de la météo et les jours dits «volables» ont été peu nombreux. Heureusement, nous avons tout de même pu réaliser trois épreuves sur les deux requises pour valider cette compétition."
Bernard Gabolde, Président de l'APPARAT et son pilote Carl Audissou. Le premier a réalisé l'exploit de permettre à son équipe
de participer à la compétition et le second de remporter la 3ème place ; mais ce n'est qu'entourés d'une équipe
de vélivoles passionnés que les deux furent possibles. crédit photo : l'A.P.P.A.R.A.T.
Couleur Lauragais : Carl Audissou est-il pilote professionnel ?
Bernard Gabolde : "Non, mais le ciel est indéniablement son terrain de jeu de prédilection puisqu'il est parachutiste instructeur militaire de formation. Le pilotage de planeur est avant tout une passion comme pour tous les membres de l'APPARAT qui l'ont accompagné durant cette belle aventure. Pour avoir une chance d'être médaillé, il nous fallait désigner un seul pilote et c'est Carl Audissou, âgé de 32 ans, que nous avons choisi à l'unanimité."
Couleur Lauragais : Qu'avez-vous ressenti au moment où il a décroché la 3ème place ?
Bernard Gabolde : "Nous étions très fiers et avons partagé ces moments de bonheur tous ensemble. Il faut savoir qu'il a gagné deux épreuves sur trois, c'est au classement général qu'il a fini par se classer troisième en remportant la médaille de bronze derrière les compétiteurs suisse et britannique."
Couleur Lauragais : Cette médaille vous donne-t-elle l'ambition de nouveaux défis ?
Bernard Gabolde : "Nous allons effectivement poursuivre notre participation aux rassemblements internationaux et continuer à faire vivre le vol à voile en Lauragais et ailleurs dans le monde en espérant susciter des vocations toujours plus nombreuses."
Isabelle Barèges