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Christine Bigaran, de l'énergie à revendre Arbitre de rugby depuis 12 ans, Christine donne de l'espoir à toutes les femmes qui s'interrogent sur la façon de concilier leur passion, leur vie professionnelle et leur vie de famille. Cette policière municipale revéloise suit quatre entraînements physiques par semaine, arbitre trois matchs par mois et honore ses astreintes professionnelles pendant son week-end de libre, tout en prenant soin de sa famille, notamment de son petit garçon de trois ans et demi. Ce palmarès à couper le souffle, Christine ne le doit qu'à une chose : sa passion pour le rugby. Chapeau l'arbitre ! |
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Le rugby comme une évidence
La balle ovale, Christine l'a saisie au vol toute petite. Même si elle ne pratiquait pas le rugby, elle s'est toujours passionnée pour ce sport : plus jeune dans les tribunes de Blagnac, puis devant les rencontres télévisées, ou dans les stades lors des grandes rencontres du Stade Toulousain. La jeune Blagnacaise est en réalité la seule sportive de la famille et c'est le handball qui a ses faveurs. Dans son parcours, l'un des faits les plus remarquables tient donc à ce que la jeune femme soit directement passée de la place de spectatrice au rôle d'arbitre. Le déclic s'est produit en 1999, à 29 ans, cette jeune policière municipale décide à la surprise générale de tenter l'aventure de l'arbitrage. Ses proches demeurent sceptiques mais Christine aura finalement raison de tous les préjugés.
Arbitre en fédérale 1 : le parcours
En 12 ans, Christine a régulièrement évolué pour atteindre un niveau d'excellence en matière d'arbitrage. Elle a fait ses débuts en tant que stagiaire, puis arbitre territorial, arbitre fédéral, pour accéder à ses fonctions actuelles d'arbitre fédéral 1. Atteindre ce niveau nécessite 4 entraînements physiques par semaine principalement constitués de courses. Grâce aux vidéos de matchs réalisées par son mari, Christine identifie ses éventuelles faiblesses et travaille en conséquence, ce fut récemment le cas de ses appuis à cause desquels elle considérait perdre en réactivité. Pour elle, les performances physiques de l'arbitre sont la base d'un bon arbitrage, elles font d'ailleurs l'objet de deux tests annuels, au début de la saison, puis en mars. Au-delà de cette préparation physique de haut niveau, conduite par son préparateur Jean-Claude Da Costa, Christine a suivi comme tous les candidats à l'arbitrage une formation théorique initiale qu'elle parfait depuis, une fois par mois, avec ses collègues en tant qu'animatrice, pour améliorer les connaissances et la pratique de l'arbitrage. Ce niveau d'exigence dans un milieu d'hommes ex-plique, en partie, la singularité des arbitres femmes dans le rugby français, au nombre d'une dizaine seulement. Christine est par ailleurs la seule à avoir accédé à ce jour à l'arbitrage en Fédérale 1. Son niveau explique qu'elle soit régulièrement sollicitée en tant que juge de touche ou arbitre en buts en Pro D2, ou encore dans la gestion des remplaçants sur le banc de touche en Top 14. Même si elle arbitre majoritairement des matchs masculins sur le territoire national, Christine est parfois conduite à se déplacer sur des compétitions féminines à l'international. En Mars dernier, c'est elle qui a arbitré le match de rugby féminin - 20 ans France-Angleterre gagné par les tricolores 51 à 0 ! En décembre dernier, elle s'envolait pour Dubaï, alors qu'en juin prochain, elle se rendra en Hollande.
En tant qu'arbitre de rugby femme, Christine est ponctuellement appelée à arbitrer
des compétitions féminines à l'international, ici à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis.
Arbitre et maman
Lorsque Christine accouche de son petit garçon, le médecin lui recommande de ne pas faire de sport pendant deux mois. A cette époque, elle pense sérieusement à raccrocher ses crampons mais la passion est trop forte. Avant même l'échéance, la sportive reprend l'entraînement et retrouve son meilleur niveau. Pour profiter de son fils, elle décide de s'entraîner pendant sa pause déjeuner et profite de ses trois arbitrages mensuels pour amener toute sa petite famille avec elle. En plus du plaisir du sport, c'est l'occasion d'escapades touristiques ou de retrouvailles familiales.
Pour concilier son rôle de maman et sa passion pour l'arbitrage, Christine a dû aménager son emploi du temps
en s'entraînant quatre fois par semaine pendant sa pause déjeuner. Pour ce qui est du match du week-end,
la petite famille fait tout simplement partie du voyage !
« L'arbitrage au féminin, c'est avant tout un arbitrage »
Couleur Lauragais : «Quel accueil vous a été réservé par le monde du rugby ?»
C.Bigaran : «Excellent ! Il y règne un bon esprit de solidarité. Bien sûr, il m'est arrivée d'être face à des réactions négatives de la part de certains spectateurs mais comme parfois, c'est la faute de l'arbitre (homme ou femme !) lorsque son équipe favorite perd ! En dehors de cela, comme dans mon travail, je me sens à l'aise entourée de mes collègues, je n'ai jamais eu à me plaindre de quelque sexisme que ce soit.»
Couleur Lauragais : «Pensez-vous qu'une femme apporte quelque chose de différent à la fonction ?»
C.Bigaran : «Je ne crois pas, si ce n'est que je ne suis jamais dans un rapport de force. En revanche, la fonction est différente pour une femme : une carrière sportive est courte et il faut savoir jongler entre sa vie de famille et sa passion. Je dis à toutes celles que cela tente que c'est possible et qu'il faut, a fortiori, en profiter un maximum. En ce qui me concerne, tant que le plaisir est là, je continuerai car la richesse de cette expérience, je la partage avec tous ceux que j'aime et principalement mon adorable mari.»
Isabelle Barèges
Crédits Photos : André Bigaran