Maintien à domicile : un enjeu de société
La lutte contre la dépendance est une préoccupation majeure de notre société qui se traduit par le développement des services de maintien à domicile. Les personnes âgées, premières visées par ces prestations, sont aujourd'hui plus d'un million, et seront cinq fois plus nombreuses d'ici 20501. Dans le même temps, huit français sur dix expriment le souhait de vieillir chez eux… Couleur Lauragais se penche sur ces prestations et services qui facilitent le quotidien des personnes dépendantes et de leurs proches.
Avec le temps, les services à domicile se sont multipliés en épousant volontiers l'air du temps. Bien accompagnés, les seniors se tournent volontiers vers l'informatique et internet qui requièrent quelques efforts en matière d'apprentissage, permettent de rompre la routine quotidienne et parfois même la solitude. crédit photo : fotolia©auremar

Les services à la personne : des services clefs en main

Prestations à la carte - Les services à la personne sont très nombreux et varient en fonction du degré de dépendance des personnes accompagnées. Ils peuvent consister en un appui aux tâches domestiques (ménage, repassage, courses…) ou à l'accomplissement d'actes quotidiens devenus difficiles (aide au lever, au coucher, accompagnement à la toilette et à l'habillage, assistance aux repas…). Ces services contribuent à la préservation d'un lien social indispensable au maintien du bénéficiaire, il s'agit de rompre l'isolement et de favoriser les échanges.

Des modes d'intervention multiples - Il est possible de bénéficier de ces services en choisissant simplement un prestataire qui sera l'employeur des intervenants à domicile.
Le bénéficiaire peut également opter pour un organisme mandataire qui mettra à sa disposition un intervenant qualifié et l'accompagnera dans les démarches administratives à effectuer, dans ce cas, l'usager est employeur. Enfin, le bénéficiaire peut recruter directement l'intervenant et s'acquitter, en tant qu'employeur, de toutes les formalités administratives et de la déclaration de son salarié auprès de l'Urssaf.

L'engagement des collectivités locales - Les pouvoirs publics se répartissent les compétences relatives au soutien des personnes âgées. Ce sont les départements qui gèrent l'essentiel de l'action sociale en la matière à travers la création et la gestion de maisons de retraite et la gestion de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA). Certaines communes peuvent également décider de créer des foyers de personnes âgées ou organiser des services à domicile comme le portage de repas ou l'aide au déplacement.

Amélioration de l'habitat : une voie d'avenir - Pour permettre aux personnes âgées de demeurer autonomes plus longtemps, il existe plusieurs leviers d'actions dont l'amélioration de l'habitat. Le domicile demeure un repère affectif important pour les personnes en situation de dépendance, c'est là que l'essentiel de la vie de famille s'est déroulé et où l'on garde ses plus précieux souvenirs... Repère affectif, l'espace de vie comprend également de nombreux repères spatiaux aidant les personnes âgées à accomplir certains gestes quotidiens. Pour autant, les risques liés à un habitat inadapté sont nombreux… Il faut savoir que les chutes représentent par exemple 80% des accidents domestiques chez les plus de 65 ans. Pour y remédier, on peut envisager de réaliser quelques travaux visant par exemple à anticiper la difficulté à monter des escaliers, à prévenir les chu-tes via le changement d'un revêtement de sol, ou à aménager une chambre ou une salle de bains en rez-de-chaussée. Les solutions sont nombreuses, et l'on peut également se tourner vers des équipements plus sophistiqués destinés à apporter confort et mobilité comme les monte-escaliers électriques. Droits, tournants, à l'intérieur comme à l'extérieur, ces escaliers sont des sièges ou fauteuils qui se commandent à l'aide de manettes disposées sur l'accoudoir. On trouve même sur le marché des ascenseurs privatifs à commande de descente manuelle. Pour les pouvoirs publics, l'amélioration de l'habitat est un des leviers de l'action sociale à destination des personnes âgées, il a donc été envisagé la création d'un nouveau diagnostic. Désigné sous le nom de "diagnostic autonomie-habitat", il est censé identifier les risques en matière d'accidents domestiques, d'isolement et de sécurité des personnes. A ce jour, le projet est toujours à l'étude, affaire à suivre.

Maintien à domicile : les aides accessibles
En matière d'amélioration de l'habitat, certaines aides sont accessibles sous conditions, notamment de ressources, auprès de l'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH) ou de sa caisse de retraite. Pour bénéficier d'une étude personnalisée tenant compte du niveau de revenu et ou du statut de l'occupant (propriétaire ou locataire), il convient de se rapprocher des services compétents (cf.contacts utiles). La téléassistance peut également être partiellement financée sous conditions par certains partenaires publics ou privés intervenant dans le maintien à domicile (collectivités, caisses de retraite complémentaire, mutuelles …). Reconnue comme un service à domicile, elle peut également ouvrir droit à des avantages fiscaux (cf.ci-après).
Au quotidien, c'est l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA) qui prendra le relais à travers une aide mensuelle dont le montant est déterminé en fonction du niveau de dépendance de la personne âgée et de ses revenus. Mise en place depuis 2002, elle est allouée aux personnes âgées de 60 ans ou plus, résidant à domicile ou en établissement et confrontées à des situations de perte d'autonomie appréciée par le Conseil Général selon une grille nationale définissant six niveaux de dépendance.
Enfin, le bénéficiaire de services à domicile peut, sous certaines conditions, obtenir des avantages fiscaux, sous la forme d'une réduction d'impôt ou d'un crédit d'impôt équivalant à 50% des sommes versées. A noter ! Les bénéficiaires employeurs seront dans certains cas exonérés de cotisations sociales : les bénéficiaires de l'APA, les personnes âgées de plus de 70 ans ou dont le conjoint est âgé de plus de 70 ans, les personnes âgées d'au moins 60 ans dans l'obligation de recourir à l'aide d'une tierce personne pour accomplir les actes ordinaires de la vie.

Autour des personnes âgées se forme un réseau de proches et d'aidants dont l'implication est quotidienne.
Services à domicile, soins ou simple compagnie, l'humain est au centre de ce noyau dur qui lutte contre
l'isolement de personnes en position de vulnérabilité. crédit photo : fotolia©gilles lougassi

Téléassistance : la sérénité en plus
Pour faciliter la vie des personnes âgées et de leurs proches, il existe de précieux services de téléassistance. Dès que la personne âgée rencontre une difficulté, fait un mauvais pas ou a un malaise, elle peut facilement être mise en relation avec un réseau de proches ou un service d'urgence. Grâce à un boîtier équipé d'un système "mains libres" pendu autour du cou, ou porté au poignet, la personne presse un déclencheur qui la met directement en contact avec une plateforme d'assistance dédiée qui va identifier les besoins et prévenir les contacts utiles (proches, personnes de confiance, voisins, médecin traitant). En cas d'absence, l'appel est relayé auprès de la gendarmerie, du Samu ou des pompiers. Des boîtiers vont plus loin et donnent l'alerte dès qu'une situation semble anormale (absence d'interactivité avec le distributeur de médicaments, pas de détection de mouvement pendant un certain temps, pas de retour à une heure fixée en amont…). En matière de télésanté, des équipements permettent également de surveiller l'état de la personne âgée en mesurant de façon automatique tension, température, taux de glucose … Dès qu'une anomalie apparaît, des alertes sont adressées en temps réel aux personnes compétentes. Les sociétés spécialisées dans le secteur conçoivent tous types d'équipements (téléphone portable, montre, télévision…) à l'ergonomie spécifique proposant, outre leur fonction classique, des services de téléassistance et de télésanté. Toutes ces gérontechnologies préfigurent en réalité un ensemble de services à domicile d'un nouveau genre, l'humain en moins…

Difficile d'accepter de voir son jardin se dégrader lorsqu'on l'a bichonné toute sa vie.
Pour rester raisonnable mais continuer à se faire plaisir, il est possible de faire appel à un
agent d'entretien qui effectuera les tâches les plus lourdes. crédit photo : fotolia©horticulture

Cœur Lauragais au cœur de l'action sociale - La Communauté de Communes Cœur Lauragais présidée par Gilbert Hébrard, Vice Président du conseil général de Haute Garonne, Conseiller général du canton de Cara-man, offre depuis 2004 un service de portage à domicile.

* Entretien avec Encarnation Bonhoure, 1ère Vice-présidente chargée de l'action sociale.
Couleur Lauragais : Pouvez-vous nous rappeler la singularité de ce service ?
E.Bonhoure : "La Communauté de Communes Cœur Lauragais a fait le choix d'assurer également la livraison des écoles, de la crèche intercommunale et des centres de loisirs pour offrir un service de portage accessible et de grande qualité. Ce choix permet en effet aux trois agents administratifs qui assurent la livraison des repas de consacrer du temps aux 40 bénéficiaires en situation de dépendance."
Couleur Lauragais : En quoi ce service géré par Cœur Lauragais est-il particulièrement exigent ?
E.Bonhoure : "Dans le choix du prestataire de service qui nous fournit les repas nous avons été attentifs à la qualité des produits, au prix de revient des repas mais aussi à l'utilisation de produits locaux. L'entreprise retenue après une consultation est une SCOP, elle est donc gérée par les salariés. Elle correspond à une éthique qui répond à notre objectif. Nous réalisons des évaluations qualitatives auprès des personnes que nous livrons et nous rencontrons le traiteur pour lui communiquer les désirs ou les besoins des usagers. Cette livraison permet de mettre en place ou de garder un lien social qui rassure et qui donne du sens à ce service."
* Marlène Thomas, l'un des trois agents qui sillonne les 22 communes de la Communauté de Communes, nous livre son témoignage.
Couleur Lauragais : Qui sont les bénéficiaires du service de portage de repas ?
M.Thomas : "Des personnes âgées de plus de 60 ans ou en situation de handicap. Le service est proposé midi et soir mais beaucoup de personnes âgées trouvent les repas très copieux et conservent la soupe et un dessert pour leur dîner. Le coût s'élève à 6,12€ par repas."
Couleur Lauragais : Les bénéficiaires ont-ils la possibilité de choisir leur menu ?
M.Thomas : "Oui, nous leur distribuons le menu de la semaine suivante afin qu'ils puissent opter pour l'un des 2 plats au choix, 2 entrées sur les 4 proposées et 2 desserts parmi les 8 suggérés. Nous prenons soin à ce que leur choix soit adapté à leur régime alimentaire et à d'éventuelles restrictions."
Couleur Lauragais : Comment le facteur humain entre-t-il en ligne de compte ?
M.Thomas : "Il est essentiel sans quoi je ferais un autre métier ! D'abord, nous ne sommes que trois pour assurer les livraisons quotidiennes, les bénéficiaires nous connaissent, nous attendent. Une relation personnalisée et privilégiée s'est construite au fil des jours, nous prenons le temps de les écouter ou d'être simplement présents à leur côté. Nous ne cloisonnons pas, et bien souvent, je change une bonbonne de gaz ou peut être conduite à réagir à une situation d'urgence en attendant que les personnes compétentes arrivent. Ce lien privilégié me permet d'être vigilante et de signaler toute anomalie aux partenaires du réseau social oeuvrant sur le territoire. Le service rendu est bien entendu de qualité en matière de restauration mais le service de portage à domicile va bien au-delà d'une simple aide matérielle, c'est avant tout une présence et un accompagnement au quotidien."

Soignants, famille, amis et voisins forment une véritable chaîne de solidarité autour des personnes dépendantes.
Certains territoires organisent également des séances destinées à écouter les difficultés rencontrées par les proches
afin de leur permettre de mieux vivre cette situation. crédit photo : fotolia©alexander Raths

Isabelle Barèges

1 - Personnes âgées de plus de 85 ans
2 - Etudes et résultats, n°730, juin 2010, Caractéristiques socio-démographiques et ressources des bénéficiaires et nouveaux bénéficiaires de l'APA, Cl. Debout, DREES