Le miel et ses mille secrets de jouvence
Elles nous effraient lorsqu'elles s'approchent de trop près, nous énervent lorsqu'elles convoitent nos pots de confiture, mais leur va et vient est indispensable au renouveau de Dame nature. Les abeilles, que l'on dit menacées, sont à l'origine de la production de cet or jaune auquel on attribue tant de bienfaits. Que ce soit sur la table, dans l'assiette comme dans le verre, ou sur la peau, on ne cesse de vanter ses effets bénéfiques. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui ne résistent ni à l'odeur, ni au goût de cette gourmandise réconfortante, à la fois douce et parfumée.
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Quand il s'agit de remplir sa mission, l'abeille est infatigable !
Elle peut butiner 700 fleurs par jour, pour information,
1 kg de miel correspondrait à la visite de 5,6 millions de fleurs…
Crédit photo : Couleur Média |
Protéger et défendre les abeilles : un défi d'avenir - La bonne santé de l'abeille est indéniablement un bon indicateur écologique. A eux seuls les pollinisateurs, abeilles domestiques et pollinisateurs sauvages, pèsent lourdement sur la pro-
duction mondiale de nourriture (35%)1 . Des programmes locaux, soutenus par les collectivités locales, encouragent les apiculteurs à développer de bonnes pratiques pour maintenir le cheptel en bon état. Il existe également
des plans de sensibilisation menés à l'échelle nationale, à l'image du programme présenté ci-dessous.
"L'abeille, sentinelle de l'environnement" : tout un programme !
En 10 ans, plus d'un tiers
des abeilles aurait disparu
en Europe. Pour y remé-
dier, l'Union Nationale de l'Apiculture Française propose depuis 2005 un programme national de sauvegarde des abeilles et de la biodiversité. Les collectivités et entreprises signataires de la charte s'engagent à accueillir quelques ruches sur leurs toits, dans leurs jardins ou espaces verts ainsi qu'à informer le public sur les enjeux qui se profilent derrière leur protection et leur défense. A ce jour, le programme compte plus de 50 partenaires au plan national. Les particuliers sont également invités à s'engager en respectant les engagements ci-après, la charte a déjà recueilli plus de 20 000 signataires :
- « Ne pas utiliser de produits toxiques pour les abeilles et l'ensemble des insectes pollinisateurs dans mon jardin
- Chercher des alternatives à l'utilisation des pesticides et des engrais chimiques
- Favoriser la plantation de plantes mellifères dans mon jardin ou sur mon balcon
- Encourager la connaissance de l'abeille et de l'apiculture dans mon entourage
- Promouvoir le rôle de l'abeille, comme sentinelle de l'environnement, actrice de la biodiversité auprès des élus de ma commune
- Découvrir et déguster les produits de la ruche »
Source : www.unaf-apiculture.info
Le miel, fruit de la ruche, mais encore - En ce début de rentrée scolaire, commençons par rappeler quelques fondamentaux…
Un travail d'équipe - Le miel est formé à partir du nectar ou du miellat butinés dès le printemps par les abeilles dans les fleurs. Leur salive va le fluidifier et l'enrichir en enzymes responsables de la transformation du sucre en miel. Ce procédé résulte d'un "travail d'équipe", le nectar et le miellat rapportés et distribués au sein de la ruche vont passer d'une abeille à l'autre en bénéficiant à chaque fois d'un apport de salive. Le miel est ensuite déposé dans les alvéoles pour être conservé et protégé via le dépôt d'un opercule de cire. La main de l'homme (de l'apiculteur) intervient via la récolte des cadres chargés de miel dès le mois d'août. Une fois ôtée la fine pellicule de cire, il recueille le précieux nectar et en épargne une quantité suffisante pour permettre aux abeilles de se nourrir pendant l'hiver.
Miel de fleurs ou de miellat - Le miel peut avoir deux origines : le miel de fleurs ou de nectars qui, comme son nom l'indique, est obtenu à partir du nectar des plantes, et le miel de miellat, issu quant à lui des sécrétions d'insectes suceurs de plante (cochenilles, aleurodes, pucerons, psylles…). Ces derniers rejettent les sucres qu'ils ne peuvent digérer. Ces sécrétions, appelées « miellat » seront par la suite recueillies sur les arbres par les abeilles qui le transformeront en miel selon le procédé décrit ci-dessus. Les miels de miellat sont principalement des miels de forêt, le plus connu étant le miellat de sapin, mais il existe également des miellats d'érable, de châtaigner, de chêne, de tilleul …
Solide, crémeux ou liquide ? - La consistance du miel est en réalité fonction de sa teneur en fructose et en glucose. Les différentes combinaisons de ces deux catégories de sucres sont déterminantes. Si la teneur en glucose est supérieure, le miel aura tendance à se cristalliser, c'est le cas du miel de colza. A l'inverse, si le fructose domine, le miel a toutes les chances de demeurer liquide, comme le miel d'acacia.
Une palette infinie de parfums - Le miel offre mille et un plaisirs gustatifs et olfactifs. Il s'agit d'un véritable festival d'arômes, de couleurs, de matières, et d'odeurs. Le miel sera principalement fonction de la plante butinée et du maintien d'une certaine biodiversité sur la zone de récolte. Dans tous les cas, chaque miel a ses spécificités, la première tenant à la quantité de fleurs butinées. Les miels monofloraux sont élaborés à partir d'une variété unique de plante (miel d'acacia, d'aubépine, de trèfle, de colza …) alors que les miels polyfloraux sont issus de plusieurs variétés (miel de montagne, de printemps, de forêt, de garrigue …).
crédit photo : fotolia@Joanna Wnutk
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En Lauragais, le miel produit est principalement du miel de tournesol. Cependant de nombreux apiculteurs pratiquent la transhumance en transportant leurs ruches sur des territoires voisins offrant de nouvelles ressources mellifères. C'est ce qui explique également la vente en local de miel de romarin, d'acacia ou encore de châtaignier pour ne citer qu'eux.
crédit photo : fotolia©teressa
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10 miels à la loupe - Le miel présente une grande diversité, à l'image des différents territoires sur lesquels il est produit. Consistan-ce, arôme, couleur, pour varier les plaisirs, suivez le guide !
> Le miel d'acacia est souvent liquide, translucide, d'un jaune très clair et brillant. Son goût est léger et délicat et il ferait office de bon régulateur intestinal et bénéficierait de vertus calmantes.
> Le miel d'aubépine est plutôt crémeux, jaune pâle, légèrement ambré et parfumé. On lui prête des effets antispasmodiques permettant de soulager les crampes et autres contractures.
> Blanc à jaune clair, le miel de colza est d'une granulation très fine qui en fait un miel facile à tartiner. Très doux et fin, il serait bon pour la circulation.
> Le miel de garrigue est couleur d'ambre clair, à la fois doux et fruité, aromatique compte tenu de la diversité des plantes présentes sur ce territoire : lavande, romarin, sarriette, thym…. Il aurait des vertus toniques et fortifiantes et serait également diurétique.
?> Le miel de lavande est faiblement ambré, liquide à crémeux, fruité et acidulé. C'est un bon antiseptique ; en cela, il soulage les maux de gorge.
> Le miel de romarin a un aspect granuleux et est de couleur blanche, son goût est légèrement parfumé et délicat. Il faciliterait la digestion.
> Le miel de tilleul est liquide à crémeux, ambré et plutôt parfumé. Diurétique, digestif et sédatif, ce miel peut être consommé le soir pour profiter de tous ses bienfaits.
> Rustique, le miel de châtaignier a une pointe d'amertume bien caractéristique. Il est souvent liquide et serait bon pour la circulation.
> Jaune vif, le miel de tournesol a un arôme léger. Il est souvent associé au miel de colza pour créer des miels « toutes fleurs » ou « crémeux ». Le miel de tournesol serait bénéfique pour les artères.
> Le miel de sapin est un miel liquide à crémeux, plutôt brun, au goût parfois malté. Il serait préconisé pour lutter contre les affections respiratoires et l'anémie.
Très actives, les abeilles ouvrières ont une durée de vie de 3 à 5 semaines en période de production de miel
avant de mourir d'épuisement. La reine vit quant à elle de 1 à 3 ans.
?crédit photo : UNAF-marina gallandra
Zoom sur l'étiquetage du miel
Il est bon de savoir que le miel est soumis à une réglementation stricte en matière d'étiquetage. Elle renseigne notamment le consommateur sur :
- la catégorie de miel vendue, par exemple, miel de fleurs, miel de miellat, miel de rayons (directement extrait de la ruche, tel que récolté par les abeilles) ; éventuellement complétée par son origine florale, végétale (acacia, sapin..) ou territoriale (de montagne, de forêt…)
- son caractère polyfloral ou non
- sa date de durabilité
- le nom ou la raison sociale du fabricant ou du vendeur
- le lot de fabrication
- le pays d'origine |
La récolte du miel se déroule en été, de juin à septembre, en fonction du territoire,
une partie du travail se fait au rucher puis en miellerie. C'est là que les cadres, libérés des abeilles,
seront enlevés un à un de la hausse qui désigne le "magasin à miel" placé dans la ruche.
Le miel est extrait de chaque cadre après un passage sur le bac à désoperculer.
crédit photo : UNAF-Christel Bonnafoux
Un pouvoir sucrant supérieur au sucre - Le principal intérêt nutritionnel du miel tient à son pouvoir sucrant, soit 1,3 fois plus élevé (100 g de miel équivaudrait à 130 g de sucre). En étant raisonnée, sa consommation permet donc de réduire la quantité de sucre ingérée. Par ailleurs, le sucre du commerce est du glucose qui agit avec un effet pic sur l'organisme alors que le miel, associant à la fois du glucose et du fructose, aurait un effet énergétique plus prolongé dans le temps. Attention cependant : comme le sucre, c'est l'ennemi des dents, il ne protège en aucun cas des caries !
Apithérapie : vous avez dit "happy thérapie" ? - Parce qu'ils rivalisent de bienfaits, les produits de la ruche sont utilisés par les hommes depuis toujours jusqu'à devenir les stars du moment des secteurs de la santé et de la beauté au naturel. Exploités sous mille et une formes, ils n'en finissent pas de se multiplier sous la houlette de professionnels très inspirés. Comme son nom l'indique, l'apithérapie consiste à se soigner par les abeilles. Pollen, propolis, gelée royale, cire, miel, venin d'abeilles, les remèdes de la ruche existent aujourd'hui sous divers conditionnements. Utilisés pour le confort ou dans un cadre thérapeutique, on leur prête des bénéfices bien spécifiques.
Le miel - Outre son pouvoir sucrant, évoqué ci-dessus, le miel présente des vertus anti-bactériennes et adoucissantes, il soulage les maux de gorge et certaines affections des bronches.
Le "pollen d'abeilles" - C'est la semence mâle produite par les étamines des fleurs. Il convient de ne pas confondre le « pollen de fleurs », prélevé directement sur les fleurs à la machine et le « pollen d'abeilles », recueilli dans la ruche sur la base des récoltes effectuées par les abeilles. Leur composition diffère, le pollen d'abeille contiendra par exemple des substances supplémentaires comme les enzymes apportées par l'insecte lors de la récolte. En pratique, l'abeille agglomère le pollen sous forme de petites pelotes pesant de 15 à 25 mg qui seront ainsi déposées dans la ruche. L'apiculteur le recueillera par petites quantités, via une trappe à pollen. Appelé le pain des abeilles, il est de couleur marron, orangée ou jaune selon l'espèce de fleur butinée. Son usage par l'homme est relativement récent, il ne remonterait qu'à quelques décennies. Riche en vitamine B reconnue pour ses vertus tonifiantes et anti-stress, le pollen serait un bon stimulant permettant de renforcer le système immunitaire et les performances physiques. Comme chacun sait le pollen est également allergène, pourtant certains thérapeutes le recommanderaient justement pour lutter contre les allergies saisonnières. Il est disponible en vrac, en capsules, en comprimés ou proposé dans le cadre de préparations thérapeutiques.
La propolis - Cette substance résineuse est collectée par les abeilles sur les bourgeons et l'écorce des arbres comme les peupliers ou les conifères, puis mélangée à de la cire et à leurs sécrétions salivaires. Elle est indispensable au colmatage et à l'aseptisation de la ruche. L'apiculteur la collecte en raclant les cadres en bois de la ruche ou y déposant des grilles alimentaires. Une ruche fournit environ entre 60 et 300 g de propolis par an. La résine est utilisée depuis longtemps, on prétend que les Grecs et les Incas l'employaient en usage externe sous forme d'onguent, d'emplâtre, de lotions… On lui prête des vertus principalement antiseptiques, antibactériennes et antioxydantes en raison de sa forte teneur en flavonoïdes (catégorie de polyphénols). La propolis s'administre sous diverses formes : en capsules, comprimés, gomme à mâcher, spray pour les voies respiratoires, ou encore pommade.
La gelée royale - Dans la ruche, c'est la nourriture exclusive de la reine et des larves parmi lesquelles celle destinée à lui succéder ! Sécrétée par les abeilles ouvrières, elle leur apporte fécondité et longévité. En dehors de la ruche, la gelée royale est utilisée pour ses vertus fortifiantes et dynamisantes. Elle est donc recommandée en cure pour lutter contre la fatigue et le stress et s'administre en poudre, gélules, ampoules.
Chiffres-clés :
entre 50 000 et
80 000, c'est le nombre d'abeilles présentes dans la ruche en période de floraison,
il y a également 1 000 à 2 000 mâles mais 1 seule reine !
2 000, c'est le nombre d'œufs pondus par jour par la reine.
70 mg, c'est le butin de nectar apporté par l'abeille à son retour à la ruche.
crédit photo : UNAF-Felix Gil
La cire d'abeille - On connaît son intérêt pour l'entretien des boiseries, mais beaucoup moins son usage en matière de santé. Adoucis-sante et apaisante, elle compte parmi les composants de certaines pommades. Elle est par conséquent régulièrement utilisée en cosmétologie.
Le venin d'abeille - Il s'agit principalement de solutions de venin dilué prescrites pour lutter contre les douleurs musculosquelettiques, rhumatismes, tendinites, arthrites... Il se trou-ve également sous la forme de lotions, de crèmes ou de gout-tes par exemple. Vous avez dit "apipuncture" ? La discipline, toujours populaire en Chine, associe les techniques de l'acupuncture et de l'apithérapie, elle consiste à tremper les aiguilles dans du venin d'abeille avant de les positionner sur des points d'acupuncture. L'apipuncture serait no-tamment recommandée pour lutter contre l'épilepsie.
Très en vogue, les cosmétiques à base de produits de la ruche se multiplient.
Miel, propolis, cire d'abeille, gelé royale …, tous sont reconnus comme de véritables ingrédients de beauté et de vitalité.
crédit photo : fotolia©photoCD
Cosmétiques : le miel un peu, beaucoup, à la folie ! - En raison de ses précieux atouts, on n'en finit pas de décliner les produits de la ruche en cosmétologie. Comme évoquée précédemment, la cire d'abeilles possède par exemple des vertus hydratantes et calmantes inestimables. Elle permet d'assouplir et de protéger la peau tout en la laissant respirer. Elle est notamment utilisée dans l'élaboration de crèmes de jour, de baumes à lèvres… L'eau miellée bue par les athlètes lors des Jeux Olympiques antiques, est aujourd'hui utilisée comme eau démaquillante, à la fois purifiante et adoucissante. Pollen, miel, propolis et gelée royale sont utilisés seuls ou assemblés pour former mille combinaisons de masques détoxifiants, crèmes anti-âge, baumes contours des yeux, déodorants, shampooings … Pour information, les produits de la ruche sont utilisés aussi bien dans l'élaboration de soins du corps conventionnels que dans la cosmétologie biologique. Sur ce secteur, ils sont littéralement sous les feux de la rampe, certaines marques s'appuyant exclusivement sur cette matière première naturelle très en vogue.
Gastronomie : le miel dans l'assiette et dans le verre - Le miel évoque la gourmandise à toute heure de la journée, en toutes occasions : sur des tartines de pain grillées au petit-déjeuner, note aromatique de toutes sortes de douceurs, de salades insolites, de petits plats mijotés ou de boissons suaves. Il est l'élément majeur de la cuisine orientale et, plus généralement, de tous ceux qui affectionnent le sucré salé. Sa note aromatique donne une saveur unique et délicate à toutes les préparations et permet de revisiter les grands classiques de la cuisine traditionnelle : magrets de canards grillés au miel, tendrons de veau et carottes au miel et au cumin, salade de chèvre au miel, madeleines au miel, financiers au miel et aux noix... Par ailleurs le vinaigre de miel fait partie des ingrédients culinaires dans l'air du temps. Dérivé de l'hydromel, il est plus liquoreux et plus doux qu'un vinaigre classique et se prête à tous types de
préparations culinaires (poisson, viande, légu-mes) et assaisonnements. L'hydromel, évoqué ci-
dessus, est présenté dans la mythologie grecque comme la boisson des dieux de l'Olympe. Bois-son fermentée simplement à base d'eau et de miel, l'hydromel serait également l'une des premières boissons alcoolisées consommées par l'homme. A consommer avec modération !
Isabelle Barèges
1- "Importance of pollinators
in changing landscapes for world crops",
Klein AM, Vaissière BE, Cane JH,
Steffan-Dewenter I, Cunnin-gham SA,
Kremen C, Tscharntke T. 2007
Le miel : il nous ôte les mots de la bouche
Fort de sa popularité, le miel est présent dans de nombreuses expressions françaises. Que ce soit pour louer sa douceur, ou, à l'inverse, s'en moquer, l'or jaune se décline sur tous les tons. "Etre tout sucre, tout miel", "Partir en lune de miel", "On prend plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre" ou encore "Bouche de miel, cœur de fiel", le miel n'en finit pas de nous inspirer ! |
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