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Couleur Lauragais : les journaux

Histoire

Le costume traditionnel en Pays toulousain

Au sein de notre héritage culturel, il y a la langue, la musique, les chants et les danses, ses coutumes ... mais aussi le costume, reflet des créations locales, du patrimoine populaire.
C’est à travers le costume qu’éclate la personnalité d’un terroir, la véritable création locale qui “colle” au pays et à ses traditions ! Il doit donc répondre à certains critères d’authenticité. Ses principales caractéristiques ne se résument pas en une seule couleur dominante, comme l’a laissé supposer “la petite marchande de violette“, poupée créée en 1950 à des fins commerciales pour promouvoir la renommée de la violette de Toulouse ! Oublions donc ce violet !

Le costume traditionnel toulousain est encore porté
lors de démonstration de danse d’autrefois. Ici une danseuse
du groupe folklorique “le poutou de Toulouse”.
Crédit photo : Couleur Média


Le costume traditionnel toulousain est encore porté lors de démonstration de danse d’autrefois. Ici une danseuse du groupe folklorique “le poutou de Toulouse”.

En pays Toulousain, Lauragais et proche Gascogne le costume, au contraire, se caractérise par une grande variété de formes et de couleurs, adaptées aux besoins, aux saisons, à la classe sociale, (paysans ouvriers citadins, et petite bourgeoisie). Le costume est un moyen de se singulariser et de marquer son attachement à un clan, un groupe humain, le terroir dont on est issu.
“Cama ditz lo proverbi : Se voles saber ont vas, gaita d’ont venes”
- Si tu veux savoir où tu vas, regardes d’où tu viens !

C’est ainsi que Françoise Dague créatrice en 1962 du groupe “les ballets Occi-tans“, s’est appliquée à restituer au grand public, des costumes issus d’une documentation sérieuse.

La Vestidura (les vêtements) - De la paysanne à la citadine, chacune se différenciait, le vêtement étant fonctionnel et circonstanciel.

Le vestit de la mondina (femme en pays toulousain)
Commençons par la longue chemise de fil de lin ou de métis, cousue main à petits points, garnie de dentelles ou de festons brodés à l’encolure et aux emmanchures. Par dessus un large jupon blanc ou imprimé monté sur une ceinture plate puis froncé à la taille par des rubans de fil passés dans deux boutonnières avec parfois un ou deux volants brodés ou à dentelles.
Sous le jupon un long pantalon blanc à volants brodés ou festonnés ou à dentelles, longueur en dessous du genou.
Enfin les bas en fil ou en coton ou laine en hiver. Ils étaient maintenus avec un porte jarretelles ou au dessus du genou par un élastique, la jarretière.
La jupe est très large et, avec le jupon, fait partie des “cotilhons”. Elle est longue sans trop (à la cheville), avec un pli sur la hauteur, plus ou moins large (suivant la richesse de celle qui l’affichait) et qui permettait de l’allonger ou de le raccourcir. Elle est montée à la taille par des plis plats sur le devant et froncée tout autour à partir des hanches.
Elle est très large, de 4 mètres environ. Quelques teintes utilisées selon la mode de l’époque : le vert empire, le bordeaux, le rouge, grenat, bleu nuit, violet, puce grise, cœur de pigeon ... Le tissu est généralement rayé, parfois uni.
Le davantal(1) (le tablier qui se porte sur la jupe, sur ou sous le corsage à basques) : Il est sans bavette, en satinette noire ou imprimé, parfois à carreaux. Il recouvre largement le devant de la jupe et comporte deux grandes poches. Les jours de fête la grisette (petite main, jeune ouvrière) arbore un tablier en soie unie ou à ramages, brodé de dentelles et de rubans.
La cauçadura (les chaussures) : la femme portait los esclops, sabots pour la paysanne et parfois de l’ouvrière, les bottines pour la citadine et pour toutes, les jours de fête, les petits souliers noirs à talons bottiers.

Les vêtements du haut
Le caraco : une sorte de chemisier en fine cotonnade blanche. Il se met sur la chemise. C’est un corsage pincé à manches longues
collantes ou bouffantes, ou courtes. L’encolure bordée de dentelle est froncée par un ruban. En été le caraco devient guimpe de fine mousseline brodée ou plissée et que l’on montre sous un corselet déboutonné.
Le casavès(2) : corselet à basques et col officier, en coton ou satinette noire ou de couleur, uni ou rayé ou à carreaux. Il est à manches longues, agrémenté parfois de petits plis sur le devant et les poignets. il est fermé devant par une série de
petits boutons de jais ou de crochets. Les boutonnières sont passepoilées. Il peut aussi (en été) être sans manches ni col et largement décolleté sur le devant.

Châles et fichus
La punta(3) (la pointe) est de forme triangulaire ou carrée (repliée dans la diagonale).
Les fichus de cachemires ramagés aux couleurs chaudes, dits châles des Indes, les fichus de velours ciselé avec leurs longues franges de chenille, ceux de soie ou de tulle ou de mousseline brodée au tambour, étaient adaptés à la saison et aux toilettes. Ils se portaient tous avec le même rituel des 3 plis entourant l’encolure et retenus au “vestit” par de grosses épingles à têtes dorées ou de couleur.
La palhola(4) (Chapeau traditionnel du costume de la “mondina” la femme du pays toulousain) est faite de paille blonde naturelle ou noire ; elle se porte à plat sur la tête et non comme les bourgeoises du second Empire, attachée en biais vers la nuque. La calotte plate est entourée d’un large ruban de velours noir ou bordeaux et ramenée sous le menton ou derrière la nuque maintenue par une
épingle.
Sous la palhola, on ne porte jamais de coiffe (cofa - lisa cofa camélada) mais on emprisonne la longue
chevelure dans ”le bendel” ou sarra-cap en fil ou mousseline, bordé de dentelles fines, dépassant du “moucadou“ del cap placé par-dessus. La palhola est utilisée par les femmes pour les travaux des champs en toutes saisons et par tous les temps. On ne la mettait pas pour aller à l’église ou au bal.
Le mocador del cap(5) (moucadou) est un grand mouchoir de cotonnade gris noir blanc (80 x80 cm). Sa mise en place sur le sarra-cap demandait un pliage précis : plié en diagonale sur le dessus de la tête, une pointe repliée sous la nuque, les deux autres ramenées et nouées à plat sur le dessus.
La coiffe(6) (la cofa) : Les coiffes sont un élément important du costume traditionnel. Tout en respectant un code précis, elles se différencient d’un lieu à un autre de l’Occitanie et aussi en fonction de leur utilisation, des événements. La cofa lisa est celle des grands jours. La plus courante est la cofa à pè (coiffe à pied).

1 davantal

2 le casavès

3 La punta

4 La palhola
Le mocador del cap 5
6 La cofa

L’homme
Le “ vestit de l’ôme “ (7) est plus classique et plus sobre. Il est composé des éléments suivants :
- le pantalon : las bragas ou las cauças (prononcer : caouços )
Expressions occitanes : « se bragar » (mettre le pantalon), « baïssar las cauças » (quitter le pantalon),
- La braguette : en Gascon se dit la bartabelo (par analogie avec un loquet),
- Le caleçon : las braïetos, las bragos,
- La ceinture : la cinto (se cintar),
- les bretelles : las bressolanos et la talhola (taillolo) ou faissa (faïcho) c’est une large bande de tissu de laine ou de soie enroulée autour de la taille de couleur rouge ou noire. Elle maintient le pantalon et protège les reins. Portée sur un pantalon de couleur noire ou rayé, parfois à carreaux.
- le gilet : la jaquèto se porte sur une chemise blanche à manches longues que l’homme retrousse pour travailler (se rebussar las margos). Le dos de la chemise (la camiso) est plus long que le devant et arrondi sur les côtés c’est le pendourel,
- le mocador (moucadou) del col : c’est un grand mouchoir de coton (ou métis à carreaux violets ou noirs ou bleus qui se porte noué autour du cou

Enfin les coiffures et les Chaussures :
- le béret (la berèta) que l’homme met tous les jours, est assez large. Pour le travail aux champs il porte un chapeau de paille (un capel). Pour les jours de fête ou grandes occasions il coiffe le feutre.
Et pour bien camper notre homme, en toute occasion les esclops (8), sabots de bois à bride de cuir (las batos) garnis de paille pour travailler, sinon de chaussons en peau
.

sabots
7 costume homme


   On peut admirer des costumes traditionnels portés par les membres du groupe foklorique “Le Poutou de Toulouse” lors de la fête de la Cocagne à Saint Félix Lauragais.

On peut admirer des costumes traditionnels portés
par les membres du groupe foklorique “Le Poutou de Toulouse” lors de la fête de la Cocagne à Saint Félix Lauragais. Crédit photo : Couleur Média

esclops

Quant te costèron los esclops
quand èran noùs
combien te coûtèrent les sabots ?
quand ils étaient neufs
cinq sos de batas (brides)
cinq sos de puntas (pointes)
cinq sos de tachas (gros clous pour la semelle).

Nanou Ippolito

Sources :
Conservatoire Occitan, “Le costume traditionnel” de Françoise Dague, “Ceux du Languedoc” de Jean Lebrau et Paul Sibra,

Texte et dessins de N. Ippolito


Couleur Lauragais n°126 - Octobre 2010