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Couleur Lauragais : les journaux

Histoire

Le calvaire de Laurabuc

Niché au sommet d'une colline boisé au nord de Laurabuc, paisible commune du canton sud de Castelnaudary, se trouve un imposant calvaire, lieu de processions et de prières. Longtemps laissé à l'abandon, ce calvaire est aujourd'hui entretenu par une association locale. Josiane et André Cahuzac nous en retracent le parcours historique et culturel.


Laurabuc, poste avancé de Laurac se situe sur un versant tourné vers l’Est. Seul le moulin, au Nord du village n’est pas à l’abri des vents d’Ouest, et pour cause. A l’Est, sur le côté gauche de la route de Laurac, face au village, se trouve le calvaire, édifié au XIXe siècle ainsi qu’une chapelle.
Laurabuc, poste avancé de Laurac se situe sur un versant
tourné vers l’Est. Seul le moulin, au Nord du village n’est pas
à l’abri des vents d’Ouest, et pour cause. A l’Est, sur le côté
gauche de la route de Laurac, face au village, se trouve
le calvaire, édifié au XIXe siècle ainsi qu’une chapelle.

Historique du Calvaire de Laurabuc
Dans les années 1830, une épidémie de choléra atteignit la France. En 1835, le Lauragais fut touché et à Castelnaudary on dénombra 174 morts, soit 2% de la population.
A l'instigation du curé de Laurabuc, l'abbé Prosper Bize, les paroissiens firent le voeu de fonder un calvaire pour remercier Dieu s'il les épargnait de cette maladie épidémique contagieuse. Il en fut ainsi, la population sortit indemne du fléau. Le curé traça le chemin de croix sur une petite colline boisée située à l'entrée du village. Pendant des années, toutes les familles s'unirent, suivant leurs moyens, pour financer ce qui allait devenir le calvaire, inauguré en 1854.

Recherche étymologique de Laurabuc

Au coeur du Lauragais, entre plaine et collines, le village de Laurabuc, 400 habitants, se situe à 8 km de la capitale mondiale du cassoulet, en plein coeur du pays cathare et non loin du Canal du Midi. Nous disposons pour rechercher son étymologie de 2 ouvrages qui font autorité : le "Dictionnaire topographique du Département de l'Aude" par l'Abbé Sabarthès (1912) et "Les noms de lieux du Lauragais" par Lucien Ariès (2008).
Selon l'Abbé Sabarthès, la 1ère graphie, en 1227, est : Sanctus Petrus de Lauriaco Bug ; on trouve ensuite : Lauragum Bucum en 1309 ; Laurabuc apparaît en 1443 (archives de l'Aude, assiette du diocèse civil de Saint Papoul), la forme définitive datant de 1781.
Lucien Ariès reprend la 1ère graphie indiquée par l'Abbé Sabarthès et attribue au nom moderne la même origine que celle de Laurac (Laurus : le laurier), Buc étant une variante de puch, (du latin podium, le village étant bâti sur une petite colline). Laurabuc est donc la hauteur où pousse le laurier.

Carte situation Laurabuc

Un travail laborieux
Des pierres de taille du Gard, arrivaient depuis Beaucaire par le Canal du Midi jusqu'à l'écluse de Saint Martin Lalande. Elles étaient acheminées par charrettes à boeufs afin de construire les 14 stations du Chemin de Croix. A l'intérieur de chacune d'elles, achetés à Paris, les tableaux relatant la Passion du Christ furent offerts par des familles du village et des membres du clergé. Leurs noms sont gravés sur des plaques en marbre.
En 1871, en haut de la colline, fut achevée une chapelle dédiée à Notre Dame des Sept Douleurs. Lors de sa bénédiction, les habitants jurèrent fidélité au repos dominical. Une messe y était célébrée chaque mois par le curé de la paroisse, le curé apportait la Sainte Réserve (l’ostie) de l’église de Laurabuc car elle n’était pas conservée dans la chapelle.
En 1885, 3 imposantes croix, celle du Christ et celles des deux larrons, ont été dressées au dessus de la chapelle. Elles dominent la plaine du Lauragais.
Ce lieu saint se révéla un endroit de prières et de recueillement très fréquenté. On y venait avec ferveur pour les Rogations (prières publiques et processions) afin d'attirer sur les champs la bénédiction divine, en mai pour célébrer la Vierge Marie, en juin pour le Saint Sacrement… Sans compter, nous confiaient les anciens, toutes les fois où "nous venions demander la pluie ou le beau temps".

Au XXème siècle, peut-être en raison du déclin de la pratique religieuse, de la première guerre mondiale, la chapelle tomba en ruine et le calvaire dans l'oubli…

L’origine des calvaires
Au temps du Christ, à Jérusalem, le rocher du calvaire ou Golgotha était surmonté de gibets sur lesquels les romains mettaient à mort les condamnés. Golgotha signifierait : crâne. Ce nom vient sûrement de la présence d'ossements et de crânes. Mais il se peut aussi que le sommet de la colline eût la forme d'un crâne.

Au XIVème siècle, après l'échec des croisades, les moines franciscains prirent l'initiative de reproduire les épisodes de la Passion du Christ. Ceux qui ne pouvaient se rendre à Jérusalem avaient donc la possibilité de méditer sur place les souffrances de Jésus.

On trouve plusieurs définitions au terme ''calvaire'' :
1 - Colline à l'extérieur de Jérusalem sur laquelle le Christ fut crucifié.
2 - Colline sur laquelle on a planté une ou plusieurs croix, où l'on se rend en pèlerinage, en priant aux 14 stations rappelant les principaux épisodes de la Passion du Christ.
3 - Croix unique ou triple, élevée sur une hauteur pour commémorer la Passion du Christ.
D'autres définitions existent selon différentes sources.

La Passion du Christ fut une succession d'épreuves difficiles et de souffrances. Dans le langage courant, de nombreux synonymes évoquent le même martyre : douleur, enfer, supplice, torture, affliction, chemin de croix…

Les stations du chemin de croix sont les étapes du parcours du Christ lors de sa montée au calvaire. Le nombre de stations varia jusqu'à la fin du XVIIème siècle où il fut fixé à 14. Dans le chemin de croix traditionnel, il y a plusieurs stations qui ne correspondraient pas à un épisode évangélique de la Passion mais qui viendraient de la tradition (les 3 chutes de Jésus, sa rencontre avec sa mère et celle avec Véronique).

À l'intérieur de la plupart des églises et chapelles, on trouve un chemin de croix. Il consiste en 14 croix en bois, fixées sur les murs de l'église, accompagnées habituellement d'une peinture ou d'une sculpture représentant le sujet de la station. Les croix sont disposées à des intervalles tels qu'elle jalonnent un chemin, en les parcourant les fidèles font le tour complet de l'église. Il y a aussi des chemins de croix à l'extérieur des églises, souvent dans la nature comme celui du calvaire de Laurabuc, à l'ombre de la végétation méditerranéenne longeant le sentier

À l'intérieur de la plupart des églises et chapelles,
on trouve un chemin de croix. Il consiste en 14 croix en bois, fixées sur les murs de l'église, accompagnées habituellement d'une peinture ou d'une sculpture représentant le sujet
de la station. Les croix sont disposées à des intervalles
tels qu'elle jalonnent un chemin, en les parcourant les fidèles font le tour complet de l'église.

Il y a aussi des chemins de croix à l'extérieur des églises, souvent dans la nature comme celui du calvaire de Laurabuc,
à l'ombre de la végétation méditerranéenne
longeant le sentier

Crédit photos : Josiane et André Cahuzac

Les 14 stations traditionnelles
du calvaire de Laurabuc :

Ière station Jésus est condamné à mort.
IIème station Jésus est chargé de sa croix.
IIIème station Jésus tombe sous le poids de sa croix.
IVème station Jésus rencontre sa très Sainte Mère.
Vème station Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix.
VIème station Une femme pieuse essuie la face de Jésus.
VIIème station Jésus tombe pour la seconde fois.
VIIIème station Jésus console les filles de Jérusalem.
IXème station Jésus tombe pour la troisième fois.
Xème station Jésus est dépouillé de ses vêtements.
XIème station Jésus est cloué sur la croix.
XIIème station Jésus meurt sur la croix.
XIIIème station Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère.
XIVème station Jésus est mis au tombeau.

Station du chemin de croix calvaire de Laurabuc

Restauration du calvaire par une association de bénévoles
Malgré son inscription au titre des monuments historiques, le calvaire de Laurabuc montrait à la fin du XXème siècle un état d'abandon inquiétant. Sous l'impulsion de dynamiques villageois, attristés de voir leur "chère colline" en piteux état, une association fut créée en 1986. L'association pour la sauvegarde du calvaire est composée uniquement de bénévoles laurabuciens ou de villages alentours, de toutes confessions et même athées… A leur début, ils furent aidés par des personnes bénéficiaires du RMI dans le cadre de la politique d'insertion, par des légionnaires, des scouts et des sympathisants…
Depuis, ces volontaires ont réédifié des stations, restauré les tableaux représentant la Passion du Christ, consolidé et repeint les 3 immenses croix… En 2000, dans le cadre de l'opération "Coeur des villages" lancée par la Communauté des Communes de Castelnaudary et du Bassin Lauragais, des apprentis en insertion ont reconstruit la chapelle à l'identique utilisant les pierres des murs écroulés… Plusieurs fois par an, une trentaine de bénévoles se réunissent pour entretenir la magnique végétation méditerranéenne aux es-sences rares où prédomine le pin d'Alep…

Une maquette réalisée au 1/30ème, en végétaux naturels, fut particulièrement admirée lors de la fête du cassoulet dans le cadre du "village des villages".
Grâce aux bénéfices du loto annuel, à la subvention municipale et aux dons, les membres de l'association perpétuent l'oeuvre entreprise il y a plus de 25 ans.

Une intervention efficace des légionnaires
En 1989, sous le commandement du colonel Grail de la Légion Etrangère basée à Castelnaudary, des légionnaires ont gracieusement sécurisé le site. Ils ont, entre autres, coupé des arbres menaçants ou morts … et distribué le bois aux habitants du village.

Chantier national pour les scouts
A cette même époque et pour une durée de 6 ans, les scouts ont apporté leur aide précieuse à la réhabilitation du lieu. Le calvaire de Laurabuc était inscrit comme camp de travaux à l'échelon national. Durant 2 étés consécutifs, l'une en juillet, l'autre en août, 2 équipes de la région parisienne, ont débroussaillé… Ces jeunes ont retrouvé les pierres d'une station entièrement démolie et d'une autre partiellement. Ils ont remonté chacune d'elles, éboulées dans les ravins, les ont numérotées, ont redessiné les stations afin de pouvoir les rebâtir semblables aux originales… Ce travail de reconstruction fut effectué par les membres de l'association.
Les scouts de Castelnaudary et de Carcassonne venaient également très régulièrement travailler sur ce chantier.

Le Christ veille sur le Lauragais
Le Christ veille sur le Lauragais- Crédit photo : Josiane et André Cahuzac

Visite des élus
En 2000, le président du conseil général, Mr Marcel Raynaud, accompagné de Mr Patrick Maugard, maire de Castelnaudary, vinrent constater et encourager le dur labeur des bénévoles au terme de la réfection de la chapelle.

Cérémonies religieuses
En juillet, une messe célébrée annuellement dans la chapelle est animée par la chorale locale. Le chemin de croix, dévotion catholique, effectué chaque Vendredi Saint, est de plus en plus fréquenté par de très nombreux pèlerins. Le prêtre et ses fidèles, portant la croix à tour de rôle, s'arrêtent devant chaque station, prient, écoutent une exhortation ou chantent un cantique… Plusieurs processions ont lieu ce même jour. Egalement, de nombreux catéchistes, accompagnés de leurs "protégés" viennent bien sûr dans un but religieux. Ils en profitent aussi pour passer une agréable journée sur ce tertre à l'ombre de pins séculaires.

La chapelle ressuscitée de ses ruines
La chapelle ressuscitée de ses ruines - Crédit photo : Josiane et André Cahuzac

Actuellement, le calvaire a retrouvé son aspect originel. Cependant, il ne faut pas croire que le bout du tunnel est atteint. Heureusement, le nombre de bénévoles laurabuciens de souche ou d'adoption ou des environs, désireux de participer à l'opération de sauvegarde lancée il y a un quart de siècle ne cesse de croître. Ces personnes ont à coeur d'entretenir ce jardin silencieux qui s'enroule autour de la butte. Ce site, joyau du Lauragais, reste rare dans la région. Indépendamment de sa vocation religieuse, c'est un agréable lieu de balades très fréquenté par de nombreux promeneurs et touristes. Le calvaire est en permanence ouvert au public. Nous vous invitons chaleureusement à venir découvrir ce merveilleux havre de paix.

Josiane et André Cahuzac
Renseignements et dons : 04 68 60 24 87
Association de sauvegarde du calvaire de Laurabuc


Couleur Lauragais n°122 - Mai 2010