Halles en Languedoc : les halles de Castelnaudary
Au cours des siècles, les halles ont toujours été le coeur de la cité, favorisant l’économie grâce aux échanges qui s’y effectuaient lors des foires et marchés. Simples ou monumentales, elles étaient construites de forme rectangulaire ou carrée, plus rarement ronde (comme à Auvillar) ou hexagonale (comme à Toulouse) comprenant un bâtiment principal et une pièce où l’on conservait les mesures à grain. La toiture était soutenue par une belle charpente, vrai chef d’oeuvre d’assemblage et d’équilibre. |
La halle aux grains en 1925 avec impostes vitrées et rideaux métalliques - crédit photo : collection Francis Falcou |
La première halle, place de Verdun
Dans son “Essai historique sur la ville de Castelnaudary”, 1905, Jean Baptiste Connac mentionne l’existence d’une première halle édifiée devant la Collégiale St Michel et qui fut démolie en 1721, pour être transférée au quartier Sainte Croix (actuel quartier de la Place de Verdun).
Elle était en si mauvais état au début du XIXème siècle, par manque d’entretien, que le conseil municipal, dans sa séance du 25 mai 1823, décida la construction d’une halle au blé, ”au carré du cours Maillé”, actuel cours de la République. Selon le projet envisagé, la halle du quartier Sainte Croix devait ensuite être démolie. La dépense était évaluée à 19 525 F. Comme la ville disposait du tiers de la dépense seulement, elle décida de vendre l’abattoir, pour une somme de 3000 F, ainsi que les terrains situés aux alentours de la nouvelle halle, afin d’y bâtir des maisons ; elle porta ainsi ses ressources à 12 000 F ; le reste fut demandé sous forme d’aide au conseil général.
Le Sous- Préfet approuva ces propositions et les transmit au Préfet avec les plans projetés de la halle et de la place. Le Préfet proposa que la place ait une forme carrée, et non pas ronde comme prévu, pour donner plus de facilité de circulation. Le conseil municipal approuva cette suggestion le 17 août 1823.
Il fallut attendre 1826 comme l’atteste la plaque en plomb apposée sur la façade Nord pour que la première pierre de la nouvelle halle aux grains soit posée. On peut lire : “L’an mil huit cens vingt six a été posée la première pierre de la halle, régnant très excellent Prince Charles X, le Marquis d’Hébrail étant le Maire de cette Ville.
Fait par Noubel frères et Mailhebiau frères.”
La halle aux grains dans son état primitif - crédit photo : collection Francis Falcou
La construction de la nouvelle halle dura cinq ans ; pendant ce temps, la vieille halle Sainte Croix continuait de se dégrader, mais n’était pas démolie pour autant. Lors de la Révolution de 1848, la lecture solennelle de la Constitution Républicaine fut faite du balcon de cette halle de Ste Croix par le maire, Joseph Besse. Elle était encore au centre des discussions municipales en 1872, avec l’aménagement de la place du Planal, appelée aussi place aux herbes (aujourd’hui place de Verdun). C’est dans la séance du conseil municipal du 25 octobre 1872 que fut décidé l’établissement de boutiques de boucheries à la place aux herbes pour “supprimer l’aspect sordide qu’offraient à la vue, les échoppes des bouchers, dont on avait toléré, jusque là, l’existence au beau milieu de la principale place de la ville” .
Les réparations de la halle de Verdun et l’achèvement de la place avec sa fontaine étaient aussi prévues. Parvenue jusqu’à nous telle qu’elle était à la fin du XIXème siècle, elle a dû subir une importante restauration, à l’automne 1992, sous la municipalité de Bernard Embry : remise en état de la toiture et de la charpente, réfection du dallage. Les travaux de maintenance ont été poursuivis par la municipalité de Patrick Maugard, au premier semestre 2005 : reprise de l’étanchéité de la terrasse et réfection de la rambarde en pierre de taille.
La halle de la place Verdun après sa restauration de 1992 à 2005 - crédit photo : couleur Média
Halle de plein vent elle était, halle de plein vent elle est demeurée.
La halle de la Place de la République
Après sa construction achevée en 1831, la halle aux grains de la Place de la République a connu des aménagements avant de subir de lourdes modifications.
En 1921-1922, furent réalisés des travaux de fermeture au moyen de rideaux métalliques et d’impostes en fer vitrées qui ont subsisté jusqu’à la seconde guerre mondiale. Sa transformation et son agrandissement en salle des fêtes, décidés en 1947 par la municipalité Degrave, fut l’oeuvre de la municipalité Garouste, de 1950 à 1953 ; elle comporta l’adjonction, côté Nord, d’un hall qui desservait un important balcon, puis, côté Sud, d’une scène pour représentations théâtrales ou des concerts, à laquelle était adossé le Centre médico scolaire.
Les avant dernières modifications apportées à l’édifice par la municipalité de Bernard Embry avaient consisté, en 1991, à installer l’Office de Tourisme dans le hall, créer une salle d’exposition au premier étage, deux bureaux au deuxième étage, rénover toutes les façades, vitrer deux arches latérales, et rendre au bâtiment son nom de halle aux grains.
La halle aux grains, place de la République de nos jours |
Détail de la plaque figurant sur le fronton de la halle de la place de la République Crédit photos : couleur Média |
La refonte totale du bâtiment, avec réfection de la toiture, démolition de la scène et du balcon, ravalement des façades en ton pierre, vitrage des six arcades latérales, réaménagement intérieur permettant des séances de cinéma, selon les plans de l’architecte d’intérieur Jean Paul Lavail, a été entreprise au printemps 2006, par la municipalité de Patrick Maugard. Elle rapproche le bâtiment de son aspect d’origine et lui offre de nombreuses possibilités d’utilisations.
L’inauguration solennelle de cette rénovation par le Préfet de l’Aude, feu M. Lemaire, a eu lieu le 29 novembre 2008.
Voici comment Castelnaudary a heureusement su conserver ses deux halles, l’une de plein vent, l’autre fermée, pour répondre aux besoins de la population.
Francis FALCOU
Président des Amis de Castelnaudary et du Lauragais
Sources consultées : Archives municipales, fonds moderne w106
Archives des Amis de Castelnau-dary, fonds Estève et Imbert.