Un peu d'histoire
Le concours de labour est né en Angleterre en 1945. C'est durant une exposition agricole qu'est organisé le premier événement de ce type. L'année suivante au Canada se tient également le premier championnat de labour de l'Ontario.

En 1947 le Canada se joint à la Grande-Bretagne pour le premier "Empire Ploughing Match". La compétition comptait 27 laboureurs avec des chevaux et 28 avec des tracteurs. Forts de la réussite de l'événement, l'idée d'un concours international se précise. En 1950 la Suède entre en jeu, toujours accompagnée de la Grande-Bretagne et du Canada.

C'est en 1952 que la World Ploughing Organisation est créée avec pour membres fondateurs la Grande-Bretagne, le Canada, la Suède, les Pays-Bas, la République d'Irlande, et la Finlande. Le premier championnat du monde se tient en Ontario en 1953 et compte également la Nor-vège, l'ex-RFA, les USA et le Danemark.

En France, c'est à l'initiative du Cercle National des Jeunes Agriculteurs qu'est lancé en 1954 le premier concours national. C'est également cette même année en Irlande que la France se lance dans la compétition mondiale. Dans un objectif international et afin de structurer la participation des agriculteurs français aux championnats mondiaux et européens, l'association France Labour a été créée en 1988. C'est elle qui gère en partenariat avec les Jeunes Agriculteurs la sélection des candidats, l'intendance, la logistique ainsi que des aides financières.

Notions de base
Charrue simple, réversible, socs, versoirs, labour en planches, labour à plat, dérayure, terrage, déterrage, ... autant de mots curieux à l'oreille du profane. Labourer peut paraître un acte simple et automatisé, mais en réalité cela demande un grand savoir-faire et une technicité à toute épreuve.

André Grilhères (à gauche) se prépare à la compétition avec l'aide d'Albert Viret (à droite),
entraîneur national venu spécialement de la Drôme pour le conseiller.

Le labour ou labourage est une technique de travail du sol, ou plus précisément de la couche arable d'un champ cultivé. Elle s'effectue avec une charrue et consiste à ouvrir la terre à une certaine profondeur et à la retourner. Labourer permet d'aérer la terre et de la préparer à être ensemencée, tout en mélangeant les résidus de culture, le fumier et les engrais. Il permet également d'enfouir les mauvaises herbes et retarde la pousse de celles-ci.

La charrue est le plus important instrument aratoire, apparue dès le Moyen-Age en Europe. Elle dérive de l'araire utilisé depuis la nuit des temps, et se différencie par l'utilisation d'un versoir qui rejette la terre d'un seul côté (travail dissymétrique). Les versions modernes de charrues, tirées par des tracteurs peuvent compter de nombreux socs et sont de types simples ou réversibles.

Le labour peut se faire de deux manières selon le type de charrue :
- Le labour en planches ou billons, réalisable par une charrue simple. Il consiste à faire un ados avec 4 tours de charrue sur le côté de la parcelle.
- Le labour à plat quand à lui n'est possible qu'avec une charrue réversible. A chaque extrémité du champ, la charrue est retournée de façon à retrouver le même sens de déversement de la terre. La parcelle ainsi labourée est homogène. Elle comporte elle aussi une dérayure, un ados et des sillons en épi.

Méthodologie de la compétition
Au niveau national la compétition se fait en plusieurs épreuves : des cantonales (plus de 600 cantons), puis départementales, régionales et enfin la finale nationale. Ce sont près de 8000 participants et 20000 jeunes qui s'impliquent pour l'organisation de ces compétitions.
Elles se déroulent sur deux types de terrain, prairie et chaume, et se divisent en deux catégories principales : le labour en planches et le labour à plat. En fonction du nombre de socs sur la charrue (2,3 ou 4) et de la catégorie de labour, la surface de la parcelle varie entre 12 et 40 ares. Le choix du matériel est libre et le compétiteur est en droit d'apporter des améliorations sur sa charrue.

Le classement se fait par points et les participants sont jugés sur la qualité de leur labour selon l'alignement et la régularité des sillons, une profondeur précise (au centimètre près), une raie de labour régulière et nette, une entrée et une sortie de charrue en terre très précise (terrage et déterrage), et enfin l'enfouissement parfait de l'herbe ou du chaume. Et tout ceci dans un temps imparti.

Les objectifs
"L'amour du travail bien fait", c'est la devise de l'association France Labour.
Etre agriculteur c'est un travail mais avant tout une passion. Ces concours sont l'occasion pour les agriculteurs de montrer leur savoir-faire, de partager des techniques et de se perfectionner. Ils leur permettent de découvrir les différentes régions françaises, l'Europe, le monde et leurs populations.

Autour de ces événements, des animations sont organisées : des expositions de matériel agricole, démonstrations de chevaux… Le public peut admirer le labour à l'ancienne avec des chevaux de trait ou encore admirer d'anciens tracteurs. Et surtout faire la fête !

Le labour en Lauragais
André Grilhères défendra donc les couleurs du Lauragais à Zabreh, en République Tchèque lors des championnats d'Europe 2009 en septembre prochain.
Agriculteur de 61 ans originaire des Cassès, André a déjà une certaine expérience du labour en compétition : champion de France en 1981, finaliste européen en 1995, 1998 et 2000. Il a décroché sa 4^ème participation aux championnats d'Europe lors des sélections internationales à Angers en septembre dernier.
Il prépare avec le plus grand soin son tracteur et sa charrue qui seront peaufinés jusqu'au plus petit détail. Pour participer à ce championnat, il va travailler sans relâche avec pour ambition de se faire plaisir et de faire connaître son métier aux yeux du monde.
“Il ne s’agit pas d’un championnat de Formule 1 et l’on n’y participe pas pour les gains, nous dit-il. On y participe pour aller à la rencontre des autres et profiter de ces intenses moments de partage”. En ces temps difficiles, il n’est pas aisé de trouver des sponsors, mais qu’importe, le plaisir avant tout !
Quand on demande à André quel est le souvenir qui lui vient à l'esprit en pensant aux concours auxquels il a participé, il nous parle d'une grosse pierre, pesant au bas mot 40 kg, qui s'est trouvée sur son chemin alors qu'il participait à un concours en Alsace. L'idée l'a traversé de récupérer cette pierre et de la ramener chez lui. Ce n'est que quelques années plus tard qu'il a finalement trouvé son utilisation. Il a ainsi sculpté dans de l'ormeau un meuble sur le pied duquel il a posé son trophée, cette grosse pierre. Et ce meuble décore désormais sa maison, agréable souvenir de ses participations aux concours de labour.

Les qualités d'André ne s'arrêtent pas aux concours de labour,
c'est aussi un artiste qui a su faire "d'une pierre, deux coups" !

Soutenu par ses amis, Michel Berjaud, responsable des labours français et Jean Latché, jury national et Maire de Roumens, il compte bien ramener une médaille encore cette année. Nous le lui souhaitons de tout coeur pour son plus grand plaisir !

Interview : Christine LE MORVAN
Documentation : Aurélien FAGET