Nouvelles balades en Lauragais au vieux pays des mille collines
A quelques centaines de mètres du cimetière cathare de Montesquieu, à une dizaine de mètres des stèles discoïdales de Montferrand ou d’Airoux, ou encore à une poignée de kilomètres de Baziège, siège d’une célèbre bataille de la Croisade contre les Albigeois en 1219, l’autoroute file de Toulouse à Carcassonne. Et si le pastel s’élève parfois dans les champs du Lauragais, il ne parvient pas à recouvrir les braises cathares. Par une nuit sans lune, elles illuminent le ciel de Saint Félix Lauragais. Dans les ruelles de la petite cité, on peut encore discerner l’empreinte des pas de Nicétas, cet évêque cathare venu de Constantinople en 1167.
Le Lauragais ?
C’est le pays de Laurac, dérivé du patronyme gallo-romain “Laurus” un village situé à 12 km au Sud Est de Castelnaudary, fief d’une famille qui domina tous les “castra” des collines ; le plus fameux enfant de cette lignée, Guiraude, seigneuresse de Lavaur, fut jetée vive dans un puits par les Croisés en 1211.
Les limites du Lauragais suivent des rivières, ou bien les jalons imposés par de petites villes : au Sud, de Venerque à Belpech, puis au Nord, on inclut Bram dans le Lauragais avant de glisser quelques kilomètres sur le Lampy, atteindre Sorèze, Puylaurens, Verfeil et enfin Castanet. Les principales routes du pays sont verrouillées par une douzaine de bastides, toujours implantées dans des endroits stratégiques : Villefranche et Labastide d’Anjou sont les deux clefs qui commandent le seuil de Naurouze et Saint Félix domine la route de Castelnaudary à Revel, à l’Est du Lauragais. Cette dernière bastide est tardive. Fondée en 1342 par le roi de France Philippe VI de Valois, devenue centre mondial du meuble d’art, elle s’est nichée au pied de la Montagne noire.
Torrents de pluie
La Montagne Noire, baptisée ainsi à cause de ses sombres forêts, vieux massif brisé au Nord, descend lentement vers le Sud. Les forêts de Ramondens, de l’Aiguille, tapissent ses versants, parcourues par des profondes vallées, véritables coups de couteaux, comme celles de l’Alzeau, du Lampy ou de la Bernassonne. Ici, c’est le château cathare de Roquefort, si méconnu, qui pointe une tour désolée et presque inaccessible, au dessus du torrent Sor. Il se noie dans les frondaisons qui font la part belle, là-bas aux épicéas, plus loin aux chênes verts, ou aux oliviers vers Montolieu. A la richesse des espèces végétales, se combine la hauteur phénoménale des pluies qui s’abattent sur la montagne. 1500 mm d’eau par an ! Des averses brutales en été, des brouillards en hiver, des pluies fréquentes en toute saison. Ces eaux cheminent ensuite soit vers Toulouse, soit vers la Méditerranée.
C’est en cette terre lauragaise qu’éclata aussi le génie de Pierre Paul Riquet, lorsqu’il s’employa à capter les flots des torrents pour les conduire jusqu’à Naurouze, au point le plus haut de son canal. Le “canalet” qui les véhicule s’appelle la Rigole de la montagne ; elle rejoint la Rigole de la plaine, un autre prélèvement des eaux du Sor à Pont Crouzet, aux Thoumases. De là, suivant les courbes de niveau, ces ondes abondantes courent jusqu’à Naurouze, conditionnant le fonctionnement du canal du Midi.
Vent des fous Le vent d’autan, ”l’aunta” en occitan, est le vent maître du Lauragais, comme le mistral est celui de la vallée du Rhône et de la Provence. A Bram et à Castelnaudary, on lui préfère le nom de marin, mais partout on le reconnaît comme étant le vent qui rend fou ou le vent du diable. Plu-sieurs jours avant qu’il ne souffle, il est possible de distinguer, depuis Castel-naudary, les moindres détails de la chaîne des Pyrénées. “L’auta bol buffa” annoncent les paysans. Il se lève lentement d’abord, puis devient furieux avec des pointes de 100 à 120 km à l’heure ; il abat les cheminées, renverse les 2 CV et coucha même, en 1916, plusieurs wagons du petit train du Lauragais, près de Revel. Puis le vent tourne, le cers s’installe, amenant la pluie. Les vents d’Ouest sont très nombreux : le bordelais, le bayonnais... Ils expliquent l’extraordinaire densité des moulins dans le Lauragais, qui se comptent par centaines, dont celui de Cugarel qui se dresse fièrement sur la colline de Pech, à Castelnaudary. Il y a 50 000 ans, les vents fossiles quaternaires furent encore plus violents. Au point de façonner et d’user des cailloux de quartzite, les fameux “dreikanter” ou cailloux éolisés, du nom d’Eole, le dieu des vents chez les Grec. Armés de milliards de grains de sable, sous un climat froid et désertique, les vents ont ainsi dégagé des surfaces planes se recoupant à angles très vifs. Ces cailloux originaux sont plus gros et plus beaux du côté du Mas Saintes Puelles. Autre ouvrage né de l’obstination des vents, la plaine de Pexiora, vaste dépression sans rivière, qui s’étend à l’Est de Castelnaudary. |
La puissance du vent en Lauragais est tell que l'on peut apercevoir des platanes déformés du côté de Dourgne |
Dans toute la plaine ponctuée par Revel, Cas-telnaudary, Pexiora et Bram, les vents continuent d’accentuer la sécheresse estivale. Pour lutter contre elle, les paysans ont dû développer un puissant système d’arrosage fondé sur les réserves du barrage de la Ganguise, près de Salles sur l’Hers. Ainsi irriguée, la plaine porte des cultures originales : pastel, porte graines, asperges et melons. Nouvelles cathédrales de ciment, les coopératives de Castelnaudary et de Bram sont devenues le symbole de la puissance agricole du Lauragais.
Sols féconds
A l’ouest, les collines, qui s’inclinent doucement vers Toulouse, sont naturellement drainées par une série de petites rivières parallèles, la Hize, l’Hers mort, la Marcaissonne, la Saune et le Girou. Sur ces sols d’une fertilité exceptionnelle, s’épanouissent tournesols, à la place grandissante dans les assolements, et blé. Fondement aujourd’hui encore de l’agriculture lauragaise, la culture de ce froment a atteint son apogée au XVIIIe siècle, grâce au canal du Midi.
Au coeur des “collines du pastel”, un couloir partage le Lauragais en deux. Des fractures, des cassures des couches de terrain, la molasse en cet endroit, ont provoqué l’affaissement d’un bloc et une dépression ou gouttière. Grâce à son fond plat sans aucune pente, elle a été occupée par une immense forêt, des millénaires durant. Depuis Toulouse jusqu’au seuil de Naurouze, ce taillis marécageux recevait les eaux du Marès et de l’Hers. Une forêt sauvage, où l’on chassait l’auroch au IXe siècle, défrichée au XVIe siècle et dont les marais n’ont disparu que vers 1860.
Cette voie naturelle de passage a toujours été privilégiée par les hommes. La voie romaine est ainsi encore visible à Bram et entre Baziège et Montgiscard, où elle traverse le couloir sur des ponceaux (ou pountils). C’est aussi cette route qu’empruntèrent les Gaulois au IIIe siècle avant JC, les Romains en 118 avant JC, qui apportèrent leur civilisation et leur langue.
Route des invasions
Ce couloir vit également cheminer les premiers chrétiens, arrivant de Narbonne (on connait notamment le martyre de Saint Sernin ou Saturnin en 250 après JC), déferler les Wisigoths dont Toulouse fut la capitale pendant plusieurs siècles, les francs venus de l’Ouest, les Arabes depuis Carcassonne vers 720. C’est à partir de cette époque que Baziège utilisa à son tour ce sillon afin d’échanger, sur son marché, le sel des salines de Gothie, c’est à dire provenant de la région narbonnaise. Ce fut ensuite au tour des pillards anglais du Prince Noir en 1355 et des Anglais de Wellington en 1814 de traverser le couloir. Les derniers furent les SS de la division “Das Reich” en juin 1944.
Aujourd’hui, la concentration des voies de communication est spectaculaire. Depuis Avignonet Lauragais, on aperçoit côte à côte, dans une proximité anachronique, l’antique voie romaine, la nationale 113, le canal de Riquet creusé au XVIIe siècle, le chemin de fer, tracé au XIXe siècle, l’autoroute construite en 1975, et même des témoins, deux phares au néon de 1925, de la célèbre ligne aérienne de l’Aéropostale où s’illustrèrent Mermoz, Saint Exupéry et Guillaumet.
Pays cathare par excellence : 50% de catholiques, 50% d’hérétiques, selon l’historien Michel Roquebert et ter-
re volontiers gagnée par
la rébellion, le Lauragais arbore autant de vestiges de la réaction catholique. L’abbaye de Saint-Papoul se dresse ainsi comme
un joyau d’architecture religieuse. Fondée au VIIIe siècle, elle offre des parties romanes bien conservées, malgré d’importants remaniements et abrite un trésor : le cloître et les modillons extérieurs du Maître de Cabestany, l’un des plus puissants artistes du Moyen Age. Lions, béliers, têtes humaines et faces simiesques déclinent le bestiaire roman sur des chapiteaux extérieurs et les modillons, animés par de surprenants trous au lieu des globes oculaires, trait de génie et spécificité de leur sculpteur. Et tandis qu’ils nous regardent avec une intensité effrayante, on croit entendre les lions dévorer les Babyloniens.
Balades dans la région de Lanta Voici une étude sur chacune des 10 communes qui composent le canton de Lanta ; dans chacune d’entre elles il y a toujours quelque chose à voir : une modeste église du 18e siècle, une chapelle ou un pigeonnier non répertorié ; un monument aux morts, souvent une simple plaque. Aigrefeuille (577 habitants selon le recensement de 1999), dotée d’une superficie modeste (462 hectares), fait partie de cette couronne de micro-communes qui entourent Lanta et qui ne possédent pas d’agglomération : les églises sont souvent isolées au milieu des champs ; l’ensemble s’appelle le Lantarès. Aigrefeuille a une histoire réduite à quelques dates comme celle de 1342 où Guillaume Hunaud de Lanta possède la basse justice de la seigneurie ; la puissante famille des Hunaud domine tout le Lantarès ; en 1444 la seigneurie appartient à Pierre de Roquettes, puis au 16e siècle à la famille Rigaud. Au 20e siècle, la proximité de Toulouse en fait une commune résidentielle dont la population s’accroît de 135 % entre 1990 et 1999. L’église, restaurée en 1964, n’a que deux baies campanaires. Aurin (245 habitants) est une petite commune (749 hectares) qui n’a pas d’agglomération et l’habitat est entièrement dispersé sous forme de fermes isolées. L'église possède le clocher-mur trian-gulaire traditionnel du Lau-ragais, avec trois baies ; dédiée à Sainte Appolonie, elle semble dater du 15e siècle, puis a été remaniée ; une autre église, Saint André est très récente (19e siècle) avec son cimetière ; elle est entourée de champs cultivés consacrés au blé et au tournesol. Bourg Saint Bernard compte 779 habitant en 1999 ; placé sur un plateau dominant la vallée du Girou, le site du village actuel est habité dès la Préhistoire ; ce village est attesté dès 1147 lorsque Saint Bernard prêche contre les hérétiques cathares à Verfeil, mais chassé de ce castrum, le saint se réfugie à un Bourg qui prend ensuite son nom ; après la Croisade contre les Albigeois, le bourg passe à l’évêque de Toulouse qui en reste seigneur jusqu’à la Révolution. La culture du pastel a fait la richesse de la région ; en 1585 un dénombrement fait état de 20 moulins pasteliers, 8 moulins à vent et 5 moulins à eau. L’église Saint Bernard a été plusieurs fois remaniée surtout au 19e siècle. Un tableau connu de Sieurac représente le saint en train de prêcher. Un château intéressant est celui de Roques dans la plaine du Dagour. Le monument aux morts avec sa tragique liste de disparus témoigne du drame de la guerre 14-18. Lanta, 1175 habitants en 1999, dépasse 1300 en 2009 : son expansion est spectaculaire. Au 13e siècle, Lanta appartient à une puissante famille cathare, les Hunaud qui luttent contre les Croisés pillards et qui participent activement à la victoire occitane de Baziège en 1219; une femme de la famille est Marquésia, célèbre pour être montée sur le bûcher de Montségur en 1244 avec sa fille Corba et sa petite fille Esclarmonde. Au Nord de Lanta, le hameau de Saint Anatoly conserve un très beau pigeonnier, fort bien conservé, carré, sur six piliers et une très belle église du froment (18e siècle). Un autre hameau, Saint Sernin de Sanissac a conservé le moule dans lequel on a fondu une cloche. A Lanta, l’église, en cours de réparation, a un clocher original avec des cloches suspendues hors des murs. |
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Lauzerville (887 habitants) se situe à 10 km de Toulouse d’où son explosion urbaine de 2000 à 2009. Le château, place de la république, est du 18e, avec deux étages ; aux archives municipales un document intéressant du 5 mars 1790 fait apparaître clairement l’acte de naissance de la commune. Le clocher de l’église est classique avec trois baies.
Préserville (359 habitants) ; au 16e siècle la seigneurie appartient à la famille d’Assézat célèbres marchands de pastel de Toulouse ; dans l’église nous observons la dalle funéraire de Jean Pierre d’Assézat datée de 1757. A voir, un pigeonnier carré sur murs au lieu-dit “en Farine”; le clocher de l’église est classique avec trois baies.
Saint Pierre de Lages (377 habitants) ; sur son territoire s’élève le collège récent du canton de Lanta. La paroisse comprenait deux consulats : le Bousquet et Lagarde-Lanta, réunis sous le nom de Saint Pierre de Lages ; les Hunaud en étaient les seigneurs. Le château du Bousquet qui comprend deux tours massives et un corps central, fut construit semble t-il au 18e siècle. L’église Saint Barthélémy, restaurée en 1978, a un clocher original : mur à trois étages superposés.
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Sainte Foy d’Aigrefeuille (1631 habitants) a connu une explosion démographique récente : 272 en 1972, 1631 en 1999. A l’église une cloche est datée du 16e siècle, donc de la belle époque du pastel, dans ce canton de Lanta, le pastel est partout présent avec “des églises du pastel”, “des châteaux du pastel”, des cloches ou “des pigeonniers du pastel”. L’église Sainte Foy est dotée d’une nef unique, le clocher à base carrée est à étages et surmonté d’une flèche. A Tarabel, un magnifique château du pastel (16e) avec de très belles fenêtres à meneaux et belles briques foraines ; il a été restauré plusieurs fois, notamment au début du 20e siècle. Pour l’église, clocher mur triangulaire, 3 baies. Vallesvilles (291 habitants) ; la commune est traversée par deux ruisseaux : la Seillonne et la Saune. La culture du pastel a été aussi très importante mais ici, une originalité : la présence de nombreux mûriers dans les allées conduisant aux châteaux témoignent de l’élevage des vers à soie ; la production de la soie a perduré jusqu’en 1940. Le château du Pujolet semble du 18e, l’église a un clocher tour octogonal. |
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Niché entre les côteaux verdoyants du Lauragais, dans la vallée de la Saune, Sainte-Foy d'Aigrefeuille est un village qui offre l'avantage du calme, de la beauté de son paysage vallonné et de la proximité de la ville. Son église possède une cloche du XVIe siècle et son portail est de style gothique moderne. |
Des balades dans la Montagne Noire
- Partie méridionale du Massif Central, la Montagne Noire domine de plusieurs centaines de mètres les plaines qui l’enserrent ; la zone centrale s’élève progressivement, de l’Ouest vers l’Est jusqu’au sommet du Pic de Nore. Cette montagne ancienne a été aplanie et reprise à l’ère tertiaire lors de la formation des Pyrénées et des Alpes, elle est alors cassée et faillée. Un basculement du bloc vers le Sud offre une dissymétrie spectaculaire entre versant Nord et Sud. Le versant Nord domine la ligne Revel, Sorèze, Mazamet de plusieurs centaines de mètres : Revel est à 220 m, les Cammazes à 600 m, la Régine à 650 m, Mazamet à 230 m et le Pic de Nore à 1211 m. Les rivières s’y encaissent profondément, la vallée du Sor dessine un trait de scie avec des cascades comme celle de Malamort. Le versant Sud s’appelle souvent la pénéplaine du Cabardès et descend doucement vers le Fresquel, avec des vallées fortement creusées comme celles de l’Alzeau, le Lampy, la Bernassonne, le Tenten, avec des gorges et des ruptures de pentes fréquentes.
La Montagne Noire est partagée entre 4 départements, l'Aude et le Tarn en sont les principaux tandis que la Haute-Garonne et l'Hérault en sont les bordures. |
Pour se lancer dans les balades dans cette Montagne, il faut aller quérir des documents aux Offices du Tourisme de Revel, de Sorèze ou de Mazamet. Des balades à pied (45) sont proposées dans un guide très bien fait (voir bibliographie).
Je propose d’abord une balade à pied dans la région du village d’Arfons : depuis Revel prendre la route de Sorèze jusqu’à Arfons, un vrai village de montagne, au climat très rude, aux murs protégés contre les vents pluvieux par des plaques de schistes. Autour, les forêts de hêtres et de conifères sont immenses : la plus célèbre est celle de Ramondens.
Depuis Arfons, une route nous conduit à la prise d’Alzeau, point de départ d’autres balades ; l’Alzeau est un torrent qui s’écoule Nord-Sud et surtout très abondant, avec des crues spectaculaires (10 000m3/seconde en 1931). C’est ici que Riquet, le concepteur du Canal du Midi, a établi un barrage en 1670, en donnant naissance à une Rigole (petit canal) qui conduit les eaux de l’Alzeau jusqu’à Naurouze, sur 60 km. Le barrage de Riquet était construit par l’empilement de poutres de chêne et ainsi l’on pouvait l’élever ou l’abaisser selon les besoins ; le tracé de la Rigole est une prouesse technique avec une pente très faible, sur 60 km, jusqu’au bief de partage du canal. Depuis la Galaube prendre la petite route qui conduit à Fontbruno à l’imposant monument aux morts du Maquis de la Montagne Noire 1944.
La Piège - C’est la région située au Sud est du Lauragais, entre Salles sur l’Hers et Belpech, couvrant les communes des cantons de Belpech, de Salles et une partie de Fanjeaux ; il s’agit d’une région agricole très médiocre, voire très pauvre et un vrai désert démographique : le canton de Salles est le moins peuplé avec celui de Tuchan dans les Corbières. Les sols sont minces sur des molasses caillouteuses, avec de grosses lacunes chimiques et craignant fort la sècheresse estivale ; l’avoine était au 19e siècle la céréale principale qui se vendait au marché de Castelnaudary où elle était transportée par le “petit chemin de fer de la Piège”, puis par les chevaux du vignoble. Aujourd’hui, un peu de tournesol et quelques troupeaux de moutons ; beaucoup de forêts.
Pour se balader dans la Piège, point de départ Salles, prenons la D 15 et nous arrivons à Payra sur l’Hers : ici l’église possède un très beau portail roman avec sur le piédroit oriental un lapin sculpté ; à proximité le château du 16e siècle laisse apparaître une très belle fenêtre à meneaux. Toujours sur la D 15, un panneau indique “château La Tour” : il s’agit du château d’Antioche si célèbre dans l’histoire religieuse du Lauragais ; c’est dans ce château que couchèrent 50 cavaliers qui le lendemain massacrèrent les Inquisiteurs à Avignonet (mai 1242). Antioche était certainement un grand château avec un village et une église dont on connaît l’emplacement ; le curé d’Antioche devient évêque d’Avignon au 14e siècle, lorsque les papes (des occitans) habitaient dans cette ville. Devenu ensuite évêque de Mirepoix, l’ancien curé d’Antioche repose dans l’église de Belpech.
Le lac de la Ganguise (ou Retenue de l'Estrade) est un lac de barrage de 278 hectares situé dans le département de l'Aude près d'Avignonet-Lauragais. Il est apprécié des véliplanchistes pour ses vents continus et réguliers et sa taille assez importante. |
Aux confins ouest du département, l'avant-pays pyrénéen s'anime en rondes collines mollassiques : les collines de la Piège. Elles constituent la partie sud du Lauragais et s'étendent de Fanjeaux à Toulouse entre la plaine du Lauragais au nord, la plaine de l'Ariège au sud et le Razès à l'est. |
Toujours au départ de Salles, revenons quelques kilomètres vers l’Ouest et après la contemplation du lac de la Ganguise et la couleur unique de ses eaux, nous arrivons au “château de Belflou”. Récemment et magnifiquement restauré, il s’agit d’une forteresse du 14e siècle, avec un énorme donjon, des machicoulis, des fossés (douves) toujours emplis d’eau ; une merveille d’architecture militaire. Un autre château, toujours à Belflou, est celui de la Barthe (ou camping cathare), dans la cour intérieure une énorme stèle discoïdale (1,2m de hauteur) représente une
silhouette humaine, bras et jambes é-cartés : “c’est l’hom-me de Belflou”.
Toujours depuis Salles, gagnons le Puy de Faucher (510m) d’où nous découvrons un immense panora-ma : au Nord la Montagne Noire, vers l’Est le Pic de Bugarach, le plus haut sommet des Corbières ; au Sud la chaîne des Pyrénées et Montségur. Puis en virant vers l’Ouest, gagnons Belpech, ici un joyau : le portail roman de Belpech, reste roman d’une église aujourd’hui disparue. Située en arrière du portail, l’église actuelle est gothique. D’autres portails romans se situent en Lauragais : Payra, Belberaud mais aucun n’est aussi complet que Belpech.
Jean ODOL
Bibliographie :
Jean Ramière de Fortanier : “Les droits seigneuriaux en Lauragais”, étude de chaque paroisse 1981
Jean Odol : Etudes des communes des cantons de Lanta
et de Nailloux “Le patrimoine des communes de la Haute Garonne”, 2 tomes de 800 pages Editions FLOHIC (un exemplaire dans toutes les mairies de la Haute Garonne).
R. Monpezat : “Journal de marche du Corps Franc de la Montagne Noire”, Livre émouvant par le chef du maquis
Guide “Balades à pied et VTT dans la Montagne Noire”, Editions Chamina 1997
J. Nougaret : “Le portail roman de Belpech”, Montpellier 1983
Crédit photos : Couleur Média