accueil
Couleur Lauragais : les journaux

Jean Vignes : 50 ans de relevés climatiques à Revel et ses environs

Conseiller agricole durant de nombreuses années et aujourd'hui à la retraite, Jean Vignes a, pendant plus de cinquante ans, étudié le climat du canton de Revel. Ayant conservé le fruit de son minutieux travail, il nous en propose aujourd'hui une synthèse.

Jean Vignes passionné de climatologie
Passionné de climatologie, Jean Vignes effectue toujours pour son plaisir les relevés de l'abri de Revel,
même si une nouvelle station automatisée a été mise en place.

Les relevés quotidiens de pluviométrie, de température, de vitesse des vents et d'hygrométrie faits par Jean Vignes étaient transmis toutes les semaines au service régional de protection des végétaux, à Balma. Cette antenne du ministère de l'agriculture et de la pêche publie pour chaque canton, en fonction de ces données, des avertissements agricoles utiles aux maraîchers, viticulteurs ou agriculteurs qui peuvent ensuite, par exemple, mettre en place les traitements phytosanitaires, les semis ou choisir de ne pas traiter les cultures.
C'est Jean Vignes qui, dès son affectation dans le canton, s'est proposé pour mettre en place et gérer la station de Revel par passion et volonté de mieux informer les agriculteurs. Il a donc, durant cinquante ans, chaque jour, quelles que soient les conditions climatiques, collecté de précieuses informations, remplacé, lors de ses vacances, par des proches.

Le matériel utilisé
Les relevés sont effectués sous un abri climatologique réglementaire ventilé ce qui permet d'obtenir la température de l'air ambiant sans que les relevés ne soient affectés par l'ensoleillement.
L'abri est équipé de deux thermomètres, un à mercure et l'autre à alcool (ces deux liquides n'ayant pas exactement les mêmes propriétés de dilatation thermique, la moyenne de leurs deux résultats est utilisée). Le thermomètre à alcool comporte, en outre, un système permettant de marquer les minimas.
Un thermographe permet d'enregistrer la courbe de température. Ses résultats sont comparés aux données fournies par les thermomètres (réputés plus fiables).
Les précipitations sont quant à elles récoltées à l'aide d'un pluviomètre. Celui-ci est équipé d'un couvercle percé en forme d'entonnoir afin d'éviter l'évaporation en été. En hiver, l'appareil se transforme en nivomètre lorsque l'on ôte le couvercle. L'eau récoltée est ensuite versée dans une éprouvette graduée puis mesurée. (A titre indicatif : 1 cm de neige équivaut à 1 mm d'eau, soit 1 l d'eau au m2).

Thermograph
Au premier plan, le thermograph automatique qui trace la courbe des températures.
au fond, le thermomètre à alcool (à gauche) et celui à mercure (à droite).

Pluviometre
Le pluviomètre : d'un diamètre d'environ 30 cm, il est muni d'un couvercle ajouré
afin d'éviter que l'évaporration ne fausse les mesures effectuées.

Quelques données générales
Dans la proche région revéloise, les périodes les plus sèches courent de fin janvier à fin mars puis de juillet à septembre. Les périodes les plus arrosées sont avril, mai et parfois juin. Par exemple, en 50 ans, il n'y a eu que cinq mois d'avril considérés comme secs (moins de 40 mm de pluie) contre trente-et-un considérés comme bien arrosés (plus de 65 mm) ; sept mois de mai secs pour trente-trois bien arrosés.
La pluviométrie moyenne entre 1957 et 2007 est de 834,3 mm/an avec une légère diminution sur les vingt dernières années (802 mm/an entre 1986 et 1996 puis 715 mm/an durant la décennie suivante). A titre indicatif, à Labécède (environ 360 mètres d'altitude), selon les relevés effectués par Jean Vignes, les précipitations étaient en moyenne de 939,8 mm/an entre 1996 et 2005; la station de Toulouse-Blagnac a, quant à elle, enregistré une moyenne de 609,5 mm/an entre 1999 et 2008.
Difficile, cependant, d'en tirer des conclusions ou des tendances à plus long terme.
En effet, ces chiffres restent des moyennes et ne reflètent pas forcément la réalité du terrain. On peut parfois constater des disparités importantes d'une année sur l'autre mais également d'un mois sur l'autre. Voici quelques exemples d'irrégularités surprenantes :

Mars 1960 : 113,1 mm Mars 1961 : 5,5 mm
Juin 1976 : 5,5 mm Juin 1977 : 114,8 mm
Mars 1990 : 9,8 mm Mars 1991 : 119,2 mm
Mars 1990 : 9,8 mm Avril 1990 : 107,2 mm
Septembre 1984 : 137,4 mm Septembre 1985 : 0 mm

Cependant, il semble, d'après les constatations de Jean Vignes que la tendance soit à une baisse de la pluviométrie. (Voir tableau suivant)

1957 - 1966 846 mm/an
1968 - 1982 825 mm/an
1986 - 1996 802 mm/an
1997 - 2007 715 mm/an

Mais, comme le montre le graphique n°1, la "sécheresse" n'est pas l'apanage de ces dernières années : 1967 détient le record des plus faibles précipitations avec 469,3 mm seulement suivi par 1989 (523,2 mm), 2001 (549,7 mm) et 2006 (550,9 mm).
Du côté des années pluvieuses, nous retrouvons 1996 avec 1176,8 mm et 1992 (1136,6 mm). Ces deux années exceptionnelles ont contre-balancé à elles seules les déficits en eau des années suivantes et précédentes mais elles ne modifient pas la tendance générale à la baisse.

graphique pluies Revel
Ce graphique représente les quantités de précipitations sur Revel entre 1957 et 2007,
il est le fruit des mesures bénévoles quotidiennes effectuées par Jean Vignes.

Ces exemples, parmi d'autres, montrent bien les brusques changements et l'irrégularité de la pluviométrie dans la région de Revel. Ces aléas sont la conséquences des variations de direction et de puissance des vents ainsi que de température.

Jean Vignes
(Propos recueillis par P. Catanzaro)

Le détail des relevés effectués par Jean Vignes est disponible au format .pdf.

Crédit photos : Jean-Luc Sarda

Couleur Lauragais n°107 - Novembre 2008