Noël en 1930 au Mas Saintes Puelles
Alfred Cazeneuve a passé son enfance au Mas Saintes Puelles, une petite bourgade de l’Aude située dans le sillon du Lauragais, canton Sud de Castelnaudary, où il est né le 22 juillet 1923. Il a conté dans un mémoire la vie quotidienne au Mas en 1930. Arrêtons-nous ce moi-ci sur son récit des noëls d’antan. |
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La tradition de Noël
Cette grande fête religieuse voyait beaucoup de fidèles se presser aux trois offices. La veille, le confessionnal ne désemplissait pas. On confessait jusqu’à tard le soir. Les enfants, quant à eux, y étaient allés dans l’après-midi.
La crèche était érigée dans la chapelle face à la porte d’entrée. Des santons, beaucoup de papier multicolore plantant le décor, des anges, statuettes dont l’une avait la tête articulée et qui semblait dire merci quand une pièce de monnaie était glissée dedans. Je me souviens avoir mis, tout gosse, des pièces dans cet "ange". L’abbé Rieux nous avait distribué, une fois, une pièce de deux sous au cours du catéchisme et nous avait accompagné à la crèche pour la remettre à l’ange. Il était sûr de récupérer l’argent à la sortie !
A la sortie de la messe au Mas Saintes Puelles
La messe
La messe de Minuit était très suivie. Du village, des campagnes, on venait à la messe. Le temps importait peu. Comme il neigeait souvent pour Noël (les saisons ont changé aujourd’hui), les gens des fermes venus en sabots se déchaussaient dans le porche de l’église ou chez des amis et mettaient leurs chaussures de ville pour l’office. Beaucoup de ferveur, de communication ! Et le fameux "Minuit Chrétiens" tant attendu qui était chanté par le chœur de chant ainsi que "Le Divin Enfant" ou "Les Anges dans nos campagnes". Le jour de Noël, deux messes et les vêpres étaient suivies. Les gens avaient veillé, même les enfants ; ils avaient passé la veillé de Noël au coin de l’âtre. On avait mis dans la cheminée la bûche de Noël, une grosse bûche qui devait durer jusqu’à minuit. Avant le départ à la messe, on éteignait le foyer, une étincelle pouvant provoquer un incendie, mais on gardait un bout de tison consumé. Pourquoi ? Certaines croyances voulaient qu’on glisse le tison sous le lit de la parturiente afin que l’accouchement se passe bien.
Crédit photo : Couleur Média
Noël à la maison
Le Père Noël allait passer dans la nuit. Les sabots astiqués et cirés étaient alignés devant la cheminée. En rentrant dans la nuit du Loto, le père les garnissait d’un paquet de bonbons, et d’un petit sabot en chocolat dans lequel un petit Jésus tout rosé trônait. Peu de jouets chez les gens modestes : quelquefois un vêtement, des sabots, mais toujours le paquet de bonbons contenant des dragées, des fondants, des pralines. Je n’ai jamais entendu parler de réveillon ! La crèche restait encore quelques jours dans la chapelle, puis, on rangeait les santons pour l’année prochaine.
Alfred Cazeneuve
Auteur du livre "Le Goût de la Vie dans le Lauragais d’Autrefois",
La Gouttière, mars 2005
Noël d’antan C’était il y a longtemps, lorsque j’étais enfant. La bise souffle fort, la neige, en abondance C’est Noël, jour de fête pour les petits, les grands. Mais je parle du temps où les cadeaux sont rares. La veillée sera longue et, dans l’âtre embrasé, Malgré le froid, la neige, les gens vont à l’Office. Alfred Cazeneuve |
Aujourd’hui Petit Papa Noël est très sollicité, |