Le Lauragais, essai de définitions |
Laurac : berceau du Lauragais Crédit photo : Couleur Média |
Le Lauragais se définit, au Moyen Age, comme la région autour du castrum (un château entouré d’un village) de Laurac, situé à 12 km au Sud Est de Castelnaudary, à proximité de Fanjeaux. La puissante famille des seigneurs de ce lieu possédait la moitié orientale du Lauragais actuel, jusqu’à Baziège où ils percevaient des taxes sur le marché au sel de Badera aux 12ème 13ème siècles. L’identité du Lauragais est très forte avec une puissante agriculture soutenue par la richesse exceptionnelle des sols : les terreforts. Pour la cerner géographiquement, il faut distinguer entre le Lauragais historique et le Pays Lauragais, ce dernier créé en 1995. |
Formation du Lauragais historique
Le Lauragais historique apparaît à la fin du 10ème siècle avant J.C et se constitue progressivement par la superposition de nombreuses divisions religieuses, judiciaires, politiques. Le Lauragais religieux correspond à un archidiaconé puis et surtout "un évêché du Lauragais" est centré sur Saint-Papoul, l’église cathédrale de l’abbaye bénédictine consacrée en 1317. L’évêché disparaît en 1790.
Parmi les divisions judiciaires, en 1252 une jugerie (ou judicature) est créée par le comte de Toulouse, Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis : avec la création d’un juge royal siègeant à Castelnaudary, elle est le symbole de l’implantation royale en Lauragais qui était indépendant à l’intérieur d’un puissant comté de Toulouse qui disparaît. Les forteresses comptales sont détruites et remplacées par de nouvelles constructions-forteresses : les bastides (Villefranche, Revel, Saint Félix). Le pouvoir royal est renforcé par la mise en place d’une sénéchaussée et un Présidial centré sur Castelnaudary.
Le bassin de Castelnaudary
Crédit photo : Couleur Média
C’est une comtesse du Lauragais célèbre, Catherine de Médicis, la future reine de France, qui met en place la sénéchaussée en 1553. Le sénéchal est un officier royal de haut rang ; le Présidial est un tribunal s’occupant d’affaires importantes. La sénéchaussée sert de cadre dans lequel s’effectuent les élections de 1788 qui désignent des députés aux Etats Généraux de 1789, ceux-là mêmes qui feront la Révolution de 89. Parmi les députés du clergé, on note le curé de Baziège Guyon.
Le Comté de Lauragais est créé par le roi Louis XI en 1477 avec des limites très proches de celles de la sénéchaussée. Les comtes sont choisis dans une illustre famille ayant du sang royal : les Latour d’Auvergne, descendants d’un frère de Saint Louis. Une comtesse de Lauragais est célèbre dans l’histoire de France : Catherine de Médicis, qui par son mariage avec Henri II, est reine de France, au 16ème siècle. Le comté disparaît en 1790.
Le vieux Lauragais perdure, en 1802, par la création des arrondissements de Villefranche et de Castel-naudary, jusqu’en 1926. La définition du Lauragais historique se complique en 1995, par la création du Pays Lauragais.
En 2005, définitions du Lauragais historique, du Pays Lauragais et du Sicoval
Les diverses divisions précédentes se superposent (à peu près) pour donner une identité : le Lauragais historique dont les limites sont indiquées sur la carte. Les bourgades limites sont : Venerque, Auterive, Calmont, Mazères, Belpech, Fanjeaux, Bram, La vallée du Lampy, Durfort, Puylaurens, Cuq Toulza, Verfeil, Castanet, Venerque. Petit par ses dimensions, ce Lauragais regroupe 140 000 habitants, plus que le département de l’Ariège. Les villes principales sont Castelnaudary, Revel, Villefranche de Lauragais, Baziège, Escalquens, Labège, Castanet. Toutes connaissent un essor démographique fulgurant. Cet ancien Lauragais perdure depuis le 10ème siècle, et de façon plus précise, depuis la jugerie royale de 1252 donc mille ans d’histoire, étudié dans sa thèse par Jean Ramière de Fortanier ; son ouvrage comporte la liste précise des villages et communautés lauragais.
Le Pays Lauragais est une création récente (1995) et très originale. Il ne s’agit pas d’une nouvelle identité qui se superposerait aux communes et cantons, mais une association qui s’occupe des problèmes sociaux, économiques et surtout culturels d’une région présentant une forte spécificité, pas très grande ni trop petite. Les membres de cette communauté nouvelle sont les maires, les conseillers généraux, les acteurs économiques, les associations culturelles (historiques, musicales) les spécialistes de l’art, de l’architecture... Ses membres ne sont pas élus mais cooptés, donc un organisme nouveau et original. Le siège est à Montferrand, au seuil symbolique de Naurouze et à proximité aussi de l’obélisque de Riquet. Il existe plus de 400 Pays en France actuellement. Une charte de développement économique a été élaborée ainsi qu’un plan d’aménagement touristique.
Le Pays Lauragais compte 160 communes qui sont, en Haute Garonne, celles des cantons de Lanta, Caraman, Revel, Villefranche, Nailloux, les 5 cantons de l’Aude : Castelnaudary Sud, Castelnaudary Nord, Salles sur l’Hers, Belpech et Fanjeaux. Puis, sont venues s’ajouter quelques communes du Tarn venant des cantons de Cuq Toulza, Puylaurens, Dourgne. Avec des dirigeants particulièrement dynamiques, le Pays Lauragais connaît un bel essor.
Une partie des communes du Lauragais Historique a formé en 1975-1990 une communauté d’agglomérations : le SICOVAL (Syndicat Intercommunal de la Vallée de l’Hers). Regroupant au départ 6 communes, elles sont maintenant 36, urbaines et rurales, autour du complexe Labège-Innopole (6 000 emplois). Pionnier de l’intercommunalité de projet et créateur de la taxe professionnelle unique, le SICOVAL conduit une action ambitieuse pour conforter un bassin de vie et d’emploi dynamique. Il compte aujourd’hui 65 000 habitants, 25 000 hectares dont 60% réservés aux espaces naturels et agricoles, 4 parcs d’activités, 950 entreprises et 30 000 emplois.
Labège Innopole : activité économique et respect de l'environnement Crédit photo : Couleur Média |
Labège Innopole Crédit photo : Vincent Laratta |
Les autres définitions du Lauragais
On doit aussi définir un Lauragais Economique par quelques souvenirs : pays du blé et du pastel qui nous ont légué en 2005, une puissante agriculture céréalière, du maïs, des plantes à huile (colza, soja, tournesol), une production de volailles en expansion, et la création de labels de protection. D’énormes coopératives céréalières comme Baziège, Castelnaudary, Bram ou Belpech se sont développées ; les zones industrielles se gonflent régulièrement : l’Innopole de Labège, la zone de la vallée de l’Hers (Baziège-Ayguesvives-Montgiscard), Revel, Sorèze, Castelnaudary, Bram. Un Lauragais économique en plein essor !
Enfin, le Lauragais Démographique est caractérisé par une explosion de population, depuis Castanet jusqu’à Bram. Dans tous les villages apparaissent des constructions neuves, des lotissements impressionnants. Des établissements scolaires flambants neufs : St Pierre de Lages, le Vernet, Ayguesvives, Nailloux. Une population nouvelle très jeune : on compte ainsi dans 17 communes du canton de Montgiscard 1 600 enfants de moins de 6 ans qui attendent des crêches, des écoles maternelles et dans quelques années un nouveau collège et un lycée.
Un lotissement en construction près du collège de Saint Pierre de Lages
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La nouvelle école primaire de Saint Félix Lauragais Crédit photo : Couleur Média |
Le Lauragais connaît aujourd’hui une mutation spectaculaire avec un avenir économique et démographique assuré pour des décennies, en liaison avec Toulouse : le journal local vient de publier une étude sur le nouvel Air Bus 350 après le 380. L’ autoroute A 66 Toulouse-Pamiers a désenclavé le Naillousin dont la démographie explose. Le nouveau barrage de la Ganguise vient d’être inauguré avec doublement de la retenue : 44 millions de m3...
Un Lauragais qui n’a pas fini de nous étonner par sa vitalité !
Jean ODOL
Bibliographie :
R. de Fortanier : "Les chartes de franchises du Lauragais", 1939.
J. Odol : le Lauragais - Saint Papoul - essai de définitions - les stèles discoïdales, 300 conférences.
Couleur Lauragais n°77 - Novembre 2005