Peinture & Poésie
Pays natal
Chapelle sous les pins, Huile sur toile, 60 x 60, 1980 |
Souvent
quand je suis las, assis sur une pierre A l'abri d'un sapin, j'aime me reposer La tête entre mes poings et closes les paupières. Foin du corps engourdi, l’esprit court les nuées ! |
Je
vogue en liberté au cœur de paysages, Qui plus beau, qui plus grand, et pourtant le voyage, Quel que soit le chemin où l'esprit me conduise Finit par se poser sur la flèche d'église Qui dans l’eau du " bassin " se double en clairs remous. |
Le grand bassin, Huile sur bois, 78 x 105, 1990 |
Rue de l’horloge, Huile sur bois, 71 x 51, 1999 |
Au
bas je vois l’amas des tuiles du faubourg, Les maisons accrochées au flanc de la colline Le ballet des sapins qu'un vent houleux incline. J'aperçois, alignés tout au long du chemin, Des jardins ratissés avec un tendre soin Puis, raclés par le vent, de vieux moulins d’antan Qui broyaient en chantant le grain pour nos parents. |
Avec
le vent d’autan par les rues je me glisse, Bondis de mur en mur sur ces pierres qu’il plisse. De pente en raidillon, tournant, virevoltant, Je me rue à l’assaut de Saint Michel montant, Large, vaste, solide et qui frémit à peine, Solidement ancré et dominant la plaine, Forci de tant de siècles, habile à résister A ce vent qui l’affouille sans le faire broncher. |
Moulin à St Félix Lauragais, Huile sur toile, 73 x 54, 1995 |
Rue du clocher, Huile sur bois, 54 x 30, 1998 |
Quelques
remous houleux devant la collégiale Tout au coeur du réseau de venelle en dédale, Et voici que soudain sous le proche clocher, Tête avant je m’engouffre inexorablement happé Pour plonger au-delà droit vers les Pyrénes. |
C'est
là que je suis né, que mon cœur a battu Ses premiers mouvements, C'est là que, dans la joie et l'amour, j'ai vécu Mes tout premiers instants. |
Le moulin aux tournesols, Huile sur toile, 81 x 116, 1995 |
Printemps sur la piège, Huile sur bois, 46 x 54, 1986 |
Cet
éther transparent où le soleil se noie Dans un azur bleuté, Est celui qui vibra des premiers cris de joie jaillis de mon gosier. |
Cette
atmosphère pure et cette chaude terre Aux grisâtres noirceurs, C'est en eux que mes yeux avides de lumière Ont puisé leur couleur |
Pont du fresquel, Huile sur bois, 56 x 67, 1983 |
C’est
ce sol qui recut le tremblante caresse De mes tout premiers pas, Ces prés gorgés defleur, cette nature en liesse, Ont ri à mes ébats. |
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Place Saint Michel, Huile sur bois, 36 x 27, 1998 |
Aussi,
quand sonnera au clocher de l'église |
Je
voudrais que mon corps, en cette heure suprême Des glaces de la mort, Vint réchauffer ses plaies en cette terre blême Qui fume sous le soc |
Le gavage des oies, Huile sur papier, 49 x 64, 1986 |
Je
veux que quand mes os redeviendront poussière, Atomes désunis, Ce soit pour devenir de cette douce terre, L’engrais porteur de vie. |
Les plumeuses d’oies, Huile sur papier, 49 x 64, 1986 |
La moisson avant l’orage, Huile sur bois, 116 x 81, 1990 |
Je voudrais
être encore un peu de cet humus Que j'aurai tant aimé Et nourrir de mes flancs que je ne verrai plus Une tige de blé. |
Textes
et Illustrations
Trebor SELLIAVAC, Castelnaudary
Novembre 1955.
Couleur Lauragais N°58 - Décembre 2003/Janvier 2004