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Couleur Lauragais : les journaux

Nature et Jardin

SECHERESSE 2003
Premier bilan dans les parcs et jardins...


Conséquence de la sécheresse de l’été 2003

Les différents symptômes visuels qui auraient dû nous alarmer depuis 18 mois :
- Décoloration des feuilles qui se crispent,
- Les feuilles s’enroulent et se déssèchent (des plus âgées : les premières formées ; au plus jeunes : feuilles récentes), donc de l’intérieur de la plante vers l’extérieur,
- Dessèchement de rameaux : (des plus jeunes : bois d’1 an ; au plus âgés : bois de 2 et 3 ans), donc de l’extérieur de la plante vers l’intérieur,
- Apparition d’une fructification plus importante que "la normale",
- Défeuillaison importante à totale,
- Dessèchement de charpentières (structures porteuses),
- Dessèchement de l’axe central,
- Craquelures sur l’écorce des arbres (charpentières principales et tronc),
- Dessèchement complet de l’arbre.

Il reste toutefois un "grand mystère" vital pour chaque plante : Comment s’est comporté le système racinaire face à cette sécheresse ?... Les grosses racines de maintien et de stockage des réserves ne sont-elles pas trop déshydratées ?... Les jeunes racines qui assurent l’alimentation de l’arbre en eau et en sels minéraux ne sont-elles pas complètement mortes ?...
Avec de telles dégradations de parties vitales, chaque arbre et conifère peut alors devenir un site préférentiel de multiplication des parasites ; on pourra alors distinguer trois grandes catégories d’agents infectieux :
- Les parasites de blessures : insectes et champignons,
- Les parasites de destruction du bois : insectes xylophages et champignons lignivores,
- Les parasites hivernants dans ces structures mortes.


Conséquence de la sécheresse de l’été 2003

Que faire pour sauver ses propres plantes ?...
Dans un premier temps, il ne faudra pas se précipiter et attendre les premières grosses pluies d’automne...
Les plantes vont avoir besoin d’une très longue période humide et pluvieuse "pour relancer" une ré-hydratation totale de leurs tissus.
Il ne faudra jamais oublier que la plante n’utilise qu’une très faible partie de l’eau infiltrée dans les sols : seule l’eau dite "libre" est disponible par les jeunes racines...

En fonction des dégâts et de leur importance, on pourra appliquer les soins suivants :

- Pour les gazons, des semis de regarnissage seront quasiment obligatoires pour des jardins d’agrément, car sinon les mauvaises herbes annuelles et vivaces viendront prendre la place des graminées qui devraient composer le tapis herbeux. De plus, des apports d’engrais azotés seront à prévoir dès que les conditions météorologiques seront favorables à l’automne puis au début du printemps pour stimuler la croissance et le développement des graminées.

- Pour les haies et massifs et les jeunes plantations d’arbres, il faudra appliquer des tailles de restructuration des charpentières et des recépages pour reformer les arbustes et stimuler puis soutenir la croissance végétative du printemps (apports d’eau + engrais).
Pour les plantes vivaces, il faudra attendre le printemps pour nettoyer les pieds afin de connaître réellement les plantes encore vivantes...

- Pour les arbres fruitiers, il faudra appliquer des tailles de restructuration des charpentières en revenant le plus proche possible des "grosses structures : charpentières principales et sous charpentières" et parfois pratiquer des tailles de recépage des structures pour reformer les arbres. Veillez à stimuler et soutenir la croissance végétative du printemps (apports d’eau + engrais).

- Pour les plantations âgées d’arbres d’ornement des tailles de restructuration des "charpentières et sous charpentières" avec parfois des tailles de recépage des structures pour reformer les arbres, seront nécessaires.
Pour les arbres centenaires, seulement si nécessaire ou s’il existe des risques de chute de bois mort, des tailles de restructuration des "charpentières et sous charpentières" avec parfois des tailles de recépage des structures pour reformer les arbres seront nécessaires (attention aux excès ! Restez très vigilant...).
Enfin, il faut bien reconnaître qu’il existe beaucoup d’incertitude quant à la façon dont les plantes vont s’en sortir ! Sans l’intervention de l’homme... car il n’y a pas de précédent pour pouvoir interpréter "un retour à une situation normale".
Les "plus anciens" citent les étés 1923, 1947 et 1949, les plus jeunes, l’année 1976 !...
Comme dans toute catastrophe, il faut tirer des ensei-gnements et quelques conseils pour éviter de retomber dans les mêmes conséquences lors d’une prochaine période sèche...


Les effets de la sécheresse de l'été
sur les feuilles des arbres

Les effets de la sécheresse de l'été
sur les feuilles des arbres

 

1 - Pour les gazons, il faut impérativement pratiquer des tontes plus hautes de MI AVRIL à SEPTEMBRE avec si possible des ramassages et tondre avec des lames périodiquement affûtées et nettoyées (eau de javel). Les graminées ont besoin de fabriquer plus de surface folifaire :
- pour pouvoir stocker plus de réserves dans leurs racines avant l’été,
- pour se protéger du soleil.
De plus, cette sécheresse a permis (s’il fallait encore le prouver !) d’éliminer les gazons à composition de graminées mal adaptés à nos sols et à notre climat.

2 - Pour chaque nouvelle plantation réalisée, il faut veiller à optimiser les conditions de préparation : volume important du trou, apport d’amendement et de graviers, pose d’un drain pour arroser...

3 - Veiller pour les massifs d’arbustes et les haies, à poser un système de goutte à goutte (pour éviter le gaspillage d’eau) puis un paillage (gravil-lons roulés), pour diminuer l’impact de l’évaporation de l’eau du sol. Eviter la paille qui favorise les rongeurs et l’écorce de pin sur massifs de rosiers. Ou biner périodiquement les sols nus (jardin potager)...

4 - Enfin pratiquer des arrosages précoces, répétés, (Fin FEVRIER / Début MARS) et complémentaires aux périodes pluvieuses lors des périodes de manque : car c’est la pousse du printemps qui est la plus importante (débourrement à la Mi JUIN).
Si on fait un bilan sur la résistance des différents genres et espèces, on peut dire que toutes les catégories de plantes et d’arbres ont été touchées selon des expositions et les conditions métérologiques de chaque vallée.
Mais d’un point de vue général, la résistance à la sécheresse a beaucoup varié :
- les chênes, les érables, les frênes, les noyers, les ailanthes, les cêdres, les plantes laissées en "haies libres" ont le mieux résisté,
- les acacias, les tilleuls, les ormes, les marronniers, les bouleaux, les pins à aiguilles, les plantes de haies (résineux ou arbustes) ont subi des dessèchements de couronne important,
- les épicéas, les différentes espèces de thuyas et cyprès ornementaux peu communs ont subi une mortalité parfois très importante.
Alors, même si nous subissont périodiquement des épisodes de "catastrophes naturelles" (rappels auprès de nos aînés) il ne faut pas moins se rappeler en permanence que la sélection naturelle est faite avec les années et que toute erreur est sanctionnée.
Agissez toujours en préventivité, avant que les risques et leurs conséquences s’installent, car après il est bien difficile de rétablir la situation...

 

Alain BAERISWYL
Paysagiste/Technicien Arboricole
Crédit photos : Alain Baeriswyl

 

Couleur Lauragais N°57 - Novembre 2003