Nature et Jardin
SECHERESSE 2003
Premier bilan dans les parcs et jardins...
Bien difficile de résister au regard de ses propres plantes qui dépérissent et meurent une à une, sans avoir la tentation de les arroser !... Bien difficile de ne pas résister à la tentation de les arroser pour les sauver... et ce, malgré les interdictions d’utilisation de l’eau. Que faire ?... Que faire pour sauver ses arbres ?... et ses plantes auxquels on tient ?...
Après
les hivers froids de 2002 et 2003... et les coups de vent assassins du 24/26
février 2003 puis du 14/15 avril 2003... notre région subit
une sécheresse qui persiste depuis 2 ans, mais dont les effets visibles
apparaissent durement depuis 3 mois.
Les très faibles apports d’eau depuis deux années n’ont
jamais ré-hydratés le sol en profondeur et déjà
en 2002 les "grands arbres" de nos parcs et de nos campagnes montraient
des signes de manque d’eau en produisant une très faible pousse
2002 et une mortalité de rameaux.
Visuellement, les très faibles pluies de 2002 avaient maintenu en surface
les gazons verts et provoqué un été humide par leur fréquence.
L’automne 2002 et l’hiver 2003 insuffisamment pluvieux n’avaient
alors pas corrigé le manque d’eau... Pour preuve en 18 mois,
dans certaines vallées du Lauragais les ruisseaux et cours d’eau
n’ont grossi qu’une seule fois suite aux pluies du 4 février
2003.
En plus, le printemps 2003 nous a réservé des gelées
tardives (15/19 mars) sur des plantations en plein développement, occasionnant
des brûlures sur les jeunes feuilles et sur fleurs. La végétation
a alors eu une bonne pluie (30 mm du 03 mars) pour "masquer" le
choc...
Depuis... plus d’eau, et les dégâts visibles sur l’ensemble
de la végétation se sont aggravés. Les cours d’eau
quasiment à sec ou presque, ont fait chuter les hauteurs des nappes
d’eau du sous-sol ; ce qui a entraîné un assèchement
en profondeur du sous-sol (par endroit les puits "de surface" sont
à sec !)
Le couvert végétal est graduellemet touché.
Les gazons sont en partie "morts ?" ou du moins il ne reste plus
que les chiendents et les mauvaises herbes. Certaines graminées devraient
néanmoins redonner de nouvelles pousses après une longue période
pluvieuse...
Les massifs d’arbustes et les haies sont partiellement touchés
et certaines plantes même avec des tailles sévères de
recépage, ne repartiront pas.
Les plantes de terre de bruyère sont elles très touchées,
sinon par la sécheresse proprement dite, du moins par les fortes températures
qui ont désydraté les feuilles. Peu armées pour lutter
contre des conditions sèches, beaucoup d’entre elles sont mortes.
Les plantes vivaces se sont recroquevillées sous leurs feuilles sèches
qui leur servent de protection, certaines repartiront.
Les arbres fruitiers ont perdu leurs feuilles et leurs fruits partiellement
mûris et selon les essences la résistance au manque d’eau
s’est faite en fonction du bon porte greffe.
Toutes les jeunes plantations d’arbres sont touchées et certaines
sont mortes et pour les autres il sera difficile de les sauver par des tailles
sévères de restructuration ou des recépages au pied.
Quand à nos grands arbres centenaires, le bilan reste très variable
selon les situations géographiques (bord de route, bord de talus ou
de fossés, haies libres, clairières, bosquets...) et les conditions
climatiques locales. Pour certains, des interventions seront obligatoires
sur les structures.
Pour
les résineux, le bilan est tout aussi disparate... car la plupart des
différentes espèces avaient résisté sans grand
dommage jusque là... mais depuis la mi-août, on peut observer
des dessèchements de cime sur épicéa ainsi que des chutes
très importantes d’aiguilles avec mort de rameaux sur résineux
à aiguilles. Plus grave et très localement, la mort d’individus
est parfaitement visible (arbre isolé ou sur des situations particulièrement
sèches).
Dans tous les cas, toutes nos plantes ont développé leurs "défenses"
naturelles pour enrayer et combattre contre le long processus de la sécheresse.
Car
pour nos plantes :
Lutter contre la chaleur c’est préserver de l’eau dans
les cellules et les tissus en condamnant progressivement ce qui peut l’être;
Lutter contre la sécheresse c’est stocker un maximum de réserve
dans les parties viables de l’arbre pour sauver quelques bourgeons avec
lesquels... la vie repartira...;
Lutter contre la sécheresse c’est produire de nombreux fruits,
dans un dernier sursaut de vie... pour préserver l’espèce.
…à suivre dans Couleur Lauragais n°57
Alain BAERISWYL
Paysagiste/Technicien Arboricole
Couleur Lauragais N°56 - Octobre 2003