L’observatoire
de Bélesta
L’observatoire
est installé sur la commune de Bélesta, à une quarantaine
de km de Toulouse. Il a fallu 14 an-nées de fabrication et de mises
au point pour rendre opérationnel un télescope de 82 cm de diamètre.
Doté d’un correcteur de champ, il est équipé d’un
pointage automatique et sa monture procure un suivi de très bonne qualité.
Les 5 fondateurs de l’association ADAGIO*, tous astronomes amateurs,
sont enfin heureux d’avoir réussi à mettre en service
ce télescope qu’ils souhaitent rendre accessible à un
large public, avec une priorité à ceux qui ont participé
à sa construction ou participeront à son évolution technique.
Patrick Martinez, l’un des fondateurs, a raconté à Couleur
Lauragais les étapes de cette passion qui les a animés depuis
le début.
L’observatoire de Bélesta
(Crédit photo : Couleur Média)
Naissance du projet
Le projet est né en 1988, d’un noyau d’astronomes amateurs,
en majorité toulousains, qui ont eu l’idée d’unir
leurs efforts pour réaliser un grand télescope, hors de portée
des moyens individuels de chacun. C’est alors qu’ils ont créé
l’association ADAGIO loi 1901.
Les 5 membres fondateurs ont doté l’association d’une première
mise de fonds et ont pris l’engagement d’assurer à titre
personnel un financement global pouvant atteindre 400 kF si nécessaire,
ce qui permettait d’assurer la réalisation du projet, dans des
limites plus modestes certes, même si aucune aide n’était
obtenue par ailleurs. Peut-être grâce à cet engagement
personnel des membres fondateurs, peut-être aussi parce qu’il
était ambitieux et techniquement innovant sur plusieurs points, le
projet a été bien accueilli par les différents sponsors
potentiels et des subventions ont été reçues du Ministère
de la Recherche et de la Technologie, du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
du Conseil Général de la Haute-Garonne, de Matra Marconi Space,
de Harman.
Juillet 1996 : Installation du télescope dans l’observatoire
(Crédit photo : Collection ADAGIO)
Le
choix du site
L’observatoire est situé sur la commune de Bélesta,
à une quarantaine de km au sud-est de Toulouse, qui présente
un bon compromis entre la qualité du ciel (peu de pollution lumineuse)
et un accès facile.
L’altitude est seulement de 240 mètres. Mais le ciel est de bonne
qualité et peu pollué par l’éclairage nocturne.
L’éclairage public de Bélesta est très discret,
chaque réverbère étant muni d’un abat-jour et le
maire de la commune a promis de consulter les astronomes avant toute modification.
Les halos lumineux de Toulouse et d’autres petites villes plus proches
sont visibles à l’horizon, mais sont limités en hauteur
et n’ont jamais gêné les observations. Globalement, on
peut compter sur une centaine de nuits observables par an.
Juillet 1996
: Installation du télescope dans l’observatoire
(Crédit photo : Collection ADAGIO)
La
construction
L’ensemble
du télescope a été entièrement conçu par
les membres de l’association. Le gros œuvre du bâtiment a
été commandé à une entreprise de maçonnerie,
les membres de l’association se chargeant de toutes les finitions. Il
a fallu faire tailler les optiques et un atelier de mécanique a usiné
les grosses pièces. Les fondateurs, rejoints par quelques bénévoles,
ont réalisé tout ce qu’ils étaient en mesure de
faire par eux-mêmes. Ils ont ainsi conçu la coupole de 6 mètres
de diamètre et assemblé les panneaux d’époxy qu’ils
avaient commandés.
Le bâtiment est un carré de 6 mètres de côtés,
comptant trois niveaux et surmonté d’une coupole de 6 mètres
de diamètre. Il a été conçu de façon à
limiter le risque d’effraction, et est protégé par une
alarme. Le télescope est au second étage du bâtiment.
Il est posé sur un pilier en béton armé qui est mécaniquement
indépendant du reste de la structure du bâtiment, afin d’éviter
la transmission de vibrations au télescope.
Le télescope
de 82 cm en opération
(Crédit photo : Collection ADAGIO)
La
première lumière
La première lumière a eu lieu le 13 août 1996, et,
malheureusement, la qualité des images était assez décevante.
Plusieurs an-nées ont été nécessaires pour comprendre
l’origine des problèmes, car les causes pouvaient être
multiples : qualité du miroir primaire, du miroir secondaire, mauvais
supportage de l’un ou l’autre des miroirs, mauvais réglages
des leviers astatiques, mauvais alignement, turbulence, ... Finalement, les
différentes sources de problèmes ont été identifiées
par les membres de l’association qui ont fini par acquérir les
compétences nécessaires pour maîtriser un tel télescope.
Le pointage automatique, également entièrement réalisé
par les membres de l’association, a été intégré
au printemps 2002, et le télescope a reçu son correcteur de
champ, lui aussi entièrement conçu et réalisé
par un opticien membre de l’association, en août 2002.
Le télescope
vu par l’entrée du tub
(Crédit photo : Collection ADAGIO)
Un
télescope amateur performant
Bien que conçu par
des amateurs, ce télescope compte parmi les 10 plus gros en France,
en incluant les télescopes professionnels. Les deux plus grands télescopes
professionnels en France, situés l’un au Pic du Midi, l’autre
en Haute Provence mesurent 2 m de diamètre. Les plus gros télescopes
dans le monde mesurent 10 m de diamètre.
Galaxie spirale
- M74
(Crédit photos : Collection ADAGIO)
Les
défis du télescope de Bélesta
Avec un télescope aussi performant, l’association
ADAGIO espère bien explorer des lieux méconnus et contribuer
à la découverte de nouveaux astres. Plus de 50 000 astéroïdes
ont été actuellement répertoriés, mais un diamètre
de plus de 80 cm doit permettre d’en découvrir de nouveaux. Déjà
des mesures d’astrométrie sur astéroïdes ont été
réalisées à Bélesta depuis août 2002 et
publiées au niveau international. La précision obtenue est de
l’ordre de 0,3”, ce qui a permis à l’observatoire
de Bélesta d’être répertorié par l’Union
Astro-nomique Internationale.
Ce télescope pourrait également permettre de visualiser une
supernova et d’alerter immédiatement les professionnels de cette
découverte.
"DUNBELL"
Nébuleuse planétaire - M27
(Crédit photos : Collection ADAGIO)
Une
disponibilité limitée
L’association ADAGIO compte aujourd’hui environ 150 adhérents.
Une quinzaine d’entre eux participe activement à son fonctionnement.
Tous bénévoles, ils offrent chacun, dans la mesure de leur disponibilité,
un peu de leur temps libre. C’est ainsi qu’ils ont déjà
fourni entre 6000 et 10000 heures de travail à l’association.
Seules 100 nuits sont observables par an en fonction de la météo.
Il en reste 50 durant lesquelles la lune n’est pas présente et
où le ciel est donc observable. Ces nuits-là, les membres doivent
réussir à jongler entre les activités professionnelles
des uns et la disponibilité des autres afin de réaliser un maximum
d’observations.
Nébuleuse planétaire - NGC 7662
(Crédit photos : Collection ADAGIO)
Les soirées d’observation
Afin
de découvrir le ciel au travers d’un télescope, l’association
organise des vendredis d’observation. Ces soirées sont ouvertes
gratuitement au public. En cas de mauvaise météo, l’observatoire
est ouvert et propose des activités en salle. Les prochaines dates
prévues pour ces soirées sont les 7 mars, 4 avril 9 mai et 6
juin 2003.
ADAGIO propose également des stages d’initiation ou de perfectionnement
payants, les fonds recueillis servant uniquement à financer de nouveaux
investissements en vue de l’amélioration des performances du
télescope.
Après 14 années d’efforts réalisés pour
assouvir leur passion, ce petit groupe d’astronomes amateurs a enfin
abouti. Une performance que l’on ne manquera pas de saluer. Nous leur
souhaitons de continuer à se développer durant de longues années
encore pour le plaisir de tous les amoureux du ciel.
Interview : Christine LE MORVAN
*
ADAGIO : Association pour le Développement Amateur
d’un Grand Instrument d’Observation
Site internet : www.astrosurf.com/adagio/
Couleur Lauragais N°50 - Mars 2003