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Elie Biau, autodidacte passionné

A 81 ans, Elie Biau, habitant de la commune de Gardouch, est un bricoleur passionné qui occupe sa retraite à cultiver son jardin ou à produire son propre vin. Mais Elie a aussi des passions plus secrètes qui occupent le reste de son temps. Rencontre avec un bricoleur surdoué aux multiples ressources.

Quand on entre dans la maison d’Elie Biau, on est tout de suite frappé par la variété de ses réalisations. Sa maison, au fil du temps, s’est transformée en une véritable caverne d’Ali Baba ; de l’atelier au grenier, ce sont des dizaines d’objets qui ont été façonnés par ses mains.

Une vie de travailleur agricole
Elie est né en 1921 à Avignonet. Il va résider dans plusieurs communes alentour avant de s’installer définitivement à Gardouch où il vit encore aujourd’hui avec sa femme, dans le hameau de Laval.
Elie arrête très jeune ses études pour devenir ouvrier agricole dans les fermes du Lauragais durant de longues années. C’ est avant tout un autodidacte inspiré. Comme beaucoup de personnes de sa génération, il commence à façonner le bois par obligation. Il apprend d’abord à réaliser une paire de sabots qui lui serviront pour aller travailler dans les champs. Il confectionne ensuite des balais rigides, beaucoup plus solides que ceux que l’on peut généralement trouver dans le commerce.

L’heure de la retraite
Elie arrête son activité professionnelle en 1978 et achète alors une maison à Gardouch pour y passer sa retraite. Et son temps libre, il décide de l’utiliser à parfaire sa maîtrise du travail du bois. Il continue son apprentissage en rempaillant des chaises ou en les réalisant entièrement pour les besoins de ses proches.
Il se lance ensuite rapidement dans des objets plus élaborés. Une visite de quelques moulins de notre région lui donne l’idée de créer des maquettes réduites en bois. Ces répliques, il en a réalisé une douzaine qui ont nécessité chacune de deux à trois jours de travail ; il pousse la minutie jusqu’à reproduire les toitures ou "capelada" orientables en fonction du vent. Il a même inventé une soufflerie électrique qui met en mouvement les ailes de ces petits moulins. Impossible néanmoins d’admirer l’ensemble de sa collection car, une fois terminés, Elie n’hésite pas à donner ses plus beaux modèles à des amis ou aux personnes de son entourage. Il propose également ses réalisations pour des expériences pédagogiques : grâce à eux, Odette Bedos, bien connue des lecteurs de ce journal, a pu expliquer de nombreuses fois le fonctionnement des moulins aux enfants de l’école primaire de Villefranche de Lauragais.

Du bricolage inspiré
Elie s’est aussi lancé dans des réalisations plus techniques encore. Sa principale source d’inspiration, il la trouve dans le quotidien. Il cherche toujours à résoudre ingénieusement les problèmes qu’il peut rencontrer.

Les outils de travail du bois qu’il a achetés ne le satisfont pas complètement ? Avec un peu d’ingéniosité, Elie se fabrique ses propres outils, comme cette scie ou ce tour à bois actionnés par un moteur de machine à laver, ou encore ces ciseaux a bois créés à sa main et qui constituent l’essentiel de sa panoplie de bricoleur. Grâce à eux, Elie a pu tester sa main à la réalisation de moulures pour les pieds et les barreaux de ses tabourets ou de ses chaises.

Autre problème de son quotidien : la fabrication de chaises nécessite de faire sécher la paille dans son grenier. Mais le grain attire les souris qui envahissent la maison. Elie achète d’abord des pièges classiques dans le commerce mais ceux-ci ne lui conviennent pas vraiment. Il décide donc de créer son propre piège en bricolant un tunnel à double entrée actionné par un ressort qui se referme automatiquement dès que les souris sont entrées, les piégeant immanquablement. Le système existe bien sûr dans le commerce mais Elie l’améliore en mettant au point un dispositif de fermeture plus sensible et en créant une double cage capable de piéger deux rongeurs en même temps au lieu d’un seul.

Même problème pour les taupes. Elie a dans son jardin, un spécimen particulièrement résistant qui semble insensible à tous les engins qu’il a pu trouver dans le commerce. Il réfléchit donc à un système combinant une petite cartouche de fusil à un trépied en fer. Dès que la taupe remonte à la surface, elle enclenche un mécanisme qui déclenche le tir. Pas de danger pour les chiens, ni pour les autres animaux : la taupe de son jardin, par contre, n’a pu y résister !

Pareil pour le jardin. Elie a bien sûr à sa disposition des outils modernes mais il préfère se les fabriquer lui-même. Il crée une série d’outils agraires pour retourner la terre, tracer des rigoles ou encore un semoir particulièrement ingénieux qui lui permet très rapidement de planter les graines pour des rangées entières de haricots.

Des talents décoratifs et … musicaux
Ses talents de bricolage ne s’arrêtent pas là. Elie a aussi réalisé des caisses de pendules, des tabourets en merisier sauvage, des imitations miniatures de phares ou de rouets, une batterie entière d’ustensiles pour la maison … et bien d’autres choses encore. Il a appris à utiliser les bois les plus durs pour créer ces différentes pièces.

Mais Elie ne se limite pas à cette seule passion du bricolage. C’est aussi un parfait mélomane, un véritable artiste qui apprécie la musique et a appris seul à jouer de l’accordéon ; il peut, à la demande, vous interpréter n’importe quel morceau avec une virtuosité de grand musicien.
Plus que tous ses talents, Elie adore partager et expliquer l’histoire de la plus petite de ses pièces. Comme beaucoup d’habitants du Lauragais dont nous avons dressé le portrait dans cette rubrique, il fait preuve d’une sociabilité et d’une joie de vivre à toute épreuve. Et même le temps n’a pu s’y attaquer !

Interview : Pascal RASSAT
Crédit Photos: COULEUR MEDIA

 

Couleur Lauragais N°47 - novembre 2002