Balade
Balade du côté de Castanet : la porte du Lauragais
Couleur Lauragais a le plaisir de vous présenter une étude sur la région de Castanet et surtout vous invite aux voyages en Lauragais en vous proposant quelques circuits qui vous conduiront vers les splendides châteaux du pastel et les bastides royales du XIIIème siècle, quelques beaux portails romans, ou si vous désirez découvrir le mystère de lalimentation en eau du canal du Midi, nous irons à la "tranchée du Conquet" dans la Montagne Noire.
Deux
massifs de collines séparés par un couloir
Castanet et les 15 communes qui composent le canton sont aux portes de Toulouse
; ces communautés étaient partagées entre la viguerie
de Toulouse et le comté et sénéchaussée du Lauragais.
Par son relief, le canton comprend deux massifs de collines séparés
par le couloir de la vallée de lHers ; vers le Nord Est il atteint
le ruisseau de la Marcaissonne (vers Auzielle).
Composition du canton de Castanet : sur le versant de lAriège,
on observe Clermont le Fort (464 habitants en 1999), Goyrans (809), Lacroix
Falgarde (1495), puis sur les hauteurs, Aureville (540), Rebigue (444), Mervilla
(172), Vigoulet Auzil (990), Vieille Toulouse (894), Pechbusque (707). Sur
les bords de la vallée de lHers sont placées Péchabou
(1299), Castanet (10250), Auzeville (2202). Au Nord Est de lHers, Labège
(3152), Auzielle (1558) et Saint Orens (10991).
Dans
les collines de lOuest
Lacroix Falgarde est constitué par deux noyaux urbanisés : Lacroix,
près de lAriège et Falgarde, simple hameau sur la rive
dun ruisseau, le Cassignol ; au XIIème siècle une église
est construite à Falgarde ; il nen reste quune chapelle
: la Gleysette, près du cimetière. En 1355 lors de la célèbre
chevauchée du Prince Noir, larmée anglaise traverse la
Garonne vers Portet et le Prince couche à Falgard. Toute la région
est pillée et brûlée ; cest ici que débute
"le grand incendie du Lauragais". Il faut voir à Lacroix,
un très beau château du pastel. A Goyrans, léglise
est remarquable par son clocher mur pignon, avec trois pignons et six baies
campanaires. A Clermont le Fort, comme le nom lindique, cest vers
1461 que le seigneur du lieu Odet dIsalguier construit un fort ; cétait
un marchand de pastel : nous sommes ici dans son royaume. Très belle
porte gothique pour entrer dans le fort ; léglise présente
un clocher mur pignon simple. Vieille Toulouse, le site est habité
dès le XIIIème siècle avant J.C, sans doute par les Ibères,
puis aux siècles suivants par le puissant peuple gaulois, les Volques
Tectosages ; les Romains sy établissent au Ier siècle.
Loppidum de Vieille Toulouse est célèbre chez les historiens
et les archéologues car il commande la vallée de la Garonne
; les fouilles ont dégagé de très nombreux documents
dont des centaines damphores gallo-romaines (beaucoup sont au musée
Saint Raymond) ; léglise actuelle : encore un clocher mur du
XIXème siècle semble-t-il, avec trois baies, mais sans pignon.
Pechbusque est une paroisse sans village avec une église intéressante
par son clocher sans pignon mais avec un sommet arrondi ; trois baies, XVIème
siècle, à lintérieur une piéta digne dintérêt.
Vigoulet Auzil est une commune en expansion démographique rapide ;
léglise Saint Martin est en belles briques rouges, grès
de la molasse, galets, avec clocher mur pignon, trois baies, deux pinacles,
deux gros murs renforts. La château dAuzil (XVIème surtout)
est une splendide construction du pastel. Aureville appartint longtemps à
la famille seigneuriale des Isalguier, pastelliers et capitouls de Toulouse
puis à la famille de Rochechouart qui a laissé une intéressante
plaque funéraire dans léglise ; le clocher a été
refait en 1850. Mervilla est une petite commune de 172 habitants pour une
superficie de 280 hectares ; le clocher est classique, mur pignon, deux pinacles,
trois cloches. Rebigue a une église Saint Lizier des XV-XVIème
siècles, avec clocher mur pignon, des fronts baptismaux du XVIème,
un ancien moulin à vent.
Mairie de
Castanet
Dans
les collines du Nord Est
Trois communes seulement, mais très importantes par leur population
(St Orens) et surtout par la présence dun pôle économique
énorme : 6000 emplois à Labège Innopole. Cette porte
du Lauragais est ultra moderne. Auzielle a été ravagée
à plusieurs reprises pendant les guerres de religions, en 1570, 1577,
1589 ; léglise Saint Pierre présente un énorme
clocher construit en pyramide, à base rectangulaire. Le château
a fière allure avec la marque toujours présente du pastel ;
très belles fenêtres à meneaux. Labège, lorigine
du nom reste incertaine, peut être une déformation de "
la berge " en référence au ruisseau de lHers ; il
nexistait pas de village avec des maisons jointives, à Labège,
au XIIIème siècle, " il ny a ni village, ni paroisse
". Labège est dévastée en 1355 par le Prince Noir
; en 1360 le cardinal Talleyrand Périgord, qui est propriétaire
dune ferme, fonde à Toulouse le collège de Périgord
dont le prieur et les élèves sont seigneurs du lieu jusquen
1789. En 1671 le Parlement de Toulouse impose lélevage des vers
à soie avec une filature à Baziège. A partir de 1960
Labège accueille bureaux et laboratoire : Labège Innopole. Léglise
actuelle, Saint Barthélémy, est un quatrième édifice
consacré en 1887 avec une nef voûtée dogives à
quatre travées ; de plan carré le clocher domine un beau portail
dentrée et deux baies géminées.
Saint Orens est une ville de plus de 10 000 habitants ; elle a été
formée par la fusion de trois paroisses en 1790 : Cayras, Gameville
et Saint Orens ; pas dhabitat aggloméré sauf quelques
maisons près de lactuelle mairie. En 1831, le général
Rougé meurt à St Orens : il est lun des chefs de la sanglante
insurrection royaliste de 1799 qui a soulevé le Lauragais contre la
République et qui fut écrasée au prix de plusieurs milliers
de victimes. Léglise Saint Antoine est complexe : du XIIème
au XVIème siècle, en partie romane.
La
clef du couloir : Castanet ou porte du Lauragais et de la méditerranée
Le couloir Castanet-Péchabou, Montgiscard-Baziège, col de Naurouze
est lune des routes les plus fréquentées du midi de la
France ; dès la préhistoire cest la route de létain,
(de lAngleterre-Bordeaux-Toulouse-Narbonne-la Grèce) puis la
route des vins italiens au Ier siècle avant J.C. La construction par
les romains dune voie empierrée (via aquitania) est lélément
décisif. Cest ensuite la route du sel venant des salines de Narbonne
vers Toulouse, avec le grand marché de Baziège et son salinum
; cest encore la route du pastel, des coques vers Toulouse depuis les
marchés locaux de Villefranche, Baziège, Montgiscard. Cest
enfin la route du blé exporté par le canal de Riquet. Les paysages
humanisés traduisent aujourdhui le caractère exceptionnel
du couloir avec la RN 113, le canal, la voie ferrée, lautoroute
A61.
Auzeville Tolosane a une histoire mal connue ; en 1350 le roi Philippe VI
de Valois la donne à la famille Roquette ; au XVIème siècle
les dîmes sont partagées entre le collège Sainte Catherine
et larchevêque de Toulouse. Pendant les guerres de religion entre
catholiques et protestants, le village est plusieurs fois dévasté
(1570, 1576,1580). Un château du pastel, appelé Castel Marly,
est original par ses fenêtres calquées sur celles du château
dAzay le Rideau ; le château des frères Tailleurs est lui
aussi du XVIème siècle, avec de très belles façades.
Léglise Saint Séverin, du XVIème siècle,
a été plusieurs fois modifiée, avec un clocher mur pignon
à trois étages, trois baies campanaires.
Eglise de Castanet
Castanet est la clef du couloir, la porte de la Méditerranée, avec une population aujourdhui très abondante, 10 000 habitants. Le village ancien se trouvait à lemplacement du cimetière actuel : une vieille église y subsistait encore en 1772. lagglomération fut assez importante pour être chef lieu dune des cinq châtelleries comprises dans la Viguerie de Toulouse. Lhistoire de Castanet est riche dévènements souvent tragiques, vers 720 une armée de cavaliers arabes et berbères aurait été arrêtée près de Castanet. En 1355 le village est détruit par le Prince Noir, fils du roi dAngleterre Edouard III. Il sagit dun épisode tragique de la guerre de cent ans (1337-1453) qui a désolé le territoire de la France ; la région de Bordeaux était anglaise depuis le mariage de la duchesse Aliénor avec un roi dAngleterre. Le Prince Noir lance une chevauchée de pillages en direction de Toulouse, le Lauragais (pays de blé) jusquà Narbonne, avec 20 000 cavaliers ; il traverse la Garonne à Portet, couche à Falgarde, débouche à Castanet qui est systématiquement incendié. Cette chevauchée a laissé des traces dans la mémoire collective actuelle des paysans du Lauragais. Pendant les guerres du XVIème siècle, Castanet est à nouveau brûlée par les catholiques du duc de Ventadour (août 1595). En 1646, le seigneur construit un hôpital (actuelle MJC) ; larchevêque y prélevait les deux tiers de la dîme du foin et la moitié des autres fruits ; le reste des dîmes appartenait au Collège Sainte Catherine. Il y eu un couvent de Cordeliers : sur lavenue du Lauragais une ancienne léproserie semble dater du XVIème siècle. La construction de léglise Saint Gervais Saint Protais a été décidée avant la Révolution, les travaux reprennent en 1832 et le bâtiment est consacré en 1842 ! En 1856 sont construits les chapelles et le clocher octogonal avec quatre niveaux. Un peintre, Bénézet, a laissé dintéressantes peintures sur la vie et le martyr des deux frères Protais et Gervais qui datent de 1865-1871.
Ancienne
léproserie de Castanet
Ouvrons
la Porte du Lauragais : Proposition de balades
Depuis Castanet, de très nombreux circuits touristiques sont possibles
en prenant la route de la Méditerranée (RN 113) ; nous en proposons
quelques uns, dabord les plus classiques.
A.
A la découverte des principaux sites cathares
La Lauragais est le pays cathare (XI et XIVème siècles) par
excellence ; cest à Saint Félix (près de Revel)
que sont nés les quatre évêchés au concile de 1167,
cest à Fanjeaux que Saint Dominique fonde lOrdre des Dominicaines,
cest à Avignonet que sont massacrés les Inquisiteurs en
1242.
a) les bûchers : Lavaur, les Cassès (près de Revel) Labécède
(10 km au nord de Castelnaudary)
b) les grandes batailles de la Croisade contre les cathares (1209-1229)
- Montgey
(15 km
à louest de Revel)
- Baziège : 1219
victoire des Occitans
- Castelnaudary : 1211
victoire de Simon de Montfort
c) le massacre des Inquisiteurs à Avignonet en 1242
d) voyage à St Félix : le concile cathare une bastide
un château du pastel
B.
Les circuits des châteaux du pastel
a) vers le nord : Loubens, Roquevidal, Magrin et le musée du pastel
b) Vers lEst : le château de Rabaudy à Castanet, puis Espanès,
les Varennes, Fourquevaux, Lastours à Baziège, Roqueville à
Montgiscard, Montgeard, Marquein, Baraigne, Saint Félix, Ferrals (près
de Saint Papoul), Caignac, le Présidial à Castelnaudary
C. Le circuit des églises du pastel
Elles sont très nombreuses, choisissons : Pompertuzat, Deyme, Donneville,
Montgiscard, Belberaud, Ayguesvives, Montesquieu, Villenouvelle, Villefranche,
Montgeard, Nailloux ; on peut distinguer les clochers murs pignon et les clochers
murs à tourelles.
D. Le circuit des bastides
Les bastides sont des villages forteresses royales fondées aux XIIIème
et XIVème siècles par les rois de France pour asseoir leur nouvelle
puissance dans ce Lauragais qui fut cathare et hostile à la croisade
et au roi de France. Les principales : Montgeard et Nailloux, Labastide de
Beauvoir, Villenouvelle, Villefranche ; les mieux conservées et bien
typées : Saint Félix et Revel, Mazères et Mirepoix.
E. A la découverte des sources du canal du Midi
a) une écluse intacte : le sanglier à Ayguesvives
b) à Naurouze : le bief de partage
c) le mystère de lalimentation en eau du canal : le bassin de
Saint-Ferréol est un réservoir alimenté par la Rigole,
mais doù vient ce canal ? quappelle-t-on la "tranchée
du Conquet" ? Couleur Lauragais fournira des explications dans le prochain
numéro.
Jean ODOL
Crédit photos : Couleur Média
Couleur
Lauragais N°40 - mars 2002