Un village en Lauragais
Un village en Lauragais : Gardouch
A
lépoque féodale, les villages perchés qui bordaient
le sillon lauragais, zone de passage de la Trouée de Naurouze à
Toulouse-Sud (Porte Narbonnaise) avaient un rôle défensif. Ces
lieux fortifiés étaient des "Castra" : Avignonet,
Renneville, Gardouch, Montesquieu, Montgaillard, Montgiscard. Leurs habitants
vivaient des produits agricoles (céréales, lin, chanvre, vigne)
récoltés dans leur fertile terroir.
Certaines agglomérations situées en bordure de lancienne
voie romaine dAquitaine étaient des comptoirs économiques
(Avi-gnonet, Villefranche et Baziège).
Couleur Lauragais sarrête ce mois-ci sur le village de Gardouch,
sentinelle de lépoque féodale.
Gardouch
et ses trois forts
Le "castrum" de Gardog, sentinelle féodale de la vallée
boisée de lHers-mort, se composait de trois forts, deux perchés
et un de plaine :
1. Sur la serre collinaire du Pech de Gardog, le "castellum" (ou château-fort) protégeait le village de Gardog (déformé en Gardouch),
2. Au pied du Pech (côté Autan au Sud Est), le Fort du Bas (datant de lan 720) devait assurer la défense du lieu contre déventuelles incursions sarrasines. Il se composait de deux tours entourant un bastion défensif. Lensemble était isolé par un fossé,
3.
Le complément perché du Fort du Bas : «Ornolac»
ou Donjon de Gardouch "supra"
(= au dessus de...).
Un peu dhistoire
Ornolac veillait sur 2 vallées : Gardijol et Hers mort.
Les Varagne et les Arnave-Ornolac se partageaient les droits seigneuriaux
de Gardouch géré par trois représentants communautaires
ou "Consuls". Gardouch était une juridiction épiscopale
carolingienne composée de 2 annexes : Seyre et Vieillevigne.
Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453) le Prince Noir, fils du roi d
Angleterre, détruisit le château-fort qui fut remis en état
par le comte de Toulouse Raimond VII. Au siècle dOr du Pastel
(1453-1563), le seigneur de Gardouch épouse Marie de Cheverry, fille
du pastellier toulousain. En 1612, Louis Giscard de Varagne possède
un château Renaissance bâti à quatre tours, sur le Pech
de Gardog.
Une petite bourgeoisie rurale apparaît enrichie par le commerce des
coques, à lorigine du Pastel. Le village sétale
au bas de la Côte Pavée et en bordure de la rue publique. Il
sembellit de nouveaux quartiers : la Tuilerie, le Barri (faubourg) de
la Terlenque, La Millatte et Saint Valentin (actuel cimetière).
Un Compoix (ou registre terrier), orné de lettrines et dinscriptions
latines (en dépôt à la Mairie et aux A.D.H.G.) nous fait
connaître des pastelliers locaux.
Mossem : Monsieur Paul BOSC
pastellier, Notable et consul.
La richesse du terroir de Gardouch est symbolisée dans ses Armoiries
communautaires : «Dor à une barre de gueules» (or
barré de rouge).
La
proximité du Canal du Midi
Après les désastres occasionnés par les Guerres civiles
de Religion (1562-1598), Gardouch retira des avantages réparateurs
du creusement du Canal de Jonction des Deux Mers (1667-1681). Son port des
Agals, à lEcluse, expédiait les céréales
du terrefort, les pailles et fourrages vers le Languedoc viticole. Les barques
ramenaient dans leurs cales, pierres et graviers de lAude pour construire
les routes ainsi que les vins du Pays Bas (Corbières, Minervois, vins
de lHérault).
Vers 1858, la Compagnie des Chemins du Fer du Midi prit en charge le Canal
dont le trafic fut supplanté par le rail. Il y eut un regain de lactivité
dans les années 1960 (plus de 20 barques par jour, chargées
de vins, de céréales et de produits pétrôliers).
Aujourdhui, les transports de céréales (blé, maïs,
tournesol et colza) seffectuent par route jusquaux coopératives
locales qui en revendent à lEspagne toute proche. Lancien
Poids public (voir photo de couverture) ne pèse plus les charettes
tirées par des boeufs. Pour le souvenir, on la restauré.
Gardouch
aujourdhui
En cette année 2001, Gardouch a son millier dhabitants répartis
dans lagglomération, dans ses quartiers perchés : Pouzic,
Pech, Gazignol et en plaines : Moli de lAygo (moulin hydraulique sur
le Gardijol), Gramenal, Ecluse (entre Canal et Gardijol). Encore lan
passé, le moulin de Gardouch était en activité et broyait
le maïs qui servait à faire le millas.
Dans lattente de louverture de lautoroute des côteaux,
reliant lA61 aux Pyrénées ariégeoises, Gardouch
est le lieu de passage obligé des camions et des voitures. Depuis 1997,
son voisin, le Canal, pris en charge par lU.N.E.S.C.O. (Nations Unies
du Patrimoine Mondial), ouvre de nouvelles perspectives. Cette voie deau
soriente vers le tourisme. Sur sa piste cyclable aménagé,
juniors et séniors pratiquent la marche, le V.T.T. et le roller. A
la belle saison, les éclusiers «passent» de nombreuses
«montées» et «descentes». Des services de location
mettent à la disposition des amateurs des embarcations servant dhabitations
flottantes. Les familles apprécient ce genre de tourisme tranquille
et reposant. Ces voyageurs sur leau ont la possibilité de faire
étape à Port Lauragais (versant Méditerranée),
visiter Naurouze et lObélisque, déguster un cassoulet
ou des produits du terroir et sinformer sur le Canal de Riquet. Les
nostalgiques et amoureux de la Nature admireront la flore et les essences
des berges (chênes séculaires et platanes). Avec un peu de chance,
quelques canards hardis, en quête de nourriture, vous souhaiteront la
bienvenue aux écluses de cet ancien fief du baron Riquet qui repose
anonymement au pied dun pilier de la cathédrale Saint Etienne
de Toulouse.
Moulin à eau de Gardouch
(Crédit photo : Mairie de Gardouch)
Texte et dessins Odette BEDOS
Couleur Lauragais N°37 - Novembre 2001