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Couleur Lauragais : les journaux

Nature et jardin

Des plantes bien "élevées"

En quête perpétuelle de lumière, certaines plantes emploient un procédé peu banal qui consiste à s’appuyer, s’accrocher, s’agripper ou s’enrouler sur tout support rigide, plante ligneuse ou mur, qui se trouve à sa portée, pour s’élever vers le soleil.
L’élasticité des tissus de ces plantes favorise une croissance rapide.

Différents moyens pour croître

- Les plantes «volubiles» s’enroulent autour des tiges, des troncs, d’autres plantes. C’est le cas du liseron, du chèvrefeuille, du tamier...,

- Certaines plantes utilisent des vrilles, tout comme un gauche utilise ses «bolas» : il s’agit alors des cucurbitacés (bryone), du pois, de la vigne...,

- D’autres sont munies de crampons qui s’insinuent dans les creux d’écorces ou de vieux murs, comme le lierre ; celui-ci présente la particularité de donner des fruits en hiver, profitant ainsi de l’absence de feuillage de son «tuteur» pour capter les rayons nécessaires au mûrissement,

- D’autres encore, comme la clématite («herbe aux gueux»), possèdent des feuilles composées à pétioles volubiles qui persistent à la chute de celles-ci, produisant de véritables crochets,

- Enfin citons les plantes qui s’agrippent à l’aide d’aiguillons crochus présents sur la tige, sur les feuilles, parfois sur les deux. La garance voyageuse et le houblon font partie de cette catégorie, comme le gaillet gratteron.

Les bois du Lauragais se parent, dès septembre et jusqu’en hiver, de véritables guirlandes de baies rouges (toxiques) qui restent sur la plante défeuillée, s’enroulant parfois autour des lianes de clématites, pour monter jusqu’à quatre mètres.
Contrairement à ce qu’on peut lire dans la plupart des ouvrages de botanique, le tamier, car il s’agit bien de lui, s’enroule toujours sur son support dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Il est le seul représentant, dans nos régions, d’une famille de plantes tropicales dont l’igname fait partie (Dioscoréacées).

Propriétés médicinales, toxicité

Le tamier porte également le nom évocateur d’ «Herbe à la femme battue», dû à ses propriétés anti-ecchymotique ; il se montre aussi anti-rhumatismal.
La médecine populaire emploie son tubercule, noir et charnu, riche en cristaux d’oxalate de calcium et responsable en partie de ses propriétés.
Dans le Lauragais, la tradition veut que, dès Avril, l’on ramasse les jeunes pousses de tamier, bien connues sous le nom de répounchous (de l’occitan «reponchon») et souvent confondues avec l’asperge sauvage.
Le charme de ses feuilles luisantes en forme de coeur et de ses fruits rouges ne doivent pas faire oublier que le tamier est entièrement toxique (vomitif, purgatif, diurétique) et qu’il ne faut pas abuser de la consommation de ses pousses au printemps.
La vente des tubercules de tamier sur certains marchés de la région s’entoure souvent d’un mystère laissant croire qu’il s’agit d’une plante rare, voire exotique !

Michel LITHA
Ramonville Saint Agne

Couleur Lauragais N°36 - Octobre 2001