Nature et jardin
Des plantes "agressives"
Qu'ils soient herbivores exclusifs ou omnivores, les mammifères consomment volontiers les jeunes pousses, les rameaux, les feuilles, les racines et les fruits qu'ils trouvent dans la nature. Les chevreuils et les sangliers qui peuplent les bois du Lauragais en font parfois de véritables festins. Au cours des âges, les plantes ont développé des moyens de défense contre ces mammifères afin de survivre : la toxicité, l'amertume des tanins en sont des exemples, mais on peut également citer les épines, les aiguillons, les poils urticants, les crêtes liégeuses. Ainsi, on a constaté que des arbres fruitiers sauvages perdaient leurs épines lorsque l'homme les domesticait, et qu'ils les retrouvaient en retournant à l'état sauvage. |
Les systèmes de défense sont nombreux et variés : l'ortie est munie de poils urticants, la pulmonaire et la consoude sont couvertes de poils rêches, l'érable et l'orme champêtres et parfois le fusain d'Europe entourent leurs jeunes rameaux de crêtes de liège, impropres à la mastication. Un grand nombre de rosacées disposent, dans leur panoplie défensive, d'aiguillons, épines et autres piquants capables de malmener nos vêtements ... et notre peau.
La ronce, si tentante par ses fruits noirs, fait partie de cette dernière catégorie : c'est un sous-arbrisseau pouvant atteindre deux mètres et qui croît dans les bois, les haies et les friches, souvent en lisière. Très envahissante, la ronce peut se multiplier par marcottage dès la deuxième année, lorsqu'elle donne ses premiers fruits. Ses fleurs hermaphrodites sont pollinisées par les insectes, les animaux participent ensuite à la dispersion de la plante. Dans le Lauragais, on rencontre surtout la ronce à feuille d'orme ( Rubus ulmifolius) et dans les lieux humides, la ronce bleuâtre (Rubus caesius). Les fruits sont constitués de petites drupes agglomérées renfermant chacune une graine. On récolte les feuilles au printemps puis on les fait sécher.
Propriétés médicinales
- Usage interne : la décoction des feuilles de ronce est efficace contre les diarrhées et les inflammations de l'estomac. Les enfants apprécient particulièrement le sirop de mûres obtenu par cuisson dans le double de son poids de sucre ; la dysenterie cède à ce traitement répété.
- Usage externe : le sirop, additionné de la décoction des feuilles, produit un gargarisme permettant de traiter des maux de gorge. Les inflammations de la bouche, aphtes, gingivites, ne résistent pas à des bains de bouche à base de décoction concentrée de feuilles.
Autres usages
Les mûres donnent d'excellentes confitures et gelées. Autrefois, un "vin de mûres" était parfois transformé en eau de vie. Les anglais, grands amateurs de thé, ont trouvé dans la feuille de ronce un succédané de cette boisson. Les tiges de ronce débarrassées de leurs épines sont encore, de nos jours, employées en vannerie.
Michel LITHA
Ramonville Saint-Agne
Couleur
Lauragais N°35 - Septembre 2001