Balade en lauragais
Durfort et l'industrie du cuivre
Le cuivre, c'est toute l'image de Durfort. L'industrie a bien sûr largement évolué au fil du temps. Depuis le XVIème siècle, où Durfort comptait pas moins de 29 usines travaillant sur la transformation du cuivre, jusqu'à nos jours, les processus se sont largement industrialisés et l'artisanat a souvent disparu au profit d'une fabrication plus standardisée. Nous vous faisons découvrir ce village attachant et la façon dont on travaillait encore le cuivre au début du siècle.
Durfort, l'entrée
de la Montagne Noire
Le village de Durfort se situe dans le département du Tarn entre Revel
en Haute-Garonne et Sorèze dans le Tarn. Il borde les rives du Sor,
la rivière locale qui descend tout droit de la Montagne Noire. Le village
est construit autour de la place du Plo et est garni de vieilles maisons à
encorbellements.
Son climat est fortement marqué par les influences océaniques.
A cause du peu de terre disponible pour l'agriculture, et grâce à
la présence d'eau comme énergie motrice, Durfort est devenu
un village industriel.
Selon une légende, l'énergie hydraulique fut introduite par
des troupes anglaises qui s'étaient installées dans la région.
Une autre hypothèse soutient que ce seraient des Chartreux qui, ayant
trouvé du minerai de cuivre, auraient voulu l'exploiter.
L'énergie hydraulique servait à faire fonctionner des moulins
qui actionnaient un martinet, lui-même permettant de travailler le fer
et le cuivre.
Le
martinet
C'est
l'outil emblématique de la fabrication artisanale du cuivre. Plusieurs
étaient encore en activité avant la seconde guerre mondiale.
Mais son utilisation est devenue de plus en plus rare au fil du temps, laissant
la place à des processus industriels plus rapides et donc plus rentables.
On trouvait les martinets dans des petites bâtisses construites le long
du Sor. C'est un marteau hydraulique qui a besoin de la puissance de l'eau
pour pouvoir fonctionner. Le processus est simple : une roue à aube
sous une cascade donne son mouvement à l'ensemble du système.
L'outil lui-même se présente sous la forme d'un énorme
baudrier en bois de hêtre (le "marg del malo") sur lequel
est fixé un marteau pilon en acier d'un poids de 200 kg environ. Au
bout de ce baudrier, on trouve un axe en bois de chêne que fait tourner
la force hydraulique. Sur cet axe, des cames permettent d'insuffler au martinet
un mouvement de percussion alternatif et régulier.
La fonte du
cuivre
Le travail du cuivre commençait en fait par la fonte. Dans un grand
four, on mélangeait du charbon et du cuivre. Le charbon était
encore, jusqu'à une époque récente, un produit local
puisqu'on le trouvait en abondance dans les forêts de Sorèze
et des Cammazes. L'intérêt du charbon était de permettre
la production d'un cuivre de qualité.
Dès que la fusion commençait, le charbon, plus léger,
restait à la surface. On récupérait ainsi le cuivre dans
un creuset, construit en terre réfractaire, puis dans un moule. Ce
moule lui donnait la forme d'une galette d'un diamètre variable selon
les pièces à réaliser : la pastelle. Cette dernière,
lorsqu'elle était incandescente et d'une belle couleur rouge cerise,
était prête pour le martelage.
Le
martelage : la naissance de la forme
Le martelage permettait de donner la forme de l'objet à créer
par des percussions régulières de la pastelle. L'équipe
chargée de faire fonctionner le martinet comprenait toujours deux hommes
: le martineur et le chauffeur. Le martineur se tenait assis devant le marteau
pilon avec, dans ses mains, un crochet et une pince avec lesquels il faisait
tourner la galette de cuivre pour la façonner. Régulièrement,
la pastelle repassait au feu pour lui conserver une température proche
de 700 à 800 degrés.
Le martelage
Les pièces
ainsi réalisées étaient utilisées dans tous les
domaines de la vie quotidienne : chaudrons, marmites, bassines, poëles,
lessiveuses, passoires
Aujourd'hui encore, plusieurs entreprises perpétuent à Durfort
la tradition du travail du cuivre. Si la fabrication est aujourd'hui plus
industrialisée, les objets en cuivre produits par les artisans et industriels
de Durfort restent marqués par le sceau de la qualité. Avec
une réputation qui dépasse désormais très largement
les frontières de notre région. D'autres activités comme
le travail du cuir, du verre, les produits régionaux
se sont
installées au fil des années, et font de Durfort un village
essentiellement tourné vers l'artisanat.
Pascal RASSAT
Couleur
Lauragais N°34 - Juillet - Août 2001