Un village en Lauragais
Rieumajou
Couleur Lauragais a choisi de mettre en avant ce mois-ci une petite commune de Haute-Garonne, Rieumajou, qui a réalisé un grand projet de rénovation de son église. Une récompense bien méritée pour des habitants pleins d'initiatives et d'enthousiasme. N'hésitez-pas à faire le détour pour l'admirer !
La situation
géographique
Rieumajou est une petite commune de 374 ha située au Nord-Est du canton
de Villefranche de Lauragais. Elle s'étale sur une zone de collines
entre les ruisseaux du Favayrol et du Marès au Sud-Est. Comme Folcarde
qui la borde sur toute sa longueur Sud, Rieumajou forme un territoire tout
en longueur entre ces deux ruisseaux dont les vallées sont assez profondes
mais encore peu larges.
Le village est très excentré à l'Ouest/Sud-Est de la
commune puisqu'il n'est qu'à 70 m au Nord de Folcarde et à 200
m à l'Est de Lux. La commune comporte d'ailleurs plusieurs petits ha-meaux.
Du fait de sa position géographique, le nom de Rieumajou tire son origine
du ruisseau du Favayrol qui désigne un "Riu Major" c'est
à dire un grand ruisseau ; ce qui donne au site du village l'aspect
et les avantages d'un petit éperon naturel.
Le
développement original du village
Nous pouvons distinguer deux zones dans cette petite agglomération
: un premier ensemble de maisons à l'Ouest autour de l'église
et du carrefour, et un deuxième noyau à l'Est, plus dense. L'excentricité
du village dans la commune ne plaide pas en faveur de la formation de cette
petite agglomération autour d'un pôle fédérateur.
Le village paraît en effet formé par le rapprochement de deux
hameaux séparés par quelques mètres seulement. C'est
là que nous trouvons l'origine de ce village, centre politique et religieux
assez tardif. N'ayant aucune capacité militaire défensive, plusieurs
hameaux ont pu se développer tels Lissartol, En Raou, En Salvy, Moussure
et Sers. De plus Rieumajou ne possède pas de grands vestiges du passé.
Ces terres furent vendues par l'évêché de Toulouse au
début du XVIIème siècle à Michel Charles, seigneur
de Folcarde et à son gendre, Yves de Sérignol, qui devinrent
ainsi seigneurs de haute, moyenne et basse justice de Rieumajou.
Ils y firent construire une maison au centre du village, qui est actuellement la plus ancienne et la mairie. En 1774, le seigneur de Cambolas l'offrit à la population, tenue de fournir une habitation au prêtre du village nouvellement érigé en curé, car la paroisse de Rieumajou et l'église Saint Jean apparaîssent jusqu'au XVIIIème siècle comme étant rattachées à la paroisse de Mourvilles-Hautes.
La prise d'indépendance
Envers et contre tout, les Rieumajois ont toujours voulu organiser la vie
de leur communauté. La volonté farouche de décider par
eux-même et de dépenser leurs deniers avec sagesse et efficacité
les a toujours habités.
Pour preuves, nous avons quelques simples faits tirées de leur longue
histoire.
Etant paroissiens
de Mourvilles-Hautes, les habitants de la communauté de Rieumajou baptisaient
et enterraient leurs morts à Mourvilles-Hautes car ils ne possédaient
pas d'édifice religieux. Ils voulurent marquer leur différence
et refusèrent de payer l'impôt de 20 livres. Dans la nuit, ils
transportèrent les corps de leurs défunts pour leurs donner
une sépulture dans un pré communal qui est devenu le cimetière
actuel du village. La communauté de Rieumajou devient ainsi officiellement
et pleinement paroisse de Rieumajou avec un curé qui résidait
à Folcarde.
Un village dynamique
Aujourd'hui, Rieumajou est un village de plus de 100 habitants, sa population
est croissante depuis plus de 20 ans car très bien située géographiquement.
Son dynamisme repose sur une population jeune qui participe massivement à toutes les associations sportives et festives qui contribuent à revitaliser le village. De plus, on peut découvrir la campagne de Rieumajou au travers de balades pédestres qui permettent de rejoindre les villages limitrophes : Lux, Folcarde, Mourvilles-Hautes, Les Cassés, Montmaur.
Le patrimoine de Rieumajou a été entièrement rénové en collaboration avec un architecte renommé, Mr Billac, qui a su préserver le cachet de la mairie et de l'église.
On
retrouve ainsi l'originalité d'antan. La particularité de cette
petite église devenue le joyau du cur du village, est dûe à
la création de vitraux réalisés à la peinture
par une artiste de talent, Mme Hélène Lambert. Ils offrent à
l'ambiance générale de vives couleurs teintées en transparences.
L'église de Rieumajou
Nichée au coeur du village, l'église est adossée à l'imposant bâtiment dans lequel se trouve la Mairie. Discrète et modeste, seul un petit clocher-mur surplombant légèrement une vaste toiture, la signale au regard du visiteur pénétrant dans le village.
Modestie, simplicité, sobriété telles sont bien en effet quelques unes des caractéristiques de cette église édifiée avec les mêmes techniques constructives et les mêmes matériaux que les maisons qui l'entourent.
Mais
que l'on ne s'y trompe point, malgré l'absence de tout signe ostentatoire
permettant d'attirer le regard, l'église de Rieumajou possède
tous les attributs d'un édifice religieux certes modeste et fragile
mais plein de charme.
Après avoir franchi le porche et l'imposante porte d'entrée,
on pénètre dans la nef délimitée par d'épais
murs de pierre enduits. Dans l'un de ces murs, une puissante arcade en brique
foraine donne accès à l'unique chapelle. Le chur orné
de pilastres, de corniches et de châpiteaux en staff, possède
un plafond composé d'arcatures et voutes rayonnantes en bois. L'ensemble
forme un magnifique écrin pour le tableau représentant Saint
Jean, le Saint patron de la commune.
Il
fut décidé que les travaux seraient conduits de façon
à conserver le fragile décor formant le choeur de l'église
tout en apportant à l'intérieur de celle-ci clarté et
couleur.
Outre une réfection complète de la couverture, on a aussi réalisé
les travaux suivants :
- une réfection des enduits intérieurs en utilisant comme liant
la chaux naturelle pure,
- le remplacement du plafond horizontal situé dans la nef par un plafond
rampant pour donner plus de hauteur et mettre en valeur la charpente bois,
- la restauration de tous les éléments décoratifs situés
dans le choeur tels que pilastres, corniches, lambris et arcatures bois,
- le dégagement et la mise en valeur de l'arcade en brique foraine
donnant accès à l'unique chapelle,
- l'application de badigeons de chaux aérienne colorés par des
pigments minéraux tels que des ocres jaunes et rouge afin de retrouver
les couleurs d'antan avec toutes leur pertinence technique et leur charge
symbolique,
- le remplacement des menuiseries extérieures par des vitraux peints
scellés directement sur les pierres de taille formant les rares ouvertures
donnant sur l'extérieur.
Des aménagements réussis pour une église pleine de charme.
Emmanuelle BAYSSIERES
Couleur Lauragais N°29 - février 2001