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Couleur Lauragais : les journaux

" Balade du côté de Castanet "


Le canton de Castanet compte 15 communes (1) et s'étend de part et d'autre de la vallée de l'Hers mort. À l'ouest, il est limité par la vallée de l'Ariège ; à l'est, il atteint la Marcaissonne (vers Auzielle et Saint Orens) ; au dessus de Castanet, vers l'ouest, le relief taillé dans des collines molassiques présente de fortes pentes. La vallée centrale est très large (2 kilomètres) et les pentes sont douces entre Hers et Marcaissonne. La cité de Castanet se trouve dans ce grand couloir débutant à Toulouse, et qui conduit à la méditerranée. Des dizaines de peuples envahisseurs sont passés ici depuis les Gaulois, les Romains ou les Wisigoths. Cette microrégion, endormie jusqu'en 1960, connaît actuellement un essor démographique spectaculaire. Le canton compte 30 000 habitants en 1998, un énorme complexe industriel ultra-moderne s'est développé à Labège (Labège Innopole). Castanet est une ville qui compte 10 000 habitants.

UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE

Castanet a connu une histoire mouvementée en liaison avec la grande route (RN 113) qui la traverse. Son tracé correspond à la prestigieuse voie romaine d'Aquitaine (de Narbonne à Toulouse), appelée ensuite «le cami ferrat» et qui fut longtemps l'unique route empierrée du Lauragais. L'ancien village était sur l'emplacement de l'actuel cimetière où une vieille église y subsistait encore en 1772 (en voir le croquis dans la monographie communale de 1885 et l'ancien cadastre de juillet 1772). Un fort fut ensuite construit à l'Est de l'église actuelle, sans doute au XIVème siècle, avec des murailles de terre.


L'ancien hôpital qui abrite aujourd'hui la MJC
C'est vers 721, que Castanet apparaît dans l'Histoire. Dans une publication de 1885, un instituteur cite un historien toulousain (Rosbach) qui écrit : c'est selon toute vraisemblance, sur un point indéterminé que le duc de Toulouse, Eudes, en 721, arrêta la marche des Sarrasins venant de Narbonne, dans une grande bataille désignée par les écrivains sous le nom de «balat-el-Choada» (chaussée des martyrs). Une bataille a certainement eu lieu dans ces parages : «le squelette d'un cheval harnaché avec son cavalier, trouvé en 1874, confirme ce que nous avançons». Est-ce à Castanet que cette bataille a eu lieu ? La discussion reste ouverte.

 

DES INCENDIES AU LONG DE L'HISTOIRE

Autre épisode tragique : la destruction de Castanet par le Prince Noir (du nom de son armure noire) en 1355. C'était le fils du roi d'Angleterre et prince d'Aquitaine (autour de Bordeaux). Cette région appartenait aux Anglais depuis le mariage d'Aliénor, la duchesse d'Aquitaine, célèbre par sa cour de troubadours, avec le roi d'Angleterre Henri II.

En 1335, en pleine guerre de Cent ans entre France et Angleterre, le Prince Noir, partant de Bordeaux,
Depuis 1641, date de sa création, le marché accueille chaque mardi de nombreux chalands
lance une chevauchée, c'est à dire une expédition de pillage, en direction de Toulouse. Avec 10 000 cavaliers, venant de Gascogne, il traverse la Garonne à Portet et débouche en Lauragais à Castanet. 500 villages, dit-on, sont pillés et incendiés jusqu'à Narbonne. Castanet est la première victime de cette expédition. Baziège, Villefranche subissent aussi ces redoutables assauts

Castanet a également été incendiée pendant les guerres de religion opposant catholiques et protestants au XVIème siècle. En 1595, sous la Ligue (ultra catholique), le chef militaire «Joyeuse» s'empare de Castanet. Les troupes du roi vinrent l'y assiéger et Castanet fut prise et brûlée en août 1595.

Quelques restes archéologiques sont intéressants : les mosaïques d'une villa gallo-romaine, un hôpital datant de 1646 qui avait été offert par le seigneur de Castanet, Gaspard de Fieubet ainsi que le monastère des Cordeliers (Franciscains). Le château de Rabaudy date du XVIème siècle et rentre donc dans la catégorie des châteaux du pastel. En revanche, l'église est plus récente (1837).


LES VOLQUES TECTOSAGES

Au nord de Castanet, le village de Vieille Toulouse est à voir. A noter la présence d'un immense oppidum (2), sans doute gaulois. Il fut considéré comme la capitale, ou l'un des points forts, d'un puissant peuple : les Volques Tectosages. Leur domaine allait de Toulouse à la Méditerranée. C'était un des peuples les plus puissants de la Gaule. Vieille Toulouse a révélé d'innombrables poteries, puits funéraires, monnaies qui permettent de faire débuter la construction de l'oppidum à l'âge de fer. L'agglomération prospéra au début de l'occupation romaine (118 avant J.C.). À l'époque des empereurs Tibère et Claude, le lieu fût déserté, sans doute au profit de la ville de Toulouse qui s'était créée auprès de la Garonne.
Le canton de Castanet est riche de monuments que nous étudierons ultérieurement, comme le village fortifié de Clermont le Fort, les pigeonniers d'Auzeville, les deux villages de Lacroix et de Falgarde, le château du pastel d'Auzielle et l'église de Saint Orens, près du cimetière.

Jean ODOL

 (1) Ces communes sont :
- sur le versant de l'Ariège : Clermont le Fort, Goyrans, Lacroix Falgarde ;
- sur les collines : Aureville, Rebigue, Mervilla, Vigoulet Auzil, Vieille Toulouse et Pechbusque;
- dans la vallée : Péchabou, Castanet, Auzeville ;
- à droite de l'Hers : Labège, Auzielle, Saint Orens de Gameville.

 (2) Oppidum : fortification située en un lieu élevé.

Couleur Lauragais N°9 - Février 1999