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Couleur Lauragais : les journaux

Interview


Le Pays Lauragais : Bilan et Perspectives à l'aube de l'an 2000



Comme nous l'avons déjà évoqué dans nos précédents numéros, le Pays Lauragais est en cours de constitution. Plusieurs réunions de travail entre élus, socio-professionnels, associations ont permis de faire un état des dossiers sur lequel cette structure devrait dégager les axes forts du projet de développement du Pays Lauragais. Le 18 octobre, Couleur Lauragais a invité les Présidents des Commissions dans les nouveaux locaux du journal à Beauville, afin de faire ensemble le point sur le Pays Lauragais à la veille de l'an 2000. Dans ce numéro nous vous proposons une synthèse des débats.


Etaient présents à cette réunion :
- Francis Cassignol, Maire de Fanjeaux, Président de la Commission "Tourisme et Culture" du Pays Lauragais,
- Alain Chatillon, Maire de Revel, Président de la Commission "Économie _ Emploi" du Pays Lauragais,
- Robert Gendre, Maire de Baziège, Président de la Commission "Culture et Identité locale" du Pays Lauragais,
- Gilbert Hébrard, Maire de Vendine, Président de la Commission "Environnement" du Pays Lauragais.

Jean-Marc Faget présente en premier lieu les différents thèmes abordés au cours de cette soirée. Le débat est centré sur trois interrogations principales des lecteurs du journal :
- l'économie et la place de l'agriculture dans le développement économique local,
- l'identité culturelle et le patrimoine au service du tourisme,
- le développement et l'aménagement du territoire local.

Jean Odol, historien du Lauragais, introduit le débat en livrant les derniers éléments démographiques sur la région fournis par le récent recensement de l'INSEE.


Le premier des sujets abordés concerne donc l'économie lauragaise en partant d'un constat : encore fortement marquée par son agriculture, le Lauragais a cependant beaucoup changé ces dernières décennies et a développé d'autre activités.. Bien La part de l'agriculture a ainsi régulièrement baissé, laissant la place aux activités du tertiaire favorisées par la proximité de la métropole toulousaine. Le Lauragais actuel propose un éventail d'activités plus large et mise notamment sur le tourisme développé autour de son patrimoine.
- Gilbert Hébrard souligne que l'agriculture en Lauragais n'est pas de type productiviste comme en Beauce mais conserve encore un caractère modéré, très attaché à la tradition. C'est une "agriculture des chemins vicinaux et des petites parcelles". Dans le même temps, le consommateur européen s'attache de plus en plus à la qualité des produits qu'il consomme, ce qui constitue une chance pour le Lauragais qui peut ainsi plus facilement valoriser son agriculture raisonnée et trouver des débouchés pour des produits de qualité. Sur le plan industriel, le Lauragais doit trouver sa propre originalité tout en bénéficiant des avantages de la proximité des centres de recherche de l'Est toulousain. Pour que l'industrie, se développe dans notre région il faut lui fournir les conditions d'accueil adéquates. C'est pourquoi, il semble nécessaire, quand cela est possible, de développer des réseaux de communication innovants tel le câblage en fibre optique prévu à Revel et la mise en place d'un site Internet pour le Pays Lauragais.

- Les deux principaux points d'attraction économique de notre territoire sont :
- le secteur agro-alimentaire d'abord avec des entreprises telles les Salaisons de la Montagne Noire, la Toulousaine de Céréales, la Coopérative de Castelnaudary ou encore la Minoterie de Paris. Ce secteur représente aujourd'hui en Midi-Pyrénées près de 21 milliards de francs de chiffre d'affaires (dont 5,8 milliards de francs d'excédents), avec 19 000 salariés, et constitue une force exportatrice très importante. Le Lauragais y apporte une contribution non négligeable.

- le secteur bois ensuite qui peut encore être plus fortement valorisé non seulement comme activité industrielle majeure (avec plusieurs dizaines d'entreprises _ de la scierie à la conception et à la vente de meubles anciens ou contemporains en passant par toutes les étapes intermédiaires - et de nombreuses filières de formation mises en uvre sur le Lauragais), mais aussi comme un pôle d'attraction touristique déterminant,

Valoriser ces atouts, développer l'innovation et profiter au maximum de la proximité de la métropole toulousaine constitueront les enjeux des prochaines années. Le Pays Lauragais compte y apporter le plus largement possible sa contribution.

Très fortement relié au développement économique, le deuxième thème abordé est celui du patrimoine culturel du Lauragais au service du tourisme. Développer le patrimoine, contribuer à sa restauration, c'est attirer plus de touristes et c'est aussi contribuer au développement de toute l'économie locale.

Les participants soulignent d'abord la nécessaire mise en valeur de notre patrimoine qui a la chance d'être extrêmement riche et de s'appuyer sur une histoire très forte. Ce sera bien sûr une des priorités du Pays Lauragais.
Selon Gilbert Hébrard, le Lauragais n'a pas forcément besoin de site touristique phare (comme peut l'être par exemple la cité de Carcassonne pour tout le département de l'Aude) : "La richesse de notre région est justement d'avoir plusieurs pôles d'attraction rayonnants comme par exemple Fanjeaux ou encore Saint Papoul. Il est cependant nécessaire de les faire connaître davantage au grand public". Ces différents sites, disséminés sur l'ensemble du Lauragais, encouragent un "tourisme de flânerie", de proximité, qui permet une bonne répartition de la population touristique et touche des publics plus larges (du promeneur du dimanche qui vient de Toulouse au touriste plus éloigné qui reste sur place durant une plus longue période). L'attraction principale est bien sûr représentée par le Canal du Midi. Classé au patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO, il constitue, comme le souligne Francis Cassignol, "un trait d'union fédérateur" pour le Lauragais capable de dynamiser tout son territoire.
Mais le tourisme en Lauragais a encore quelques faiblesses, notamment son artisanat. Comme le soulignent les invités, il est difficile de construire un tourisme fort sans un artisanat de proximité bien développé.
Alain Chatillon souligne l'importance d'attirer les touristes dans notre région en leur proposant des prestations de qualité les incitant à séjourner sur place. Saint Ferréol a ainsi entamé cette démarche avec la création prochaine d'un espace interactif sur le site et un projet d'illumination des parcs.
De même il serait intéressant de développer le tourisme industriel. Nutrition & Santé a ainsi ouvert ses portes au public.

Ces diverses orientations permettront de privilégier un tourisme "intelligent" et thématique. Cela permettra d'intéresser les autocaristes locaux à instaurer des circuits dans notre région. Un grand syndicat d'initiative commun, chargé de valoriser tous les atouts de l'ensemble du territoire, pourrait également constituer un point d'attraction intéressant.

Pas de tourisme, ni d'économie forte sans un développement local et un aménagement du territoire harmonieux. Des questions qui restent omniprésentes sur une région quelque peu tiraillée entre l'urbain (la métropole toulousaine et le tout proche SICOVAL) et le rural.
Sur ce troisième thème, Robert Gendre a tenu à rappeler l'importance de l'identité lauragaise, construite autour de territoires fortement marqués par leur ruralité. Les villages du Lauragais ont longtemps connu l'exode rural et une certaine désertification. Les derniers chiffres de l'INSEE montrent un nouveau développement construit sur l'artisanat et le commerce local.
Le sujet de l'élargissement de la zone couverte par le futur Pays Lauragais, s'il ne fait pas encore complètement consensus, a néanmoins été largement abordé. Il devrait ainsi étendre ses frontières sur le département du Tarn avec des communes du canton de Dourgne, déjà rattachées au District revélois. Le Lauragais doit être envisagé comme un territoire avec ses caractéristiques propres : ruralité, tourisme, industries bois et agro-alimentaire fortes. Autant d'atoûts que le Pays Lauragais aidera à développer.

Pour conclure les débats, les intervenants ont donné leur opinion sur ce que les lecteurs pouvaient attendre de la construction du Pays Lauragais. Au-delà des frontières administratives classiques qui peuvent parfois constituer des obstacles à un développement inter-départemental, le Lauragais offre l'occasion de travailler dans un cadre plus large, capable de rassembler les énergies autour d'un projet commun que les politiques veulent fort et entièrement tourné vers l'avenir. C'est aussi un lieu d'échange entre élus qui n'ont pas souvent l'occasion de se rencontrer et de réfléchir ensemble.

Dans ce cadre, le rôle du journal Couleur Lauragais sur la vie locale a été souligné par les personnes présentes. Il constitue en effet d'après eux un support original de plus en plus incontournable pour promouvoir l'histoire et l'identité locale.

Invité d'honneur : Jean ODOL
Interview : Jean-Marc FAGET et Pascal RASSAT

Pour Georges MÉRIC, actuel Président de l'association Pays Lauragais, quel que soit le devenir du pays, la relation entre collectivités, socio-professionnels, associations, s'est déjà fortement renforcée. Des liens d'estime et une reconnaissance mutuelle se sont instaurés. La publication de la Charte début janvier devrait témoigner de l'engagement de tous les acteurs du développement du développement du Pays Lauragais.

Couleur Lauragais N°18 - Décembre 1999 / Janvier 2000