

Histoire
Les contrats de mariage chez les paysansAutrefois, 
    chez les ruraux, il était d'usage d'établir un contrat de mariage 
    devant le notaire du village, quelques jours avant la cérémonie.
    
    
    
    La dot courante s'élevait à 20 livres + des biens meubles : 
    un lit en bois de hêtre ( le fay) avec couette, coussins et couverture 
    en laine blanche de Toulouse (la flessado). Ces biens représentaient 
    le trousseau qui était complété par quelques draps (linsols), 
    une nappe et ses serviettes. Le coffre en hêtre qui enfermait les habits 
    de noce et que l'on plaçait au pied du lit faisait aussi partie de 
    la dot. L'armoire à deux ouvrants avec serrure à clé 
    n'apparut que plus tard (avant la Révolution de 1789).
    
    Une formule surranée et pompeuse disait alors : « Les parents 
    de la promise la pareront de bagues et de joyaux selon leur condition » 
    ; le plus souvent, il s'agissait simplement de l'anneau nuptial en laiton.
    Les mariées (las noubiétos) revêtaient pour la cérémonie 
    la robe en rase (serge) noire qu'elles mettaient à nouveau pour aller 
    aux offices si elles en avaient le temps (travail aux champs, ménage, 
    grossesses, soins aux parents et aux enfants). Les nouveaux mariés 
    (nobios) vivaient en général « à même pot 
    et feu » avec les parents. On disait alors : « La noro s'ajendro 
    » (la mariée vit chez ses beaux-parents). 
Odette Bedos a retrouvé 3 exemples de ces contrats dans les archives de notaires. Elle nous en livre ici le contenu.
Contrat de mariage d'un brassier (valet) âge de 21 ans marié en 1719 :
Jen B. né à Monclar épouse à Trébons Jeanne C., fille de maître valet. Dans le contrat passé chez le notaire de Trébons, Jean s'engage à donner à sa future épouse le quart de tous les fruits qu'il possède soit :
 - 2 setiers 
    de blé (environ 62 kgx2), 3 pugnères (environ 46 kg), 4 boisseaux 
    (environ 30 kg),
    - 3 pugnères de millet ou maïs à petit grain (environ 46 
    kg),
    - 1 pugnère d'orge (environ 15 kg),
    - 1 pugnère d'avoine,
    - 1 pugnère de faînes (fruits du hêtre pour nourrir les 
    porcs),
    - 1 vieille barrique (pour le vin familial),
    - 1 foussou (bêche ou pelleversoir),
    - 1 anduzat (houe à 2 fourche).
Contrat de mariage d'un garçon meunier en Décembre 1751 :
Raimond Laval, meunier à Montferrand et Germaine Caunes, son épouse légitime, marient leur fils Jean-Pierre avec Toinette Raynaud, de Montferrand, fille de Barthélémy Raynaud et de Perrette Ramond.
Barthélémy 
    Raynaud donne en dot à sa fille des biens meubles : 1 bois de lit, 
    5 draps ou linsols, 6 serviettes, une nappe et une armoire à deux ouvrants 
    évaluée à 20 livres.
    Il donne également des biens en espèces : 150 livres versées 
    en deux fois,
    60 livres en 10 écus de 6 lives pièce,
    90 livres payables dans 3 ans.
    Les autres biens immobiliers : Raimond Laval, meunier à Esquilles sur 
    la Grâce, près de Trébons, consent à donner à 
    son fils, après sa mort, la moitié du moulin à vent qu'il 
    tient « à locatairerie » à Montferrand, ainsi qu'une 
    chambre située dans sa maison d'Esquilles, plus le quart des grains 
    qui se trouvent dans cette maison.
    Le père Raynaud paiera la robe de burat noire que sa fille revêtira 
    le jour de ses noces.
  
Contrat de mariage d'un métayer en Avril 1722 :
« Au nom 
    de Dieu, soit ce jourd'hui, douzième du mois d'avril, avant midi, de 
    1722, au lieu de Trébons, diocèse de Toulouse, Sénéchaussée 
    du Lauragais, régnant Louis par la Grâce de Dieu, Roy de France 
    et de Navarre. Par devant moi, François Soulages, notaire, furent présents, 
    Raimond Astric, fils légitime et naturel d'Antoine Astric et d'Antoinette 
    Dayric, et François Barlan, métayer de Messire d'Aldéguier, 
    faisant pour, Cécile Barlan, sa fille légitime et naturelle 
    et de Bernarde Pratviel, son épouse, absente, promet de faire prendre 
    pour mari et légitime époux Raimond Astric. Tous habitants de 
    Trébons.
    Le mariage sera solemnisé en face de notre mère, la Sainte Eglise 
    catholique et apostolique, le 28 avril 1722 conformément aux annonces 
    publiées au prône de la messe paroissiale pendant trois dimanches 
    consécutifs ».
Constitution 
    dotale de la future, consentie par le père :
    Biens meubles : - un lit avec couette et coussins suffisamment remplis de 
    plumes,
    - une couverture de laine blanche de Toulouse (état neuf),
    - 5 linsuels (lensols ou draps de lit),
    - 3 serviettes en toile commune de maison,
    - une caisse en bois de fay (coffre en hêtre), ferrée à 
    la clé.
    Espèces : la dot s'élève à la somme de 20 livres 
    payée par le père. Il est bien précisé dans le 
    contrat que sa fille ne peut demander rien d'autre que ses droits à 
    la succession.
Le couple vivra 
    séparé des parents. Raimond Astric accepte humblement un logement 
    au masage d'en Ferréol, avec jardin (côté auta), terre 
    labourable et vigne nouvellement plantée.
    Le futur époux habillera son épouse d'une robe de rase noire 
    et la parera de bagues et joyaux pour le jour de ses noces.
    Etaient présents lors du contrat : Bernard Astric, frère du 
    futur époux, Martial Fauré, gazailhat en Maury, et Pierre Barlan, 
    frère de la future épouse.
    Seul, François Barlan, père, a apposé sa signature au 
    bas du contrat.
     
  
Recherches 
    : Odette BEDOS
  
    Couleur Lauragais N°15 - Septembre 
    1999