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Couleur Lauragais : les journaux

Au fil de l'eau

" Naurouze : Havre de verdure et de tranquillité "

Naurouze est, à plus d'un titre, le plus "haut" site du canal du Midi : altimétriquement d'abord, historiquement ensuite, et enfin de par sa renommée. Car si l'on parle de Naurouze, on pense automatiquement Canal du Midi et vice-versa.
Arrivée de la rigole à Naurouze
Situé au centre de notre région, Naurouze est un lieu-dit de la commune de Montferrand, siège depuis quelques mois du Pays Lauragais.

Nous vous invitons donc à une petite "promenade digestive" sous les généreux ombrages de Naurouze. Par fortes chaleurs, rien n'est plus agréable que la fraîcheur de ce havre de verdure et de tranquillité. Et pour joindre l'utile à l'agréable, des panneaux explicatifs ont été placés à votre intention aux points stratégiques de ce lieu. Pour parfaire le tout, des tables de pique-nique sont à votre disposition.

Nous commencerons notre petite boucle de randonnée par le bassin et la station de pompage, réalisations récentes en liaison avec la retenue de la Ganguise et gérées par la Compagnie du Bas Rhône Languedoc pour l'irrigation des terres agricoles. Dans ce plan d'eau, les pêcheurs taquinent le goujon. Par temps d'hiver, lors de fortes pluies, les excédents sont rejettés au déversoir du Fresquel situé à quelques mètres plus loin. En prolongeant vos pas, vous pourrez admirer l'île et ses magnifiques essences (Criptoméria Japonica, Thuyas géants....). Poules d'eau et col-verts y sont les maîtres. Plus avant, vous arriverez sur l'ancienne écluse de la Méditerranée, aujourd'hui ouvrage d'alimentation du Canal, qui permet de mesurer les volumes d'eau introduits dans le Bief de partage des Eaux.

Le partage des eaux et son alimentation, solution de génie. Ici, on prend conscience du travail, ô combien grandiose, de Pierre-Paul Riquet. Long de 5 kilomètres, le bief alimente en eau les deux versants (océanique et méditerranéen) et se termine de part et d'autre par l'écluse de l'Océan (ex écluse de Montferrand) et par l'écluse de la Méditerranée (ex écluse du Médecin).
L'allée de platanes
Revenez sur vos pas et observez bien sur votre gauche, l'arboretum. Plusieurs espèces de végétaux y ont été plantées : Micocouliers, Cèdres de l'Atlas, Peupliers Blanc, Chênes Sessiles, Epicéas, Erables Cham-pêtres, Erables Cycomore Les plantations, commencées à la fin du XVIIème siècle le long des berges, avaient chacune leur utilité toute particulière. Ici, elles ont un caractère esthétique. Cet espace méconnu du site de Naurouze, mériterait une mise en valeur. Accompagné par les libellules et les papillons, vous prolongerez votre promenade jusqu'à l'écluse de l'Océan. Vous pourrez apprécier son fonctionnement inchangé depuis sa création. La maison éclusière est toujours bien fleurie, ce qui ne fait qu'agrémenter un circuit déjà fort agréable.

Faites demi-tour et vous aurez face à vous la magnifique allée de platanes, une des plus belles de France. Composée de 61 spécimens d'une hauteur de 45 mètres (le plus gros a une circonférence de 4,17 mètres), elle fut l'objet, entre 1974 et 1978, d'une action de sauvegarde fortement menée par la population locale : un projet de recreusement du bassin devait la détruire. Pour les Montferrandais et les Lauragais, il était hors de question de voir disparaître ce patrimoine végétal. Empruntez cette voûte naturelle où rossignols, merles et passereaux vous raviront de leurs aubades ; vous aurez ainsi traversé le Bassin Octogonal, creusé par Pierre-Paul Riquet mais très vite comblé par les alluvions et les sédiments.

Remontez le long de la rigole. Pour les plus courageux, la Route Nationale 113 (Voie Aquitania à l' époque romaine) n'est qu'à quelques centaines de mètres. En contrebas, se profile le Fresquel dans lequel les eaux en excédent de la Montagne Noire peuvent être déversées directement de la Rigole par l'épanchoir de la Martellière.
Naurouze : l'écluse de l'océan
De retour vers le site de Naurouze, vous longerez l'Ancienne Minoterie qui fait l'objet, actuellement, d'une restructuration à des fins touristiques et culturelles. En suivant la branche de la Rigole sortant de sous le moulin, en direction de l'Obélisque, vous laisserez sur votre droite, la Maison de l'Ingénieur : c'est dans cette habitation que, le 18 avril 1814, fut signée l'armistice entre le Duc de Wellington et le Maréchal Soult après la bataille de Toulouse.

Votre promenade se terminera par le "Monument de Naurouze" : l'obélisque construit en 1827 en hommage à Pierre-Paul Riquet. Son piédestal est orné d'inscriptions et de bas-relief allégoriques. Les pierres du soubassement, chantées par les troubadours au Moyen-Age, font l'objet de nombreuses légendes dont une prédiction de Nostradamus : lorsqu'elles se toucheront, ce sera la fin du monde ! Au pied de cette "colonne" vous aurez un panorama du village de Montferrand et de ses alentours.

De retour sur le parking, si quelques renseignements vous manquent, n'hésitez pas à vous informer auprès des personnes qui auront accompagné votre groupe (des visites commentées sont organisées) ou encore au chalet d'accueil.

Ainsi, durant plus d'une heure, vous aurez découvert Naurouze. Jeunes ou séniors, sportifs ou simples promeneurs, à pied ou à vélo, pour la journée ou pour un simple bol d'air, seul ou en groupe, chevronnés ou béotiens, chacun apprécie le calme, la tranquillité, l'espace, la nature et la technicité du lieu.

Alors faites comme "Naourouza" : paousa-te ! (1)

Michèle SANDRE-PRADEL
Association Patrimoine et Culture à Montferrand


(1) Naourouza était un géant de la préhistoire qui portait à Toulouse les pierres nécessaires à la construction de la ville. Fatigué d'une telle charge, il déversa au sommet du col, son lourd fardeau et les pierres se brisèrent. Une femme lui cria en occitan : "Paousa-te Naourouza, quant aquelos peros se seran radoubados, femnos e filhas saran toutos desbergougnadas" (repose-toi, Naurouze, lorsque ces pierres se seront rassemblées, femmes et filles seront toutes dévergondées) - selon la légende.

 

Crédit photos : Michèle Sandre-Pradel


Couleur Lauragais N°13 - Juin 1999