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Balade du côté de Castelnaudary "
Sostomagus
est le nom gallo-romain de l'agglomération de Castelnaudary,
centre commercial, sur la prestigieuse voie romaine d'Aquitaine reliant
Narbonne à Toulouse. Les Romains ont établi leur domination
dans la région en 118 avant Jésus Christ en s'établissant
d'abord à Narbonne puis en installant une garnison à Toulouse.
Les autres centres urbains importants dans la région sont alors
Badera (Baziège), Elusiodunium (Montferrand) et Eburomagus (Bram).
La clef de la Porte d'Aquitaine Lorsqu'on vient de Carcassonne, la ville s'aperçoit de très loin, comme un point élevé au dessus de basses terres. On fait souvent référence à un couloir, entre les hauteurs de la Montagne Noire et celles des collines de la Piège ; dans le détail, c'est cependant inexact. Le couloir existe réellement entre le seuil de Naurouze et Castanet où l'on a une gouttière encadrée par des failles (cassures). Mais au delà de Naurouze (190 mètres), en suivant la RN 113, on monte légèrement (218 mètres au Présidial). On suit ici une longue échine de terrains (une serre), qui s'étire sur 15 km et qui sépare le bassin versant du Fresquel de celui du Tréboul. À l'extrémité orientale de cette serre, un pointement de grès de la molasse domine les plaines voisines de 50 mètres environ. Sur ce chicot rocheux s'établit le castrum (un village plus un château) qui fait de Castelnaudary la clef du seuil de Naurouze ou « Porte d'Aquitaine ». Vers l'Ouest, le verrou est triple : les deux castra de Montferrand et d'Avignonet et la bastide royale de Villefranche.
L'histoire
de Castelnaudary a été marquée par les célèbres
combats de 1211, longuement étudiés par Guillaume de Tudèle
dans la Chanson de la Croisade contre les cathares. En 1211, le Lauragais
est encore la forteresse du catharisme occitan. C'est ici, à
Saint Félix, que sont nés les quatre évêchés
cathares d'Albi, Carcassonne, Toulouse et Agen. C'est toujours ici,
à Fanjeaux, que St Dominique a fondé Prouille en 1206
pour accueillir des moniales dominicaines. Toute la noblesse du pays
est cathare, comme la grande famille des Laurac qui se fait inhumer
à Pexiora mais aussi comme les Roqueville, les Hunaud de Lanta,
les Jourdain de Saissac, et Jourdain de Roquefort (qui a d'ailleurs
sa tombe dans l'abbaye bénédictine de St Papoul). Les
Croisés, dès 1209, s'installent à Fanjeaux et font
la conquête du Lauragais. En 1213, ils sont au Pujol, à
13 km de Toulouse. Mais en 1211, l'année terrible, les Toulousains
lancent une spectaculaire contre offensive pour essayer de rejeter l'envahisseur.
1211, c'est cette même année qu'eut lieu le siège
et le bûcher de Lavaur, la victoire de Montgey mais aussi le bûcher
des Cassés, la prise du castrum de Montferrand, et la bataille
de Castelnaudary en automne. À l'époque des « raisins
mûrs » (citation de la chanson de la Croisade), le comte
de Toulouse Raimon VI, le comte de Foix, le comte de Comminges, des
routiers et la milice toulousaine se mettent en marche en direction
de Castel où Simon de Montfort s'est enfermé dans le château.
L'armée de Raimon VI s'installe sur la colline du Pech, entoure
son camp de palissades et attend.
Il faut
aujourd'hui se promener dans le quartier si pittoresque des vieilles
rues autour du Présidial ou sur la colline du Pech, admirer la
façade Sud du musée, de type Renaissance (XVIème
ou écrivons plutôt de la belle époque du pastel).
Les rues devenues des escaliers, les paysages lointains que l'on découvre,
les Pyrénées, le Saint Barthélémy (donc
Montségur),
le Bugarach, la Montagne Noire.
Auprès du Présidial, mentionnons seulement la magnifique collégiale à laquelle nous consacrerons une prochaine étude. De fort loin on aperçoit sa silhouette gothique qui est l'un des quatre symboles qui dominent visuellement Castel : le Présidial, c'est la vie politique (du passé) ; le moulin de Cugarel, la vie économique ; la collégiale, la vie spirituelle ; la cassole (du réservoir), la vie gastronomique. Une ville complète qui mérite vraiment le détour !
Jean ODOL
Couleur Lauragais N°10 - Mars 1999 |