Interview
" L'irrigation au coeur de l'agriculture lauragaise "interview d'Alain BAUDA, Président de la commission «agriculture» du Pays Lauragais.
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Lauragais poursuit avec Alain Bauda la série d'interviews des responsables
de commissions du tout jeune Pays Lauragais, commencée dans le numéro
5. C'est pour nous l'occasion de dresser avec lui, un état de ce secteur
économique primordial pour notre région.
« Historiquement, commence Alain Bauda, le Lauragais a toujours été
l'un des principaux greniers à blé au niveau national. A lui
seul, le département de l'Aude se situe parmi les quatre premiers en
terme de production semencière. Le Pays Lauragais, poursuit-il, existe
déjà dans les faits au niveau agricole grâce à
l'alimentation en eau du Canal du Midi et l'existence de structures agricoles
communes (par exemple le Groupe Coopératif Occitan). »
Ce qui caractérise
surtout notre agriculture locale, c'est la diversité de ses cultures,
rendue possible grâce aux efforts importants réalisés
ces dernières années dans le domaine du captage et de l'utilisation
des ressources en eau. Depuis plus de 25 ans, explique le Président
de la commission «agriculture», notre région a mobilisé
ses ressources hydrauliques. Cette mobilisation a été concrétisée
notamment par l'Institution Interdépartementale pour l'Aménagement
Hydraulique de la Montagne Noire (voir article «la réserve d'eau
potable du Lauragais» - numéro 6, page 27). Les réserves
d'eau locales ont permis de développer une agriculture diversifiée
à forte valeur ajoutée (cultures légumières, semences
et plantes médicinales par exemple). Ainsi, le nombre d'agriculteurs
sur une zone irriguée est deux fois plus important que sur une zone
non irriguée.
Or, ce modèle de développement est de plus en plus remis en
cause par des instances de décision françaises ou européennes.
«Les irrigueurs ne doivent pas être systématiquement synonymes
d'assoiffeurs», note Alain Bauda. Une gestion saine des ressources en
eau doit se décider au cas par cas. Certes, quand l'utilisation de
l'irrigation porte atteinte à l'environnement, il est nécessaire
de mettre en place des barrières spécifiques qui permettront
d'éviter de dilapider notre capital en eau. Mais, à la différence
de certaines régions, l'eau utilisée dans le Lauragais n'est
pompée ni dans les nappes phréatiques, ni dans les cours d'eau.
Elle provient des bassins de stockage constitués par les barrages.
Le dispositif ainsi mis en place permet une gestion des ressources très
fine et ne justifie pas, selon Alain Bauda, une limitation des cultures d'irrigation.
Le Président
de la commission «agriculture» énonce ensuite quelques
objectifs du Pays Lauragais :
- Tout d'abord, favoriser l'agriculture locale en jouant sur les synergies
entre les différents pôles de notre économie. Par exemple,
la production de haricots pourrait bénéficier d'une appellation
géographique protégée, rattachée au cassoulet
de Castelnaudary,
- Ensuite, mettre en commun les travaux des différentes commissions
pour offrir une plus grande synergie. Par exemple, les commissions «
tourisme » et « agriculture » pourraient ainsi s'attacher
à valoriser le tourisme vert, un produit à forte valeur ajoutée
susceptible de renforcer l'activité des exploitations agricoles. Le
département de l'Aude a déjà entamé une réflexion
sur ces questions au travers de la «démarche d'approche collective
du développement touristique». Elle permet d'aider les porteurs
de projet, mobiliser des financements et soutenir le développement
des intiatives locales.
De même, les commissions «économie - emploi» et «agriculture»
devront travailler à la valorisation des débouchés de
l'agriculture dans l'industrie agro-alimentaire, débouchés qui
ont déjà permis, dans notre région, de créer de
nombreux emplois en aval de l'agriculture.
«Le Lauragais est en attente du vote de nouvelles lois sur la notion de pays, conclut Alain Bauda, qui permettront de clarifier ses missions et ses champs d'intervention». Le prochain contrat de plan état / région devrait également encourager les démarches de constitution de Pays. Le Lauragais bénéficie déjà, ajoute-t-il, de nombreux atouts (tissu économique bien organisé, maîtrise de l'eau, axes de communication importants, proximité de la métropole toulousaine,...). Le Pays Lauragais constituera un moyen supplémentaire pour les valoriser.
JM FAGET - P. RASSAT
(*) Alain Bauda est également Conseiller Général de Castelnaudary-Nord, vice-Président du SICTOM de l'ouest audois et Président du SYDOM.
Couleur Lauragais N°7 - Novembre 1998