Interview
«UN
PAYS POUR LE LAURAGAIS»
entretien
avec Pierre IZARD, Président du Conseil Général de Haute-Garonne,
Maire de VILLEFRANCHE DE LAURAGAIS
Comme le souligne
Pierre IZARD, «le Pays Lauragais est né d'une triple idée» :
- renforcer l'aménagement du territoire,
- travailler au développement local,
- élargir les coopérations interdépartementales et inter-régionales.
Une naissance, ou plutôt une renaissance, initiée par les socio-professionnels. La loi Pasqua qui a créé la notion de Pays, a constitué un point de départ à l'idée de construire une telle entité dans le Lauragais. De plus, cette loi a été renforcée tout dernièrement par la loi Voynet qui encourage ce type de coopération intercommunale ; l'occasion de faire émerger une zone interdépartementale capable de promouvoir des projets économiques et culturels communs. «Le dernier ingrédient nécessaire», souligne le maire de Villefranche de Lauragais, «était une identité commune forte». Une identité bien présente en Lauragais, construite autour de son histoire cathare, de son patrimoine ou encore de l'image du pastel ; autant d'éléments fédérateurs qui ont contribué à développer ce nouvel espace.
Le Pays Lauragais
étant constitué, il s'agit maintenant d'encourager des projets
économiques et culturels concrets :
- améliorer les liaisons routières et ferroviaires interdéparte-
mentales,
- développer des actions de promotion économique communes par
le biais de foires agricoles, de journées économiques
Un projet tient particulièrement à coeur au maire de Villefranche
: assurer la continuité de la piste cyclable du Canal du Midi. Cette
piste a déjà été aménagée sur une
longueur d'une cinquantaine de kilomètres entre Toulouse et Avignonet.
Il convient maintenant de s'interroger sur sa prolongation à la fois
vers le bassin de Castelnaudary et vers celui de Saint Férréol.
«Politiques et socio-professionnels» conclut Pierre Izard, «doivent aujourd'hui travailler ensemble pour mettre en place un Pays lauragais qui puisse correspondre aux attentes de chacun».
«UN
NOUVEL ESPACE DÉMOCRATIQUE CONSTRUIT PAR LES HABITANTS DU LAURAGAIS»
entretien avec Georges MÉRIC, Conseiller Général, Maire
de NAILLOUX, Président du Pays Lauragais
«La philosophie du concept de Pays», affirme Georges Méric,
«est de proposer un nouvel espace démocratique, capable de
faciliter
la rencontre entre politiques, associatifs, socio-professionnels et administratifs.
C'est sur ces bases que se construira le Pays Lauragais».
La création de ce nouveau Pays s'est d'abord organisée autour
d'une véritable identité locale qui réunit les habitants
de la zone. Cette identité s'appuie sur l'histoire du Lauragais, basée
sur la tolérance et la vie en bonne intelligence dans une terre au
passé prestigieux (l'appartenance par le sol plutôt que par le
sang).
Le Pays Lauragais
s'étend actuellement sur deux départements. Il comprend 6 cantons
de Haute-Garonne (Caraman, Lanta, Montgiscard, Nailloux, Revel et Villefranche
de Lauragais), et 5 cantons de l'Aude (Belpech, Castelnaudary Nord, Castelnaudary
Sud, Fanjeaux et Salles sur l'Hers). Il constitue un bassin de vie comprenant
168 communes et plus de 83 000 habitants. Des projets d'élargissement
avec certaines communes du Tarn et le SICOVAL sont à l'étude.
La structure juridique du Pays Lauragais est une association.
Son siège est fixé symboliquement à Naurouze. Les responsables
sont choisis alternativement parmi les élus de l'Aude et de la Haute-Garonne.
«L'objectif
général» explique Georges Méric, «sera
de mettre en place un développement qui tienne compte des spécificités
des trois types de communes qui composent le Lauragais»:
- Le Lauragais péri-urbain incluant la proche couronne toulousaine
(Sicoval, canton de Montgiscard, ),
- Le Lauragais intermédiaire ou «rurbain» constitué
des cantons de Lanta, Caraman, Nailloux et Villefranche,
- Le Lauragais rural organisé autour des bourgs comme Revel, Castelnaudary
et Bram.
Ce développement
passera par plusieurs étapes :
- La création de l'association sera prochainement validée et
un règlement intérieur mis en place permettant la création
d'un conseil technique associant socio-professionnels, associatifs et administratifs
;
- Les sept présidents de commissions rendront ensuite leurs premières
conclusions engageant des projets clés ;
- Il s'agira enfin de monter un dossier pour obtenir des financements d'état,
voire européens.
Trois handicaps devront cependant être surmontés :
- Le handicap
administratif : le Pays Lauragais est à cheval sur deux départements
et sur deux régions ce qui risque de compliquer les prises de décision,
- Le handicap financier : le budget est pour l'instant uniquement constitué
des sommes versées par les communes adhérentes sur la base d'un
franc par habitant (soit un budget à peu près équivalent
à 86 000 francs),
- L'absence de repère légal : la notion de Pays n'est pas encore
totalement définie par le législateur ; des lois devraient cependant
en préciser assez rapidement le concept.
«La force actuelle du Pays Lauragais», souligne enfin Georges MERIC, «tient aujourd'hui dans l'engagement de chacun de ses membres politiques mais aussi par la présence de socio-professionnels.» Cet engagement est largement soutenu par les Conseils Généraux des deux départements impliqués (Aude et Haute-Garonne). Ceux-ci ont en effet mis à disposition des techniciens qui sont chargés, avec l'IUT de Carcassonne, de lancer les premières études et d'engager des réflexions.
«UNE
AMBITION COLLECTIVE SERVIE PAR UNE IDENTITE COMMUNE»
Entretien avec Alain CHATILLON, Conseiller Régional,
Maire de REVEL
Président du District Lauragais, Revel, Montagne Noire,
Président de la Commission "Économie - Emploi" du
Pays Lauragais.
«Le
projet de Pays Lauragais est parti d'un constat que nous avions fait avec
Bernard EMBRY, ancien maire de Castelnaudary, et Laurent SPANGHERO, Président
de Lauragais Terre d'Action» souligne Alain CHATILLON. «En
effet,
les frontières départementales ne correspondent plus à
la réalité économique actuelle. Le pays, notion proche
de celle de bassin de vie, et porteur d'une identité commune à
tous ses habitants, représente un bon facteur de promotion et de développement.
De manière générale, le Pays Lauragais permettra ainsi
de rééquilibrer l'agglomération toulousaine vers le
Sud-Est
et favorisera un meilleur aménagement de l'espace rural. Au lieu de
se substituer à l'existant (collectivités, municipalités,
district, SIVOM...), le Pays Lauragais devra plutôt s'attacher à
simplifier la vie des élus en s'attaquant aux grands projets d'infrastructures
collectives interdépartementaux».
Le
Président
de la Commission «Economie-Emploi» propose deux axes de réflexion
qui constitueraient les bases d'un futur projet en relation étroite
avec les acteurs économiques, et notamment Lauragais Terre d'Action
:
1) Réaliser un inventaire des activités locales :
- en premier lieu l'agriculture, qui a toujours été l'un des
fleurons de notre économie. Le Pastel avait contribué autrefois
à construire la fortune du Lauragais. Demain, de nouveaux débouchés
(dont l'utilisation non alimentaire des produits agricoles) permettront aux
agriculteurs de répondre aux besoins des industries locales. Ainsi,
le tout jeune Pays profiterait d'une partie de la valeur ajoutée sur
les produits de l'agriculture (agroalimentaire et agro-industrie) ;
- Le pôle santé qui privilégie de plus en plus une production
allant dans le sens de la prévention des maladies (phytothérapie,
aliments hypoallergisants...). Une réflexion doit être menée
avec le monde agricole, réflexion dont pourraient découler
des
actions innovantes ;
- La filière bois, et ses industries connexes. Ce sont près
de 22 000 salariés répartis dans treize activités différentes
en Midi-Pyrénées ;
- L'artisanat, largement présent sur l'ensemble du territoire, dont
la promotion doit encore être plus largement assurée ;
- Le commerce, notamment de proximité. On sait combien son maintien
et, au-delà, sa réactivité influent sur la vie et la
convivialité dans nos campagnes.
Pour
l'ensemble
des secteurs économiques, y compris les activités de prestataires
de services du Pays Lauragais, il conviendra de faciliter, dans un premier
temps, les relations ainsi qu'une meilleure connaissance du «tissu».
Cette première phase devrait être bouclée rapidement car
ce sujet a déjà fait l'objet de nombreuses études. Elle
permettra de capitaliser les points forts du Lauragais et de renforcer son
image.
2) Soutenir
l'économie :
- Par la réalisation d'infrastructures indispensables au maintien et
au développement des activités existantes ;
- En favorisant le regroupement d'entreprises en pôles qui fonctionneraient
comme des ballons d'oxygène pour l'ensemble du bassin de vie Lauragais
;
- En attirant des entreprises et micro-entreprise innovantes, mais aussi en
facilitant ainsi la création de nouvelles entreprises. Pour cela, il
serait possible de s'appuyer sur la proximité des centres de recherche
toulousains ( tels l'agrobiopole d'Auzeville, les entreprises installées
sur le territoire du SICOVAL, l'Université Paul Sabatier...) ;
- En favorisant un rapprochement de plus en plus pertinent avec notre plus
proche voisin européen : l'Espagne.
«Faire naître le Pays Lauragais» conclut Alain CHATILLON «est un projet susceptible de nous donner confiance dans l'avenir de notre région. Hors des clivages politiques, il est capable de renforcer la crédibilité du Lauragais et de faciliter le développement d'une ambition collective porteuse d'emplois, d'espoir et de réussite pour ses habitants».
«FAVORISER
LES COMMUNICATIONS POUR FAIRE DU LAURAGAIS UN NOUVEAU CARREFOUR»
entretien avec Patrick MAUGARD,
Maire de CASTELNAUDARY
Président de la Commission "Communication du Pays Lauragais"
Selon
Patrick MAUGARD, le Pays tel qu'il est actuellement défini par la
loi,
est un périmètre pertinent pour organiser des projets qui,
sans
cela, ne pourraient être pris en charge ni par les départements,
ni par les régions. «La structuration en Pays» explique
Patrick MAUGARD «permet d'impliquer plus directement les acteurs associatifs
et les socio-professionnels. La présence de communes appartenant à
Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, permettra de créer
un lieu d'échange entre ces deux régions administratives et
de dynamiser ainsi les projets communs».
La solution de facilité, aurait pourtant été de créer un regroupement de communes, par exemple entre localités du même canton. Mais selon Patrick Maugard, le Pays, s'il est plus compliqué à mettre en oeuvre, reste aussi beaucoup plus prometteur et plus souple pour initier et développer de nouveaux projets notamment dans les secteurs économique et touristique.
La
chance du
Lauragais tient d'abord dans une identification très forte de ses
habitants.
Un sentiment d'appartenance qui vient de la Révolution (le Lauragais
constituait à cette époque une véritable micro-région,
un «grenier à blé») et de l'époque du Pastel
qui a construit un temps la fortune de la région.
Aujourd'hui encore, la ruralité reste l'une des valeurs fortes du Lauragais,
rajoute le Maire de Castelnaudary. Cette ruralité ne doit pas se diluer
dans cette nouvelle entité que représente le Pays mais au contraire
s'en trouver renforcée.
La commission «Communication» est encore en train de se structurer
mais des pistes d'action sont déjà évoquées.
La
première d'entre elles concerne d'abord l'utilisation des nouvelles
technologies de l'information et de la communication pour développer
le Lauragais.Dans ce cadre, le Pays représente d'abord l'occasion
d'initier
une réflexion générale sur l'utilisation des téléservices
pour dynamiser l'initiative économique en zone rurale.
Le second projet devrait consister dans la mise en place d'un site Internet
sur le Lauragais. Ce site aura pour vocation de devenir, sur le moyen terme,
une vitrine du Lauragais touristique et économique en s'appuyant sur
des thématiques fortes telles que le Canal du Midi, le Catharisme ou
la gastronomie locale (avec notamment le cassoulet).
D'autres projets devraient voir le jour sur les voies de communication avec l'objectif de faire du Lauragais un véritable carrefour de communication entre Pyrénées et Massif central, Atlantique et méditérranée.
«La commission est actuellement en train de se structurer», conclut Patrick Maugard, «mais les premières propositions d'actions concrètes devraient voir le jour d'ici la fin de l'année».
« VALORISER
LE TOURISME VERT ET LES PÔLES TOURISTIQUES MAJEURS DU LAURAGAIS »
Entretien avec Francis CASSIGNOL, Maire de FANJEAUX,
Président de la Commission "Tourisme et Culture du Pays Lauragais"
«La
naissance du Pays Lauragais est un formidable acte de foi de la part
des politiques» déclare d’emblée Francis CASSIGNOL. «Avec
cette nouvelle structuration, nous rentrons de plain-pied dans une
logique de projet». Et comme le souligne le Maire de Fanjeaux, au-delà des élus
qui seront prochainement invités à se positionner au
sein des commissions de travail, le Pays Lauragais doit aussi et surtout
impliquer
très largement les socio-professionnels. La commission «Tourisme
et culture» invitera ainsi les présidents de syndicats
d’initiative, les responsables d’associations culturelles
et de sociétés savantes, … à participer à la
réflexion commune et à faire part de leurs propositions.
Une fois que les membres de cette commission se seront portés candidats,
la première des tâches consistera bien sûr à recenser
le patrimoine culturel et touristique local. «Le potentiel est énorme» note
Francis CASSIGNOL, «les thématiques fortes du Lauragais doivent
bien sûr constituer la colonne vertébrale de notre politique
d’image».
Pastel, catharisme, canal du Midi constituent évidemment les trois
points principaux de cette thématique. Mais d’autres thèmes
devraient également être mieux valorisés comme par exemple
les rigoles de Riquet, chef d’œuvre d’ingéniosité,
destinées à alimenter le Canal en eau. La gastronomie locale
est également susceptible de constituer un élément très
porteur au plan touristique.
«L’atout de cette nouvelle notion de pays», souligne aussi
Francis CASSIGNOL, «est de ne plus prendre en compte les limites administratives
départementales». Cet atout devrait permettre de faciliter
le travail entre départements limitrophes en créant par exemple
des parcours touristiques sur le Pays Lauragais tout entier, plus proches
de l’identité locale et impliquant indifférement les
syndicats d’initiative de la Haute-Garonne ou de l’Aude.
Le Lauragais est une terre de passage, sillonnée par des axes de communication
majeurs. Un autre objectif sera donc de valoriser les pôles touristiques
capables d’arrêter le visiteur et de l’encourager à prolonger
son séjour dans notre région. Le Lauragais constitue aussi
un lieu de brassage important. Une terre européenne au vrai sens du
terme puisque anglais, belges, hollandais viennent massivement s’y
installer. Une communication efficace à l’international, notamment
au travers des nouveaux outils de communication comme Internet, doit pouvoir
renforcer encore cet attrait pour les touristes étrangers.
Francis CASSIGNOL croit enfin beaucoup à un tourisme convivial et
de proximité. La valorisation du tourisme vert et des sentiers de
randonnée constituent, en ce sens, autant d’atouts pour toucher
une clientèle locale habitant Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon
ou les régions limitrophes.
Les axes de développement, on le voit, ne manquent pas. Ce nouveau
projet permet désormais d’envisager avec sérénité le
futur du tout jeune pays et sa capacité à attirer et séduire
des touristes de plus en plus nombreux.
- INTERVIEWS : Pascal Rassat - JM Faget -