Histoire
Déodat de Séverac (crédit photo : collection G.Marty) |
La
famille des SÉVERAC est l'une des plus anciennes de France ;
elle
descendrait
d'un lieutenant de César nommé Séverus et partagerait
cette origine avec celle des rois d'Aragon. Fixée en Languedoc depuis
le IXème siècle et plus précisément dans la région
de Revel à partir de la fin du XVème siècle, elle donnera
plusieurs officiers aux armées de France.
Le père de Déodat, Gilbert de SÉVERAC avait épousé en 1863 Aglaé de la FLEURAUSSIE et ils s'étaient installés à Saint Félix de Lauragais ; c'est là que naît, le 20 juillet 1872, Déodat, unique garçon d'une famille de cinq enfants.
Son enfance heureuse se déroule entre la chaude ambiance familiale où les arts plastiques côtoient la musique et la vie au grand air rythmée par les travaux des champs. Son père et son oncle s'adonnent à la peinture et, par atavisme, le jeune Déodat deviendra à son tour un bon aquarelliste.
Outre ses talents de peintre, son père Gilbert joue de l'harmonium, de la flûte et du piano, et, voyant la fascination qu'exerce la musique sur son jeune fils, il lui apprend très tôt les premiers rudiments de cet art. C'est ensuite Louis AMIEL, organiste à la Collégiale de Saint Félix qui l'initie à l'orgue et lui donne les bases de solfège ; Déodat lui dédiera un choeur à trois voix d'hommes "St Félix", sur un poème en langue d'oc de Vincent BELLOC.
De 1886 à
1890, il effectue ses études classiques au Collège de Sorèze
où il joue de plusieurs instruments et compose de petites pièces
de circonstance pour la chapelle et pour les fêtes. Il obtient le baccalauréat
avec mention bien.
En 1890, Déodat est inscrit en Faculté de droit à Toulouse
; au début, il suit les cours avec assiduité tout en prenant
le soir des cours de piano et d'harmonie. Mais le droit ne l'intéresse
pas et à partir de 1893, il se consacre entièrement aux études
musicales. Il rentre au conservatoire de Toulouse dont il ne sortira en 1896
qu'avec un modeste accessit d'harmonie.
En octobre 1896, il a la chance de rencontrer Charles BORDES qui recrute des élèves pour la toute nouvelle "Schola Cantorum" ; ce dernier déclare après avoir entendu Déodat : "Je viens de lever un sujet exceptionnel petit noble de village, artiste, poète, un pâtre". Sur ses conseils, il monte à Paris et rentre à la Schola Cantorum dont il sera l'un des premiers élèves.
Ainsi, durant dix années, il suivra les cours des grands maîtres tels que Vincent d'INDY, Charles BORDES, Alexandre GUILMANT, Albéric MAGNARD, Isaac ALBENIZ. Il se met à composer et ses oeuvres commencent à être jouées, notamment à la Société Nationale.
En 1901, il fait la connaissance du grand pianiste Ricardo VINES, avec lequel il se lie d'amitié. Ce dernier l'introduit dans le cercle des amis de Maurice RAVEL. Quelque temps plus tard, il rencontre Claude DEBUSSY dont il suit toutes les représentations de son "Pélléas et Mélisande". "Le chant de la terre" de Déodat est donné à Bruxelles en 1902. C'est là qu'il rencontre la pianiste Blanche SELVA qui écrira en 1930 un livre sur lui.
En 1903, un concert entier des oeuvres de Déodat est donné à la Schola Cantorum. Dès lors, les compositions vont se succéder à un rythme régulier ; citons "Coin de cimetière au printemps", "A cheval dans la prairie" dédiées à Ricardo VINES et que ce dernier jouera dans le monde entier.
En 1905, avec Charles BORDES, il fonde la Schola Cantorum de Montpellier où il donne quelques cours. C'est en 1907 qu'il fait son premier voyage en Catalogne où il fait la connaissance du monde artistique de Barcelone. En tant que membre du comité de création du théâtre de la cité de Carcassonne, il compose une cantate "La Cité".
A partir de 1910, il s'installe à Céret. Le sud de la France et la Catalogne sont ses principales destinations : d'Aix en Provence où il rencontre Frédéric MISTRAL, à Lérida où il est invité par Ricardo VINES, de Béziers où naît sa fille unique Magali et où son uvre lyrique "Héliogabale" remporte un triomphe devant plus de 15 000 spectateurs dans les arènes, au théâtre du Capitole de Toulouse où se joue une de ses meilleures pièces lyriques "Le coeur du moulin", Déodat recueille succès sur succès.
Au début de 1921, Déodat fait part à son amie Blanche SELVA d'un projet d'une "École Méditerranéenne de musique" dont le siège serait Barcelone et dont les filiales se situeraient le long de la mer, de Valence à Marseille Mais la maladie et la mort l'empêcheront de mener ce projet à terme. Il rend son dernier soupir à Céret le jeudi saint 24 Mars.
Il laisse le souvenir d'un homme bon, profondément attaché à sa terre méridionale qu'il s'est efforcé de louer dans toute son oeuvre.
Gérard MARTY.
Villeneuve la Comptal
Sources
:
"Déodat de Séverac"- Blanche SELVA - Delagrave, 1930.
"Déodat de Séverac, Musicien du midi" - J.B. Cahours
d'Aspry - Festival Déodat de Séverac.
Couleur Lauragais N°4 - Juillet-Août 1998