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Du côté de Bram "
Un
village
tout rond appelé circulade, et une histoire longue de 2 000
ans,
voilà Bram, village à l'extrême limite du Lauragais
oriental, à 18 km à l'est de Castelnaudary.
Au-delà
de ce territoire, commence le Carcassès, domaine de la vigne.
Mais Bram est encore caractérisé par ses vastes champs
de blé dur et par cette terre où fleurissent les tournesols.
La plaine presque parfaite est drainée au nord par le Fresquel
et le Tenten, au sud par un tout petit ruisseau, la Preuille. Certains
géomorphologues y voient une dépression éolienne
creusée par des vents froids et désertiques à l'époque
quaternaire.
Une imprégnation gallo-romaine :
L'histoire
de Bram remonte aux Romains qui occupent la région vers 118
avant
Jésus-Christ. Ils construisent la voie d'Aquitaine de Narbonne
à Toulouse sur laquelle apparaissent de grosses agglomérations
comme Badera (Baziège), Elusiodunum (Montferrand),
Sostomagus (Castelnaudary), Eburomagus (Bram). C'est un centre urbain
qui apparaît dans l'histoire en 70 après J.C., par la
bouche
du plus éloquent des orateurs romains, Cicéron, qui plaide
pour défendre le gouverneur Fontéius, accusé d'un
trafic dans le commerce des vins italiens. Bram est un vicus, un marché
où arrivent les vins d'Italie, où s'échangent
les
grains du Lauragais, le bois et le fer de la Montagne Noire. C'est
un
village de potiers (découverte récente de nombreux restes
de fours). Les vestiges de cette époque sont nombreux : monnaies,
fours, restes de la voie romaine, des plaques avec des dédicaces
dont l'une d'un théâtre.
La terreur
de Simon de Montfort :
Bram subit tragiquement la Croisade contre les Albigeois (1209 - 1229).
En mars 1210, Simon de Monfort et ses croisés mettent le siège
devant le village qui ne résiste que trois jours. Parmi les prisonniers,
Simon en choisit une centaine auxquels il fait crever les yeux et couper
le nez. Un seul est épargné, c'est lui qui guidera ses
compagnons jusqu'aux châteaux de Lastours où les seigneurs
de Cabaret résistent toujours.
Quelques
monuments :
L'église dédiée à Saint Julien et Saint
Basilisse est du 14ème siècle, de style gothique languedocien,
avec une nef unique, un clocher massif, trapu, sur plan carré,
une abside pentagonale. Dans une chapelle, on peut trouver une dalle
funéraire en marqueterie de marbres polychromes, c'est celle
de Paul-Jacques de Lordat. Au nord du village, un imposant château
du 17ème siècle a d'ailleurs été élevé
par la famille de Lordat.
Louis XIII de passage à Bram a tellement apprécié
l'accueil des habitants, que pour les remercier il leur a accordé
le privilège d'avoir un marché chaque mercredi, et une
foire quatre fois par an. Rue Louis XIII, près de l'église,
vous pouvez voir une inscription signalant la maison où le roi
a dormi.
Le port
sur le canal :
Bram
a été un port très actif sur le canal du Midi, un
des principaux du Lauragais. Ici, on venait embarquer les fourrages,
le blé et l'avoine récoltés dans la région
proche mais aussi dans l'Ariège, et venant du nord le bois de
la Montagne noire. Au bord de l'eau, une charmante bâtisse servait
à l'origine de station de pompage. Elle alimentait un réservoir
situé dans la gare qui servait à faire le plein des locomotives
à vapeur. Elle appartient maintenant au Canal du Midi, et sera
peut être dans l'avenir valorisée à des fins touristiques.
Depuis ce printemps le port a de nouveau des occupants, les bateaux
Nicols de la société Castel Nautique qui apportent un
attrait touristique nouveau à la ville.
A l'ouest de la route reliant le port au village, ne manquez surtout
pas un remarquable pigeonnier qui mérite de faire une halte.
Aujourd'hui, Bram a conservé une intense activité commerciale
avec une grosse coopérative agricole et les marchés du
mercredi toujours très animés. En quittant le village
vers le sud, après Villesiscle, nous arrivons à Prouille,
le monastère-berceau des Dominicaines fondé par Saint
Dominique en 1206.
Une autre balade s'offre à nous vers Fanjeaux. Nous y porterons
nos pas dans un prochain numéro.
Jean
ODOL
Avec
la participation de Suzanne VILLEBRUN et Jean-Claude AVEROUX de Bram.
Bibliographie : «Bram sous la révolution et l'Empire»,
M. JAQUEMAY (1986)
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Lauragais N°3 - Juin 1998
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