Balade " L'abbaye de Saint Papoul " Les
abbayes en Lauragais sont peu nombreuses : à l'est, Villelongue
; au Nord, Sainte-Marie de Sorèze ; au Sud, Saint-Pierre de Venerque
et surtout Boubonne près de Cintegabelle. Couleur Lauragais vous
présente aujourd'hui une autre de ces abbayes, celle de Saint
Papoul. A 8 kms au Nord de Castelnaudary, dans une région boisée, au contact des collines et de la Montagne Noire, se dresse l'abbaye de Saint Papoul, abbaye très ancienne dont la fondation remonte au 8ème siècle. Son église est l'ancienne cathédrale de l'évêché du Lauragais, créé en 1317 par le pape d'Avignon Jean XXII.
Au Moyen Age, pendant la croisade (1209-1229), ce monastère ne joue qu'un rôle très modeste. Il prend par contre une certaine importance sous Charlemagne et Louis le Pieux et accueillera dans son cloître, la dépouille mortelle d'un grand seigneur cathare, Jourdain de Roquefort (vers 1233). 1317 est une date importante puisque Saint Papoul devient le siège de l'évêché du Lauragais. L'église devient cathédrale, au centre d'un territoire qui comprenait 44 paroisses et 8 annexes et disparaîtra en 1790. L'abbaye est, à cette époque, à son apogée et le premier évêque fait construire la salle capitulaire (actuelle sacristie) et le choeur de l'église. Un palais est également édifié à la même époque.
De style roman, l'architecture de l'église de Saint Papoul a été remaniée au cours des siècles, avec notamment un cloître construit au 14ème siècle, qui est resté le joyau de l'ensemble. Les quatre galeries forment un polygone irrégulier avec des arcades plein-cintre retombant sur des colonnettes jumelées par des couples de chapiteaux. Les chapiteaux les plus nombreux sont ornés de motifs à feuillage avec aussi de nombreux animaux monstrueux du « gothique fantastique ». La petite salle des fonds baptismaux possède de très belles têtes de facture romane. Mais Saint Papoul est également réputée pour les sculptures du « Maître de Cabestany ». Ce dernier est l'un des plus grands maîtres des années 1180-1200. Il a travaillé en Italie, en Espagne, à Cabestany et au Boulou. Ses chapiteaux sont très originaux avec des personnages trapus, des yeux ovales, globuleux, ponctués de deux coups de trépan aux coins des paupières qui animent les regards. Le nez est tranchant, le menton peu prononcé, les oreilles larges et décollées, les doigts des mains démesurément allongés; les animaux présentent des caractères similaires, parfois des êtres hybrides, des hommes au masque léonin. On trouve ces traits originaux sur le sarcophage de Saint Saturnin dans l'abbaye de Saint Hilaire (15 km au sud de Carcassonne) ou encore dans l'église de Rieux-Minervois. A Saint Papoul, les oeuvres du Maître sont à l'extérieur de l'abside et de l'absidiole Nord, avec «Daniel dans la fosse aux lions» et «le châtiment des Babyloniens». A voir également au dessus de la porte primitive, un très beau chrisme (monogramme du Christ), composé des lettres grecques X(khi) et P(rho), entrelacées, premières lettres du mot Christos. Au 16ème siècle, l'abbaye a été pillée par les huguenots et Saint Papoul connaît alors une longue période de décadence. Après la Révolution et durant tout le 19ème siècle, les bâtiments sont abandonnés ou dispersés et le cloître saccagé. Saint Papoul restaurée présente pourtant encore bien des éléments architecturaux intéressants ; les toits, si originaux, l'absidiole romane Nord, des chapiteaux archaïques à l'intérieur, autant d'éléments qui en font sans conteste, le plus bel ensemble architectural religieux du Lauragais.
Bibliographie
: «L'abbaye de Saint Papoul» par Jean Odol et Guy Jungblut
- 1995 . Couleur Lauragais N°2 - Mai 1998 |