HISTOIRE D'ANTAN
L'éclairage d'autrefois (lé lum) en Lauragais
Dans le "terradou", les appareils d'éclairage étaient rudimentaires par manque de fonds et de technique. Odette Bedos nous raconte les moyens qu'employaient nos ancêtres en lauragais pour s'éclairer.
Eclairage
traditionnel Les ruraux s'éclairaient à la chandelle de résine (candélou de rousino). Cette "résinette" en gomme de pin, de fabrication artisanale, répandait une clarté fumeuse et exhalait une senteur âcre de térébenthine brûlée. Par dérision et à cause du crépitement provoqué par la combustion de la mèche (méco) enserrée dans la résine, ce mode d'éclairage était appelé "Pétarel" et plus courtoisement "Madou-maïsélo Peto Candelo". Certains se servaient du chandelier (candélié) de fer ou de laiton avec poussoir. On le posait sur le rebord de la cheminée pour éclairer le "cantou" (coin de feu), lors des veillées hivernales. Le bougeoir ou chandelier bas avait sa place dans la chambre, sur la table de nuit (1830). |
Devinette
"Court de crambo en crambo et n'a pos qu'uno cambo." Réponse
: le chandelier.
Evolution
des techniques
Le Lauragais produisait du lin et du chanvre (li et carbé), plante
textiles (linge de maison, vêtements, cordages) et oléagineuses
(médicaments et lubrifiants).
L'huile de chanvre obtenue par le presseur d'huile dans son moulin était
utilisée pour l'éclairage.
La lampe à huile ou lampe romaine :
Une mèche de filasse (1) incandescente baignant dans l'huile de chanvre
répandait la clarté. Son principe de fonctionnement est défini
par cette devinette : "Qui es ? Beu soun sang et manjo sus tripos".
Réponse : la lampe.
En effet, cette lampe métallique comprenait un réservoir en
forme de coeur allongé ferrmé par un couvercle à charnière
(le tampadou). La mèche émergeait à l'extrémité
du bec. On l'allumait avec un luquet (2). Cette lampe à queue appelée
"couéto del lum" se pendait au mur par un crochet (le gafet).
Autre lampe à huile : le caleil (lé calel) : cet appareil plus élaboré était en fer ou en laiton. Une bande de métal (parfois ouvragée) supportait deux récipients superposés. Le godet supérieur pentagonal et amovible portait cinq bec à mèche imbibée d'huile. Le godet inférieur (coupelho ou crasset) récupérait l'excédent de la combustion. On allumait les mèches (atiza las mecos) avec la branchette d'un tison et on suspendait la lampe par sa tige en harpon.
Ces lampes étaient
peu fiables. Le poête toulousain Goudouli (1580 - 1649) les jugeait
ainsi : "Taleu alucat, taleu fum et dins noun ré, ni fum, ni lum",
(Aussitôt allumées, aussitôt de la fumée et dans
un rien de temps, ni fumée, ni éclairage).
La
lampe à pétrole : elle remplaça ces luminaires
archaïques (1870). C'était un appareil portatif destiné
à produire de la lumière à partir d'un combustible
liquide. Elégante sur son pied de laiton, ouvragé, de
marbre ou de porcelaine décorée, cette lampe avait sa
place dans chaque foyer. Son réservoir en verre teinté
contenait le pétrôle lampant qui imbibait une mèche
plate en coton. On réglait sa puissance grâce à
une molette afin d'éviter que "ça fume". Un
manchon de verre protégeait la source lumineuse. |
La vie quotidienne
Au XIXème siècle, la famille se réunissait sous la lampe
lors du repas du soir. Les enfants faisaient leurs devoirs sous la lampe.
On veillait et on brodait sous la lampe.
Les ménagères se procuraient le pétrole à l'épicerie
du village. Dès l'entrée dans la boutique, le précieux
liquide se révélait à nos narines, et parfois, le Cantal
avait goût à pétrole.
De nos jours, la "Fée Electricité" nous a fait oublier ces appareils désuets que les amateurs peuvent encore trouver dans les brocantes.
Recherche et texte :
Odette BEDOS
(1)
- La filasse : filaments tirés de l'écorce du chanvre après
le teillage, genre d'étoupe
(2) - Le luquet : ancienne allumette en tige de chanvre de confection artisanale
(1806)
Couleur Lauragais N°48 - décembre 2002